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羅伯特·舒曼先生和歐洲的“歐洲不會在一夜之間發生,也順利......”

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commission européenne 欧盟委员会

Commission européenne: "Commission européenne"

Friday, February 04, 2011

Mr le président Nicolas Sarkozy Union pour la Méditerranée (UPM) est toujours "indispensable"



L'Union pour la Méditerranée, "morte-né"
Nicolas Sarkozy a répété vendredi soir que son Union pour la Méditerranée (UPM) est toujours "indispensable". Pourtant le secrétaire général de l'organisation a démissionné le 26 janvier et, aujourd'hui, c'est le coprésident de l'UPM, Hosni Moubarak, qui se trouve sur la sellette. L'heure du (dépôt de) bilan semble avoir sonné.

"Devant la situation en Egypte, non seulement l'Union pour la Méditerranée est nécessaire, mais elle est indispensable." A en croire sa déclaration lors de sa conférence de presse au Conseil européen, vendredi soir, Nicolas Sarkozy croit encore à son bébé. Pourtant, les événements récents en Tunisie et Egypte semblent signer le deuil des ambitions euro-méditerranéennes du président français. Depuis son lancement en grande pompe le 13 juillet 2008, l'Union pour la Méditerranée (UPM) ne parvient pas à résoudre la double équation diplomatique et économique. Le coup de grâce est intervenu le 26 janvier dernier, avec la démission du secrétaire général de l'Union –basé en Tunisie–, le Jordanien Ahmad Massa'deh.

La déstabilisation et le départ annoncé –au plus tard en septembre 2011– d'Hosni Moubarak semblent rendre encore plus illusoire cette perspective. "Les protagonistes de l'UPM sont plutôt dans l'expectative", avoue Josselin de Rohan, sénateur du Morbihan et ancien patron du groupe UMP de la Haute-Assemblée, joint par leJDD.fr. L'Egypte, qui tient la coprésidence de l'UPM avec la France, est devenue de fait la pierre angulaire de l'organisation. "L'erreur fondamentale est d'avoir tout misé sur l'Egypte", affirme d'ailleurs Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur de France en Tunisie. Axel Poniatowski, qui préside la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, est plus optimiste: "L'UPM n'est pas une question de personne et peut continuer d'exister après Hosni Moubarak", déclare-t-il au JDD.fr. Mais le remplaçant de l'actuel chef d'Etat égyptien conditionnera l'avenir de l'Union.

La faute à Israël?
Si l'Egypte a autant de poids, c'est avant tout parce que le régime d'Hosni Moubarak constitue un garant indispensable à la participation d'Israël dans l'UPM. "La coexistence entre l'Etat hébreu et les pays arabes reste le principal problème de la structure", explique Axel Poniatowski, qui estime toutefois qu'"intégrer Israël donne une chance supplémentaire au processus de paix au Proche-Orient". "De toute façon, exclure Israël de l'UPM, ce serait nier l'existence d'un pays qui compose pourtant le pourtour méditerranéen", balaie Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, joint par leJDD.fr. Reste que six mois après le lancement de l'UPM, le blocus de gaza par l'Etat hébreu a paralysé l'ensemble de l'organisation.

Mais il serait réducteur de résumer les maux de l'UPM au seul conflit israélo-palestinien. L'Union est un étrange attelage qui rassemble des démocraties européennes et des régimes autoritaires. Nicolas Sarkozy voulait privilégier la coopération. La paix politique grâce au développement économique en quelque sorte. Mais l'actuel président français s'est placé en contradiction avec son prédécesseur. Jacques Chirac avait en effet été à l'origine du processus de Barcelone, qui avait le même objectif que l'UPM mais fixait des exigences en matière de droits fondamentaux. "En créant l'UPM, on a sanctuarisé de fait des régimes de clans dont l'unique objectif est de conserver le pouvoir", déplore Antoine Basbous.

