Figaro Science
Les ministres des Vingt-Sept veulent faire de l'Europe «un acteur globalde la politique spatiale».
C'est sans doute l'un des premiers grands acquis de la présidence française de l'Union européenne. Lors de la réunion informelle qui s'est tenue en début de semaine à Kourou (Guyane française), à l'initiative de la ministre française de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, les 27 ministres européens en charge de l'espace, présents ou représentés (plus la Suisse et la Norvège), ont «souhaité que l'Union européenne devienne un acteur global de la politique spatiale» et qu'elle se dote pour cela «d'une ligne budgétaire spécifique».
Certes, cette toute nouvelle «politique spatiale commune», inscrite dans le traité de Lisbonne, ne prendra sa pleine mesure qu'en 2013, date de la mise en œuvre du prochain budget pluriannuel de l'Union. Mais le pas franchi mardi à Kourou semble irréversible. «L'espace est un puissant catalyseur en faveur de l'intégration européenne», s'est félicité le vice-président de la Commission européenne, Günter Verheugen, qui a plaidé pour une «augmentation de l'enveloppe» attribuée à ce secteur et pour une «clarification» de son financement. «Ce qui s'est passé pour Galileo ne doit plus se reproduire», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse finale, en référence aux déboires financiers du système de navigation européen par satellites, futur concurrent du GPS américain, qui a bien failli capoter l'an dernier.
«C'est la première fois que nous avons une discussion aussi ouverte au sein de l'Union européenne sur les objectifs de notre politique spatiale», s'est félicitée Valérie Pécresse, dont l'idée de «mettre l'espace au service des hommes et de la Terre» a été plébiscitée par ses collègues.
«Marché porteur»
Concrètement, les ministres européens souhaitent «conforter» le programme de sécurité et de surveillance de l'environnement (GMES), à vocation civile et militaire, «en assurant la continuité de ses données, notamment par un financement à long terme» dont l'attribution sera au menu du prochain conseil «espace» du 25 septembre . La constellation de satellites GMES, qui devrait être mise en orbite à partir de 2011-2012, surveillera notamment la fonte des glaces polaires, la qualité de l'air, les océans ainsi que le changement climatique. À ce sujet, il a été décidé de renforcer la coopération entre les instituts de recherche existants en vue d'«optimiser l'utilisation des données spatiales», qui souffrent d'un manque de standardisation et d'une capacité de calcul insuffisante. La proposition française de créer un centre européen dédié au climat n'a pas été retenue.
Sur le volet économique, l'industrie spatiale bénéficiera de l'initiative «marché porteur» d e l'Union eu ropéenne. Il s'agira, par exemple, d'œuvrer à la standardisation des fréquences de satellites de télécoms (mobile, télévision, Internet) en vue de créer un grand marché libre.
Les ministres entendent également mettre en place un système autonome de sécurisation de l'espace, notamment vis-à-vis des débris susceptibles d'endommager les satellites en orbite.
Si le volet «espace au service du citoyen» a été accueilli sans réserve, le contenu du programme «exploration du système solaire» est resté beaucoup plus flou. Les ministres européens veulent bien envoyer des robots sur Mars, voire des astronautes à l'horizon 2030-2040, mais uniquement «dans le cadre d'un programme mondial ouvert à tous.» Alors que les États-Unis mais aussi les Chinois et les Japonais ont déjà fait part de leurs ambitions dans ce domaine, les Européens préfèrent s'en remettre à l'avis d'une «conférence de haut niveau» que la Commission doit organiser prochainement.
Autre enseignement de la réunion de Kourou : l'Agence spatiale européenne (ESA) qui s'apprête à accueillir la République tchèque comme 18e État membre, voit sa légitimité renforcée pour mener à bien les programmes technologiques et scientifiques (Ariane 5, Columbus, ATV, Mars Express…) qui ont fait la réputation de l'Europe spatiale.
«Valérie Pécresse a eu l'excellente idée d'organiser cette réunion ici à Kourou, nous a confié Jean-Jacques Dordain, son directeur général. L'Europe et l'espace ont ceci de commun que l'on ne peut pas les toucher. En venant visiter les installations de la fusée Ariane, les ministres européens ont pu le faire, certainspour la première fois.» Un signe qui ne trompe pas : la Slovénie, la Slovaquie, Chypre et Malte veulent entrer dans l'ESA.
