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Tuesday, October 12, 2010

Spectacle du ballet de l'ONCI et de la compagnie Americaine Battery dance à la salle El Mougar



Cette perpétuelle quête de l’absolu…

Les danseurs algériens et américains ont prouvé dimanche soir, sur la scène de la salle El Mouggar, à Alger, que le langage
de la chorégraphie neutralise la muraille des mots.

C’est une compagnie qui vient tout droit de Broadway. Elle porte toutes les couleurs de l’art actuel de ce célèbre quartier de New York. Menés par Jonathan Hollander, auteur de 75 chorégraphies depuis le lancement de la compagnie en 1976, les danseurs Oliver Tobin, Bafana Solomon Matea, Sean Scantlebury, Carmen Nicole, Robin Cantrell et Mira Cook ont animé un spectacle de plus d’une heure devant une salle comble. Des tableaux qui alternaient avec ceux du ballet des arts populaires de l’Office national de la culture et de l’information (ONCI). La différence de niveau était évidente. Souples et techniquement parfaits, les danseurs américains dépassaient leurs homologues algériens qui, eux, manquaient de maîtrise, voire d’exercice. Cela apparaissait lors du premier tableau exécuté par les danseurs algériens.

Les mouvements et les ondulations n’étaient pas au top niveau. Visiblement, Il y a encore un travail à mener sur la morphologie physique des artistes et sur la révision globale de la base classique. Les master classes effectués avec la Battery Dance ne pouvaient pas suffire à surmonter les imperfections. Au-delà de cela, les chorégraphies se rejoignaient toutes dans une quête presque obsessionnelle de l’absolu. Le regard vers le haut, vers cette source de lumière unique descendant comme un ruisseau, soulignait aussi une volonté de rompre avec la loi de l’obscurité et à célébrer l’éclat de la vie.

Les lumières imaginées par Barry Steele sont perçues comme un élément essentiel et interactif des mouvements scéniques. En blanc, en noir, en jaune ou en bleu, les habits des danseurs évoluaient au rythme méticuleusement recherché de la musique. Cela va de la tribal dance à la musique savante en passant par l’art lyrique africain et le hip-hop. Dans Notebook, les danseurs new-yorkais se sont inspirés de la calligraphie arabe pour mettre en valeur la sensualité du geste et la poésie du mouvement. Sur une musique de Eero Hameenniemi, ils ont exécuté, dans Layapriya, une danse longue, évolutive et douce à la fois. Le tout puisé dans la tradition sanskrite. Layapriya signifie en cette langue des philosophes indiens, «celui qui aime le rythme».

Cette chorégraphie a emporté un grand succès aux Etats-Unis, en Inde et en Pologne. Jonathan Hollander a su injecter dans cette performance toute la magie de l’art contemporain, osant même chasser sur les terres de l’abstrait.
Dans Africa, The Battery Dance a voulu marquer un «back to roots» (retour aux racines) montré avec une danse légère et agréable, sorte de soupe à la crème offerte en début de repas. La comédie est un sucré-salé qui décore parfois les plats offerts par The Battery Dance, une compagnie qui, depuis sa création, n’a jamais cessé de faire dans la recherche et dans la découverte.

Les danseurs de l’ONCI ont, de leur côté, tenté de mettre en valeur des facettes encore inexplorées de la chorégraphie algérienne. Il y avait de l’audace. Cela a pu sauver des performances tout juste moyennes.
«Nous n’avions pas assez de temps. Nous avons répété pendant cinq jours. Cela dit, nous avons appris beaucoup de choses.» Les Américains ont appris aussi des pas de danse traditionnelle algérienne. «Nous avons cherché à améliorer notre niveau. Les Américains ont conçu les chorégraphies et nous avons exécuté les mouvements», nous a expliqué, à la fin du spectacle, le jeune danseur Réda Dahmani. «Les Américains ont trouvé que nous étions bons. Il y a eu beaucoup d’émotions. Nous avions donné beaucoup de nous-mêmes», a-t-il ajouté.

Jonathan Hollander a apprécié le travail fait avec les Algériens. «C’était fantastique», nous a-t-il dit. «Les danseurs algériens ont beaucoup d’énergie, débordent de passion et de créativité», a-t-il souligné.
Selon le directeur artistique du ballet de l’ONCI, c’est la troisième fois que les danseurs algériens travaillent avec la compagnie américaine.The Battery Dance a donné, depuis le 8 octobre, des spectacles à Annaba et El Eulma. «J’espère que la coopération entre les compagnies américaine et algérienne s’intensifieront.

La coopération culturelle est la meilleure forme de coopération qu’on puisse avoir», a estimé, pour sa part, David Pierce, ambassadeur des Etats-Unis à Alger.Après l’Algérie, The Battery Dance ira en Tanzanie, en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), au Kenya et en Namibie dans le cadre du Cultural Diplomacy Tour of Africa. The Battery Dance a animé déjà des spectacles dans les cinq continents.Selon Lawrence Randolph, attaché culturel de la représentation diplomatique américaine, des contacts sont menés actuellement pour s’assurer d’une présence américaine au prochain Salon international du livre d’Alger (Sila).




Fayçal Métaoui

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