L'heure du bilan?
Le chef d'Etat français s'est ainsi décrédibilisé dans l'ensemble des pays arabes, en se mettant a contrario des aspirations démocratiques croissantes de certains peuples. "Les pays arabes ont davantage une approche pragmatique qu'une vision politique", nuance Axel Poniatowski, assurant que la France est toujours un partenaire naturel des pays maghrébins. Mais aujourd'hui, les Tunisiens comme les opposants égyptiens rejettent l'UPM, trop associée à l'ancien président Ben Ali ou à Hosni Moubarak. "Pour mettre en commun des projets, il faut avoir des valeurs communes", considère Antoine Basbous.

Que faire de l'Union pour la Méditerranée? L'ensemble des acteurs s'accordent à dire que "c'était une belle idée". "Mais entre le dire et le faire, il y a de la marge", souffle Josselin de Rohan. Des accords sur l'énergie solaire, le trafic maritime et les transports routiers. Une conférence sur l'eau en avril 2010. Il suffit de se rendre sur la page de l'UPM, sur le site Internet du quai d'Orsay, pour se rendre compte qu'en deux ans-et-demi d'existence, le bilan est un peu maigre. "La plupart des pays arabes ont le souhait de relancer l'UPM, certains projets de coopération, comme celui sur l'assainissement, leur étant essentiels", assure Axel Poniatowski. L'Elysée parage ouvertement l'espoir de relancer l'Union. "Mais cette belle idée est irréalisable", tranche Antoine Basbous, qui qualifie l'UPM de "projet mort-né". A mettre au compte des échecs de Nicolas Sarkozy.
"Devant la situation en Egypte, non seulement l'Union pour la Méditerranée est nécessaire, mais elle est indispensable." A en croire sa déclaration lors de sa conférence de presse au Conseil européen, vendredi soir, Nicolas Sarkozy croit encore à son bébé. Pourtant, les événements récents en Tunisie et Egypte semblent signer le deuil des ambitions euro-méditerranéennes du président français. Depuis son lancement en grande pompe le 13 juillet 2008, l'Union pour la Méditerranée (UPM) ne parvient pas à résoudre la double équation diplomatique et économique. Le coup de grâce est intervenu le 26 janvier dernier, avec la démission du secrétaire général de l'Union –basé en Tunisie–, le Jordanien Ahmad Massa'deh.

La déstabilisation et le départ annoncé –au plus tard en septembre 2011– d'Hosni Moubarak semblent rendre encore plus illusoire cette perspective. "Les protagonistes de l'UPM sont plutôt dans l'expectative", avoue Josselin de Rohan, sénateur du Morbihan et ancien patron du groupe UMP de la Haute-Assemblée, joint par leJDD.fr. L'Egypte, qui tient la coprésidence de l'UPM avec la France, est devenue de fait la pierre angulaire de l'organisation. "L'erreur fondamentale est d'avoir tout misé sur l'Egypte", affirme d'ailleurs Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur de France en Tunisie. Axel Poniatowski, qui préside la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, est plus optimiste: "L'UPM n'est pas une question de personne et peut continuer d'exister après Hosni Moubarak", déclare-t-il au JDD.fr. Mais le remplaçant de l'actuel chef d'Etat égyptien conditionnera l'avenir de l'Union.

La faute à Israël?
Si l'Egypte a autant de poids, c'est avant tout parce que le régime d'Hosni Moubarak constitue un garant indispensable à la participation d'Israël dans l'UPM. "La coexistence entre l'Etat hébreu et les pays arabes reste le principal problème de la structure", explique Axel Poniatowski, qui estime toutefois qu'"intégrer Israël donne une chance supplémentaire au processus de paix au Proche-Orient". "De toute façon, exclure Israël de l'UPM, ce serait nier l'existence d'un pays qui compose pourtant le pourtour méditerranéen", balaie Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, joint par leJDD.fr. Reste que six mois après le lancement de l'UPM, le blocus de gaza par l'Etat hébreu a paralysé l'ensemble de l'organisation.

