La Palestine à l’Unesco : victoire diplomatique, prélude à une admission dans le concert des NationsPARIS - Historique. L’admission fin octobre 2011 de la Palestine à l’Unesco est à marquer d’une pierre blanche dans les annales de la diplomatie d’un pays vivant encore sous le joug colonial et aspirant inlassablement à être reconnu comme le 195e Etat de la communauté internationale.
Lors de la cérémonie de lever du drapeau national sur l’une des enceintes de l’Onu, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait du mal à retenir ses émotions. "C’est un moment historique et émouvant de voir notre drapeau flotter dans cette enceinte devant d’autres drapeaux de la communauté internationale", a-t-il dit, estimant que cela est de "bon augure" et représente une "une première reconnaissance de la Palestine".
L’enjeu est symbolique pour les Palestiniens qui y voient la possibilité d’un premier succès dans leur démarche d’adhésion à l’Onu en tant qu’Etat membre à part entière. Le président de l’Autorité palestinienne avait solennellement demandé le 23 septembre à l’Onu de reconnaitre l’Etat palestinien, une requête laissée en suspens car n’ayant pas eu l’assentiment d’au moins neuf membres sur les quinze que compte le Conseil de sécurité.
Pour Mahmoud Abbas, l’admission de la Palestine à l’Unesco contribue fondamentalement à son entrée souhaitée à l’Onu et à l’avènement d’un Etat souverain vivant côte à côte avec Israél.
Moins politique, le chef de la diplomatie palestinienne, Riyad al-Maliki, a estimé que la consécration de son pays comme membre à part entière de l’Unesco n’est que "justice faite". "Ce n’est que le retour d’un pays longtemps maintenu absent de cette tribune", a-t-il dit, rappelant que la demande palestinienne pour cette admission date de 1989, soit 22 ans d’efforts des ambassadeurs palestiniens qui se sont succédé à l’Unesco.
A ses yeux, le vote favorable à l’entrée de la Palestine à l’Onu est un moment historique qui rend à son pays certains de ses droits. Ce vote permettra d’effacer une "infime partie de l’injustice faite au peuple palestinien", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse animée à l’occasion.
C’est à l’instigation du groupe arabe au sein de l’Unesco que le Conseil exécutif de l’Organisation avait approuvé début octobre une recommandation d’attribuer à la Palestine le statut de membre à part entière, une recommandation entérinée par un vote favorable, le 31 octobre, lors de 36éme Conférence générale de l’Unesco.
L’initiative arabe a été saluée par l’ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, Elias Sambar, qui a rendu hommage au soutien des pays arabes, à leur tête l’Algérie, pour l’admission de son pays à l’agence onusienne.
"Tous nos frères arabes nous ont aidés. Et nos frères Algériens étaient, comme à l’accoutumée, en tête de l’aide et de la solidarité de ces pays", avait-il déclaré à l’APS.
Pour lui, ce qui a été accompli avec cette admission l’a été "grâce aux 21 pays arabes unis, qui ont coordonné leurs efforts pour parvenir à ce résultat". Un vote, des représailles.
La requête d’adhésion de la Palestine a toutefois soulevé une protestation des Etats-Unis qui avaient menacé de suspendre leur contribution financière à l’Unesco en cas de vote positif. Celle-ci représenterait aujourd’hui 22 % du budget de l’organisation, soit un trou pour l’agence onusienne de près de 70 millions de dollars dès 2011.
Deux lois américaines du début des années 1990 interdisent le financement d’une agence spécialisée qui accepterait la Palestine en tant qu’Etat membre à part entière.
Sans surprise aucune, les Etats-Unis sont passé à l’acte au lendemain du vote favorable, contraignant la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, à lancer le 11 novembre un Fonds d’urgence multi- donateurs pour compenser le déficit de trésorerie consécutif à la décision américaine, précédée tout naturellement par la décision israélienne de suspendre sa contribution de 1,5 million de dollars (0,3% du budget de l’UNESCO) pour 2012-2013.
La première responsable de l’Unesco s’est, malgré tout, félicité de l’élan de solidarité "sans précédent" en faveur de l’Organisation, suite à la décision américano-israélienne, signalant que le Fonds sera ouvert à tous les donateurs, qu’il s’agisse des Etats membres, d’institutions publiques, des fondations ou des particuliers.
Elle a également incité les Etats membres à soutenir une augmentation immédiate du Fonds de roulement de l’organisation pour 2012-2013 pour le faire passer de 30 à 65 millions de dollars et appelé tous les gouvernements à verser leurs contributions aussi vite que possible en 2012.
L’UNESCO est la première agence des Nations Unies à admettre la Palestine comme membre à part entière. Cette admission est devenue officielle le 23 novembre, lorsque la Palestine a signé et accepté les actes constitutifs de l’Unesco aux Archives nationales de Londres.
Le président de l’Autorité palestinienne avait fait part de l’intention de son pays de déposer des candidatures dans les seize organisations internationales "dès que le moment et les conditions seraient jugés opportuns".APS