Amériques
Santé: Barack Obama insiste sur le caractère crucial de la réforme, à deux jours du vote à la Chambre
AP 19.03.2010 18:45
A deux jours du vote dimanche de la Chambre des Représentants, le président américain Barack Obama a insisté vendredi lors d'un déplacement à Fairfax (Virginie, côte est des Etats-Unis) sur le caractère crucial de la réforme du système de santé, projet phare de son mandat.
"Vous avez entendu un tas de balivernes" à propos de cette réforme de "bon sens", a lancé M. Obama lors d'un discours de 20 minutes devant plusieurs milliers de personnes à l'Université George Mason de Fairfax, dans la banlieue de Washington.
"Ce débat ne concerne pas seulement le coût de notre système de santé, mais le caractère de notre pays, le fait de savoir si nous pouvons encore répondre aux défis de notre temps, si nous avons toujours le courage de donner une chance à chaque citoyen", a-t-il déclaré.
Le président a rappelé que la création en 1965 du programme public de couverture médicale pour les personnes âgées Medicare avait fait l'objet de vives controverses, aujourd'hui oubliées. "Lorsque nous avons dû faire face dans notre passé à de telles décisions" l'Amérique a "choisi de faire bénéficier un plus grand nombre de gens de ses promesses", a-t-il souligné.
"Je sais que ce vote sera difficile. Je sais que chacun compte les voix dès maintenant à Washington. Nous allons faire quelque chose d'historique ce week-end (....) Nous allons réparer le système de santé en Amérique", a poursuivi M. Obama.
Les bénéfices de la réforme, si elle est définitivement votée dimanche, se feront sentir dès cette année, a-t-il fait valoir. Les assureurs, par exemple, ne pourront pas refuser d'accorder une couverture santé à des personnes auparavant malades, selon M. Obama. En cas d'échec du vote, a-t-il averti, les compagnies d'assurance continueront à se comporter "comme des fous furieux", augmentant arifs au détriment des assurés.
Jeudi, les dirigeants démocrates du Congrès ont dévoilé ce qui devrait constituer leur ultime mouture de la réforme du système de santé, ouvrant la voie à un vote dimanche à la Chambre des Représentants.
Signe de l'importance du moment, Barack Obama a reporté au mois de juin un voyage en Indonésie et en Australie pour pouvoir être présent à Washington en cas de vote dimanche sur le texte.
Le projet de réforme élaboré par les démocrates coûterait 940 milliards de dollars (691 milliards d'euros) sur dix ans et fournirait une assurance-maladie à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus tout en réduisant le déficit budgétaire de 138 milliards de dollars (101 milliards d'euros) sur dix ans, selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), une instance considérée comme impartiale.
Les leaders démocrates affirment qu'il permettrait de réduire le déficit de 1.200 milliards de dollars (882 milliards d'euros) sur la décennie suivante. Même si le vote est attendu pour dimanche, son résultat n'est pas joué d'avance. Face à l'opposition unanime des républicains, M. Obama doit obtenir le soutien des démocrates centristes, dont certains, élus de circonscriptions conservatrices, s'inquiètent du coût du plan et de dispositions sur l'avortement.
Le président américain semble toutefois proche d'une victoire sur le projet le plus emblématique de sa présidence, qui semblait presque condamné il y a deux mois lorsque les démocrates ont perdu leur super majorité au Sénat à l'occasion d'une élection partielle.
La réforme instaurerait le principe d'une assurance maladie obligatoire pour la plupart des Américains, et les assureurs n'auraient pas le droit de refuser des personnes souffrant de pathologies préexistantes ou de leur faire payer plus cher.
Pour faire passer le texte, les démocrates ont opté pour une stratégie législative complexe en deux temps, leur permettant d'éviter les manoeuvres d'obstruction des républicains. D'abord la chambre des représentants devra approuver une version de la réforme approuvée par le Sénat en décembre.
Les deux chambres adopteront ensuite rapidement des amendements décidés lors de négociations avec la Maison Blanche. Le Sénat devrait utiliser une procédure de vote ne nécessitant qu'une majorité simple de 51 voix, empêchant ainsi toute manoeuvre dilatoire républicaine. AP