Mais il serait réducteur de résumer les maux de l'UPM au seul conflit israélo-palestinien. L'Union est un étrange attelage qui rassemble des démocraties européennes et des régimes autoritaires. Nicolas Sarkozy voulait privilégier la coopération. La paix politique grâce au développement économique en quelque sorte. Mais l'actuel président français s'est placé en contradiction avec son prédécesseur. Jacques Chirac avait en effet été à l'origine du processus de Barcelone, qui avait le même objectif que l'UPM mais fixait des exigences en matière de droits fondamentaux. "En créant l'UPM, on a sanctuarisé de fait des régimes de clans dont l'unique objectif est de conserver le pouvoir", déplore Antoine Basbous.

L'heure du bilan?
Le chef d'Etat français s'est ainsi décrédibilisé dans l'ensemble des pays arabes, en se mettant a contrario des aspirations démocratiques croissantes de certains peuples. "Les pays arabes ont davantage une approche pragmatique qu'une vision politique", nuance Axel Poniatowski, assurant que la France est toujours un partenaire naturel des pays maghrébins. Mais aujourd'hui, les Tunisiens comme les opposants égyptiens rejettent l'UPM, trop associée à l'ancien président Ben Ali ou à Hosni Moubarak. "Pour mettre en commun des projets, il faut avoir des valeurs communes", considère Antoine Basbous.

Que faire de l'Union pour la Méditerranée? L'ensemble des acteurs s'accordent à dire que "c'était une belle idée". "Mais entre le dire et le faire, il y a de la marge", souffle Josselin de Rohan. Des accords sur l'énergie solaire, le trafic maritime et les transports routiers. Une conférence sur l'eau en avril 2010. Il suffit de se rendre sur la page de l'UPM, sur le site Internet du quai d'Orsay, pour se rendre compte qu'en deux ans-et-demi d'existence, le bilan est un peu maigre. "La plupart des pays arabes ont le souhait de relancer l'UPM, certains projets de coopération, comme celui sur l'assainissement, leur étant essentiels", assure Axel Poniatowski. L'Elysée parage ouvertement l'espoir de relancer l'Union. "Mais cette belle idée est irréalisable", tranche Antoine Basbous, qui qualifie l'UPM de "projet mort-né". A mettre au compte des échecs de Nicolas Sarkozy.

Gaël Vaillant - leJDD.fr

Mr le président Nicolas Sarkozy Egypte



BRUXELLES (AP) —

Egypte: les pays étrangers doivent se garder d'"intervenir dans le calendrier", selon Nicolas SarkozyLe président Nicolas Sarkozy a déclaré vendredi soir que la transition démocratique devait se faire "sans tarder" en Egypte, tout en estimant que les pays étrangers devaient se garder d'"intervenir dans le calendrier, dans les modalités ou dans les personnalités" chargées de mener ce processus. Il a également condamné "sans ambiguïté" les violences contre les journalistes au Caire.

"Les aspirations à la démocratie du peuple égyptien doivent être satisfaites (...) Ce qui compte, c'est que la transition démocratique se fasse sans tarder", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles.

Toutefois, "les Egyptiens auront à conduire souverainement ce mouvement", a souligné le président français.

"Je ne suis pas persuadé que nous devions, nous qui ne sommes pas égyptiens, intervenir dans le calendrier, dans les modalités ou dans les personnalités qui seraient susceptibles de conduire ce processus", a-t-il dit. "Nous voulons un processus démocratique sans délai, nous laissons aux Egyptiens le soin de déterminer qui doit le conduire et comment".

Nicolas Sarkozy a également estimé que la possibilité de voir émerger un pouvoir islamiste en Egypte ne justifiait pas de freiner une transition démocratique dans le pays. "Le risque existe toujours, mais on ne peut pas refuser une aspiration démocratique parce qu'il y a un risque", a-t-il dit.

