Moussem d'Assilah
Dimension culturelle de l'UPM
Les axes des identités européennes
Publié le : 10.08.2009 14h52
Des intellectuels arabes, maghrébins et européens ont appelé, samedi soir à Assilah, à dépasser la vision réductrice des pays de la rive nord de la Méditerranée sur leurs voisins du Sud.
Les participants à la clôture du colloque sur «La Dimension culturelle de l'Union pour la Méditerranée (UPM): le Maghreb et l'Europe» (7-8 août), ont indiqué que le projet de l'UPM, comme présenté, il y a deux ans par le président français, Nicolas Sarkozy, est un projet politique qui marque une dimension culturelle. L'écrivain et analyste politique mauritanien, Abdallahi Ould Bah s'est basé lors de son intervention sur les idées de l'intellectuel français, Paul Ricoeur, qui s'appuie sur la définition des trois axes des identités européennes au sein d'un espace de dialogue méditerranéen. Il s'agit de la traduction ou l'hospitalité linguistique qui représente une voix importante pour la construction d'une Méditerranée mais également l'échange de mémoire et la voix du pardon au lieu de la tolérance, a-t-il souligné. A propos de l'aspect juridique de l'UPM, Taoufik Bouachba, conseiller juridique dans le domaine international (Tunisie), a indiqué que l'Union est une solution pour le rejet de l'entrée de la Turquie à l'Union européenne, relevant qu'il n'existe pas une culture méditerranéenne mais des multitudes de cultures diversifiées. Le chercheur tunisien Abdeslam Meddsi a estimé, pour sa part, que l'idée de l'UPM est en gestation difficile, notant que la paix, le développement équitable et la démocratie sont des conditions sine qua non pour la réussite de cette initiative. La romancière et traductrice littéraire grecque, Persa Koumoutsi, a de son côté estimé que la littérature est l'outil idéal pour la réalisation de la communication entre les cultures, relevant dans ce sens que la traduction est une passerelle entre les peuples puisqu'elle facilite la compréhension et dépasse les barrières linguistiques. Elle a dans ce sens appelé les ministres de la Culture des deux rives à accorder plus d'importance aux traductions. De son côté, Nourredine Afaya, conseiller à la Haute autorité de la communication audiovisuelle, a estimé que la culture, notamment l'éducation, les médias et différentes formes d'expression, devraient être érigés en service public. Le romancier, écrivain et essayiste turc, Nedim Gürsel, a passé en revue quelques positions de la France qui rejette l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne relevant qu'il n'y a pas d'arguments solides pour ce rejet emprunt de contradictions. La Franco-libanaise Arwad Esber, directrice de la Maison des cultures du monde à Paris, a indiqué que son prénom est en lui-même un mélange méditerranéen avec un prénom tiré du nom d'une île méditerranéenne et phénicienne et un nom grecque arabisé. Elle a souligné que l'action culturelle sur la rive orientale de la Méditerranée est fortement inspirée du modèle européen ajoutant que les artistes sont extrêmement séduits par l'Occident. Pour elle, la culture ne devrait pas être un facteur déclencheur de réflexion. Ce colloque, animé par le ministre de la Culture, est organisé par la Fondation du Forum d'Assilah en collaboration avec la Maison des cultures du monde dans le cadre de la 24e session de l'université d'été Al Moâtamid Ibn Abbad et du 31e Moussem culturel international d'Assilah.
Par Fadwa El Ghazi (MAP) LE MATIN