De notre envoyé spécial à Kourou (Guyane française), Marc Mennessier
Les ministres des Vingt-Sept veulent faire de l'Europe «un acteur globalde la politique spatiale».
C'est sans doute l'un des premiers grands acquis de la présidence française de l'Union européenne. Lors de la réunion informelle qui s'est tenue en début de semaine à Kourou (Guyane française), à l'initiative de la ministre française de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, les 27 ministres européens en charge de l'espace, présents ou représentés (plus la Suisse et la Norvège), ont «souhaité que l'Union européenne devienne un acteur global de la politique spatiale» et qu'elle se dote pour cela «d'une ligne budgétaire spécifique».
Certes, cette toute nouvelle «politique spatiale commune», inscrite dans le traité de Lisbonne, ne prendra sa pleine mesure qu'en 2013, date de la mise en œuvre du prochain budget pluriannuel de l'Union. Mais le pas franchi mardi à Kourou semble irréversible. «L'espace est un puissant catalyseur en faveur de l'intégration européenne», s'est félicité le vice-président de la Commission européenne, Günter Verheugen, qui a plaidé pour une «augmentation de l'enveloppe» attribuée à ce secteur et pour une «clarification» de son financement. «Ce qui s'est passé pour Galileo ne doit plus se reproduire», a-t-il déclaré lors de la conférence de presse finale, en référence aux déboires financiers du système de navigation européen par satellites, futur concurrent du GPS américain, qui a bien failli capoter l'an dernier.
«C'est la première fois que nous avons une discussion aussi ouverte au sein de l'Union européenne sur les objectifs de notre politique spatiale», s'est félicitée Valérie Pécresse, dont l'idée de «mettre l'espace au service des hommes et de la Terre» a été plébiscitée par ses collègues.
«Marché porteur»
Concrètement, les ministres européens souhaitent «conforter» le programme de sécurité et de surveillance de l'environnement (GMES), à vocation civile et militaire, «en assurant la continuité de ses données, notamment par un financement à long terme» dont l'attribution sera au menu du prochain conseil «espace» du 25 septembre . La constellation de satellites GMES, qui devrait être mise en orbite à partir de 2011-2012, surveillera notamment la fonte des glaces polaires, la qualité de l'air, les océans ainsi que le changement climatique. À ce sujet, il a été décidé de renforcer la coopération entre les instituts de recherche existants en vue d'«optimiser l'utilisation des données spatiales», qui souffrent d'un manque de standardisation et d'une capacité de calcul insuffisante. La proposition française de créer un centre européen dédié au climat n'a pas été retenue.
Sur le volet économique, l'industrie spatiale bénéficiera de l'initiative «marché porteur» d e l'Union eu ropéenne. Il s'agira, par exemple, d'œuvrer à la standardisation des fréquences de satellites de télécoms (mobile, télévision, Internet) en vue de créer un grand marché libre.
Les ministres entendent également mettre en place un système autonome de sécurisation de l'espace, notamment vis-à-vis des débris susceptibles d'endommager les satellites en orbite.
Si le volet «espace au service du citoyen» a été accueilli sans réserve, le contenu du programme «exploration du système solaire» est resté beaucoup plus flou. Les ministres européens veulent bien envoyer des robots sur Mars, voire des astronautes à l'horizon 2030-2040, mais uniquement «dans le cadre d'un programme mondial ouvert à tous.» Alors que les États-Unis mais aussi les Chinois et les Japonais ont déjà fait part de leurs ambitions dans ce domaine, les Européens préfèrent s'en remettre à l'avis d'une «conférence de haut niveau» que la Commission doit organiser prochainement.
Autre enseignement de la réunion de Kourou : l'Agence spatiale européenne (ESA) qui s'apprête à accueillir la République tchèque comme 18e État membre, voit sa légitimité renforcée pour mener à bien les programmes technologiques et scientifiques (Ariane 5, Columbus, ATV, Mars Express…) qui ont fait la réputation de l'Europe spatiale.
«Valérie Pécresse a eu l'excellente idée d'organiser cette réunion ici à Kourou, nous a confié Jean-Jacques Dordain, son directeur général. L'Europe et l'espace ont ceci de commun que l'on ne peut pas les toucher. En venant visiter les installations de la fusée Ariane, les ministres européens ont pu le faire, certainspour la première fois.» Un signe qui ne trompe pas : la Slovénie, la Slovaquie, Chypre et Malte veulent entrer dans l'ESA.
De notre envoyé spécial à Kourou (Guyane française), Marc Mennessier