Le chef de l'Etat a par ailleurs condamné les violences et intimidations dont ont été victimes les journalistes étrangers couvrant la situation au Caire au cours des deux derniers jours.

"Je condamne sans ambiguïté toutes les atteintes aux droits de l'Homme, les atteintes à la liberté de la presse, et de ce point de vue, j'ai été choqué de ce qui s'est passé à l'endroit des journalistes, quelle que soit leur nationalité, au Caire hier et avant-hier", a-t-il souligné, dénonçant des menaces "inadmissibles et inacceptables".

"Si cela devait se poursuivre, cela aurait des conséquences graves dans les relations que nous pourrions avoir avec un pays, quel qu'il soit, qui se laisserait aller à de tels comportements à l'endroit des journalistes, quelle que soit par ailleurs leur nationalité", a-t-il prévenu. AP

jp/

Mr William Faulkner par Mr Edouard Glissant



Le vertige Faulkner [par Edouard Glissant]
[03/02/11 à 11h13] On apprend à l'instant la mort, à l'âge de 82 ans, du grand écrivain martiniquais Edouard Glissant, ce 3 février 2011 à Paris. Il avait rendu ce puissant hommage à William Faulkner dans les pages du «Nouvel Observateur» en 1995. Où l'on voit que le théoricien du «Tout-Monde» était, aussi, un grand lecteur

Il fallait Edouard Glissant, l'auteur de «Tout-monde», qui publiera à la fin de l'année chez Stock un essai, «Faulkner, Mississippi», pour plonger dans l'univers foisonnant du plus vertigineux romancier américain

Il aura fallu longtemps pour qu'on cesse de voir en William Faulkner, par exemple en France, un romancier rural américain, ou un expérimentateur continuant Joyce, ou un «écrivain du Sud», qu'on rapprochait vaguement de Caldwell, de Steinbeck ou de Hemingway, mêlant ainsi Deep South, Far West, Middle West et tant d'autres lieux mythiques des lointains Etats-Unis.

Lui qui a découvert que le comté de Yoknapatawpha, délimité au sud par la rivière du même nom et au nord par la Tallahatchie (noms indiens, noms primordiaux), comté imaginaire créé par lui, était juxtaposable à son double réel, le comté de Lafayette, Mississippi, et Jefferson à Oxford, et les Sartoris aux Falkner, et qui a donc fouillé ce terreau: mêlant le passé au présent, les «grands bois» sauvages aux domaines cultivés, et distinguant là les petits-blancs, les noirs, les familles aristocratiques à l'agonie, les contes et légendes des origines, les récits de cette guerre de Sécession qui n'avait pas su comment se faire gagner; les mélangeant avec les contenus des registres d'esclaves, les cahiers de comptes des boutiques de plantation, les bibles chiffonnées qui s'ouvrent à la même page, les lettres honteuses rangées dans les bahuts des hautes demeures.

William Faulkner donc, qui naquit en 1897 d'une famille blanche à vrai dire assez peu commune mais dont l'historiographe aurait pu «dégager» le modèle, aussi rapproché que possible de celui des familles du Sud esclavagiste: un arrière-grand-père officier des armées de la Confédération? de préférence colonel, c'est le grade qui semble le plus prestigieux en la matière? et qui, lui ou un de ses fils, faisait fortune dans les chemins de fer ou dans toute activité rétribuée (banque, loi, location de chevaux) qui ne portât pas trop à déchoir. Famille qui, bien entendu, ne manquait pas d'esclaves. Et dans le modèle traditionnel, les oncles, au long des générations, se signalent par leurs excentricités, duellistes fous, amants malheureux, maris outragés, meurtriers comme par obligation, et les tantes, vieilles filles dévouées à l'éducation ou au gardiennage de leurs neveux, par une patience silencieuse et intraitable.

