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Eléments de vision pour un tourisme euro-méditerranéen
L'Association méditerranéenne du tourisme (META) vient de publier un rapport sur les "éléments de vision pour un tourisme euro-méditerranéen ". Le rapport, issu de la réunion Euromed à Bruxelles le 16 décembre 2009 sur le sujet du tourisme euro-méditerranéen, a passé au peigne fin l’état des lieux actuel du marché touristique méditerranéen tout en suggérant des pistes de redynamisation.Dans son rapport, META évalue à 279 millions les arrivées internationales en Méditerranée en 2009 contre 300 millions en 2008. La baisse la plus importante depuis 2000. Force de l'euro, succession de crises financières, économiques et sociales sont autant d’éléments qui expliquent cette désaffection.META plaide pour une réduction des inégalités nord-sud dans les flux financiers issus du tourisme. Les pays récepteurs supportent parfois une captation majoritaire des flux financiers issus du tourisme par les pays émetteurs avec des coefficients de fuite élevés. Certains producteurs de pays émetteurs maîtrisent, en effet, la distribution, le transport et l’hébergement sur le lieu de destination. Dans ce cas, les sommes dépensées dans le pays de destination se limitent aux versements des salaires et des charges payées localement, aux taxes, à l’achat des denrées alimentaires, à la maintenance technique des locaux et des matériels et aux achats de souvenirs ou d’activités de réceptif par les clients. Le chiffre d’affaires hôtelier et la plus value réalisée lors de la vente du « forfait » sont alors essentiellement captés par le pays où réside le producteur. Au fur et à mesure de l’ancienneté de la destination dans la chaîne touristique, les investissements locaux se multiplient et rééquilibrent ces mouvements, en gardant la plus value sur le marché de destination. Cette captation des flux financiers au profit des pays en émission risque surtout de se reproduire chez les nouveaux entrants du tourisme méditerranéen : Monténégro, Bosnie Herzégovine, Kosovo, Serbie, Macédoine, Albanie, Mauritanie, Algérie, Libye, Territoires palestiniens", note ainsi le rapport.Et le rapport d’ajouter : " Cette confiscation de la plus value pour le pays de destination est souvent le résultat d’un engagement trop important de la part de l’hébergeur vis‐à‐vis du producteur, qui se traduit par une baisse du Revpar (Revenue Per Available Room) inconsidérée, entraînant le redressement judiciaire de l’entreprise. Le producteur peut alors racheter les dettes (qui lui sont majoritairement dues) sous condition d’un prix de cession de l’établissement hôtelier très en dessous de sa valeur réelle.D’autres producteurs/distributeurs investissent directement sur le marché de destination, imposant alors leurs normes de produit et leur management, dans une chaîne intégrée.En ce qui concerne le transport, le manque de lignes aériennes depuis le pays de destination favorise l’utilisation d’une compagnie étrangère issue du pays d’émission, parfois propriété du producteur. La totalité du chiffre d’affaires reste alors dans le pays d’origine, le pays de destination ne bénéficiant que de la recette issue de la mise à disposition du slot dans ses aéroports, de ses services (accueil, bagages, douane, sécurité) des taxes perçues et de l’éventuelle maintenance des appareils.Ces déséquilibres ont parfois suscité l’hostilité au tourisme, de la part des pouvoirs publics, dans les pays de destination concernés. Il existe probablement une place pour une banque euro‐méditerranéenne du tourisme d’autant que la FEMIP s’est engagée avec succès dans le secteur touristique".Autre frein à la circulation entre le sud et le nord de la Méditerranée, les visas. META met ainsi en lumière les difficultés pour les habitants d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à se rendre sur des destinations comme l'Andalousie sur des produits shopping ou culturel. Prévu pour la fin de l'année 2010, le programme VIS (Visa Information System) devrait faciliter tout cela en accordant les mêmes conditions aux ressortissants non européens que celles accordées aux ressortissants de l'Union européenne.META prône également "l'ouverture du ciel européen aux cieux méditerranéens". Le projet Euro-Med Aviation, qui bénéficie depuis 2007 d'un budget MEDA de 5 milliards d’euros (9,5 milliards de dinars), devrait livrer ces conclusions en 2010 et permettre aux pays partenaires que sont la Tunisie, l'Algérie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, les Territoires palestiniens, la Syrie, et la Turquie de bénéficier pleinement de cette ouverture.Malgré quelques accords dits de "ciel ouvert" signés par ces pays avec l'Union européenne, leurs compagnies aériennes ont toujours du mal à trouver des créneaux horaires (slots) disponibles dans les aéroports européens.Nonobstant, le rapport n'oublie pas d'encourager le développement des croisières. 2,6 millions de passagers, par an, naviguent actuellement en Méditerranée. 150 ports peuvent accueillir ces navires qui jouent de plus en plus la surenchère en termes de capacité. "Compte tenu de la forte évolution du parc des paquebots, et la tendance au gigantisme, il sera nécessaire que les ports méditerranéens accessibles aux forts tonnages soient plus nombreux qu'ils ne le sont jusqu'à présent" commente le rapport. D'autant plus que les ports de tête de lignes se concentrent au nord de la Méditerranée (Italie, Espagne, France et Grèce).Ce secteur ne pourra pas faire l'impasse sur le dossier du changement climatique. Le Mediterranean Action Plan (MAP) identifie neuf actions pour limiter l'impact du tourisme sur l'environnement et qui se regroupent dans trois chapitres : d'abord réduire les impacts territoriaux et environnementaux négatifs du tourisme (meilleure répartition des flux touristiques dans l'espace et dans le temps par exemple), ensuite promouvoir les produits et les offres de tourisme durable et augmenter la valeur ajoutée de l'économie touristique pour les populations locales et, enfin, améliorer la gouvernance pour un tourisme durable.META est une association internationale sans but lucratif qui regroupe les professionnels publics et privés du tourisme concernés par les destinations euro-méditerranéennes et leurs administrations. Participant le 16 décembre 2009 à la réunion bruxelloise, elle a publié indépendamment son rapport les "éléments de vision pour un tourisme euro-méditerranéen ".
W.A.F
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