Mais, pour Faulkner, l'arrière-grand-père Falkner résumait tout cela: colonel déchu de son grade par les hommes de son régiment et qui en fonde un autre, écrivain («la Rose blanche de Memphis»: on eût dit le titre d'une nouvelle de William), meurtrier, «inventeur» d'une ligne de chemin de fer, assassiné enfin. Le premier modèle était à demeure, pour ainsi dire sous la main.

Faulkner ira au bout d'un autre modèle, en ce qui le concerne: poète volontiers débraillé, «feignant» (c'est-à-dire en même temps le plus paresseux et le plus actif d'apparence possible), déjà ivrogne avant d'avoir avalé son premier verre, mais il ne faut pas exagérer, Faulkner plongera dans la soûlographie exactement comme il s'enfermera dans ses fameux silences, bohème littéraire et tout le toutim, y compris l'obligé voyage initiatique en Europe, «l'Après-Midi d'un faune», dont on voit ce qu'il prétend exprimer (de Verlaine à Mallarmé), dont le mérite sera de provoquer plus tard le déploiement de «l'Après-Midi d'une vache», remplaçant ainsi la convention littéraire la plus guindée par la clameur de la bête la plus folle, la plus réelle, la plus irréelle qui fût, et les premiers romans, qu'on pourrait dire psychologiques, encore inclinés à persuader le lecteur, encore attachés à «expliquer», mais il ne faut pas exagérer, le lecteur ne va pas opposer à fond ces ouvrages à ceux qui suivirent, il y a là déjà les ruptures, les brutales implosions qui parcourront l'oeuvre.

Faulkner visionnaire, qui abandonna donc la «littérature», ses pompes et ses conventions (puisqu'il devenait clair qu'il n'était pas doué pour ce jeu), et se consacra au dur travail de divination du réel, remplissant son comté imaginaire d'une population atypique, pourtant si proche de ses modèles. Atypique, tout simplement parce que nous, lecteurs, partageons l'ignorance de ces personnes évoquées (et de celui, l'auteur, qui les évoque) sur ce qui les fait agir de manière si incompréhensible, du moins selon toute logique simplement humaine ? ou selon toute règle proprement romanesque.

Toute l'oeuvre est décidée à partir d'un a priori incontournable, d'une question en vertige: comment éclairer les «commencements» du Sud, cet accaparement de la terre par des blancs venus d'Europe et à vrai dire de nulle part, tous en proie à une violence irrépressible, qui n'avaient certes pas le droit d'acheter ces «grands bois» aux derniers Indiens, gardiens de la terre, lesquels n'avaient certes pas le droit de les leur vendre? A quoi s'ajoute une autre question (lancinante pour le puritain Faulkner): comment comprendre la «damnation» du Sud? Est-elle liée à l'obscur enchevêtrement de l'esclavage, de ses racines, de sa tourmentée histoire?

A partir de quoi, au moins trois considérations permettront d'approcher cette oeuvre.

1) Il n'y a pas de réponse donnée à ces questions primordiales. Elles restent questions, non explicites et non résolues. Ce qui mène à constater, d'une part, que l'oeuvre se révélera infinie: elle ne se bloquera dans aucune «réponse» ou solution; d'autre part, que les personnages de ces romans ne seront pas des «types», déterminés par d'éventuelles réponses a priori de l'auteur, mais des personnes en proie à la béance, à une sorte de suspens de l'être, à un non-devenir, à un différé malheureux, violemment et sauvagement vécu ou réprimé par elles. Ces personnes ne sont en rien sujettes à ces questions, elles en vivent pourtant le vertige. L'impossible condition du comté (la non-réponse aux questions primordiales) en fait un absolu: un lieu de la contradiction sans remède, où l'humaine condition est, non pas à étudier, mais à interroger. Pourquoi il n'y a pas chez Faulkner de science du personnage, cette prétendue épaisseur du récit, mais un vertige de personnes, éclatant et irrémédiable.

2) La technique de cette littérature, son écriture aussi bien que ses structures seront aussi en différé (on a parlé d'une écriture en oblique), par quoi Faulkner suspend la rigoureuse loi du récit, telle qu'elle s'est imposée aux littératures traditionnelles de l'Occident, porte plus avant (dans cette béance, dans ce suspens) l'art ordinairement conclusif des «monologues intérieurs» et des explorations de conscience.

3) L'auteur, alors qu'il «organise» son oeuvre à l'ombre de ces questions a priori, auxquelles il n'apporte aucune réponse, s'en tient pourtant, dans sa vie comme dans ses convictions, à une solidarité sans failles avec la réalité ainsi questionnée, même si c'est au prix d'«injustices», et même là où cette réalité est inacceptable. Car si Faulkner s'était désolidarisé de ce réel du Sud, s'il avait porté jugement et établi des conclusions, la question a priori n'aurait plus eu de sens et l'oeuvre se serait réduite à un constat «réaliste» et sans écho.

Le vertige faulknérien grandit donc de cette profération inlassablement débattue ou sous-entendue: où est la légitimité originelle absolue de tant d'audace avortée, de grandeurs inutiles, d'autant de misérables existences, tragiques ou mesquines, du Sud? Paysages, guerres, lignées, exactions, et toute cette masse de personnes qui apparaissent dans le maelström, et qu'on ne saurait absolument pas ramener à la convention de personnages, de personnages de roman, de personnages de roman traditionnel, psychologique ou social, de roman témoin, de roman reflet, etc., sont là pour témoigner de ce vertige questionnant, le signifier et peut-être en révéler des réponses possibles, elles aussi tourbillonnantes, tout en différant à l'infini leur formulation.

Obstiné à ce travail, William Faulkner séparera absolument son oeuvre de sa vie quotidienne: ce sera pour lui le seul moyen de tenir. Il doit et il veut «participer» (à la vie du Sud), il doit et il veut «élucider» (disons, la problématique du Sud). Les deux fonctions sont solidaires et incompatibles. William Faulkner entre silencieusement en haute et puissante schizophrénie. «Absalon, Absalon!» est l'exemple le plus accompli de cette technique en différé dont nous parlons ici et, par là même, le livre qui en ce siècle a porté le plus avant un dépassement insondable des structures ordinaires du récit. Comme dans «Sartoris» (pour la famille du même nom), comme dans «le Bruit et la Fureur» (pour la famille Compson), il s'agit d'une véhémente tentative, par Thomas Sutpen, de fonder un domaine, une lignée, une dynastie, et de l'échec lamentable et tragique qui s'ensuit. Car si les Sartoris et les Compson ont au moins pu établir, même si c'est de manière éphémère, leur lignée, Sutpen est l'exemple de la malédiction «immédiate».

La technique de Faulkner, pour approcher cette «histoire», est de s'appuyer sur un «courant continu de conscience modifiée», passant de monologues intérieurs aux commentaires effarés de ces monologues, de protagonistes questionnants à des spectateurs-témoins, tous «contaminés» les uns par les autres, et par ces révélations en différé qui les rapprochent sans répit d'une vérité impossible: comme un fleuve de perceptions et de sensations, illuminé d'éclairs et de ténèbres, et pratiquement ininterrompu. On découvre d'abord que Judith, la fille de Sutpen, ne peut pas épouser Charles Bon qu'elle a rencontré à La Nouvelle-Orléans, parce que Bon est le fils de Sutpen, né d'un premier mariage en Haïti. Le différé joue et redouble lorsqu'on comprend que la cause infranchissable d'un tel impossible n'est pas en réalité l'inceste (à quoi le vieux Sutpen eût peut-être consenti), mais une mésalliance, un métissage innommable: car en vérité Bon, malgré toute apparence, a du sang noir par sa mère. Sutpen les avait tous deux répudiés après avoir découvert la vérité. Henry, le frère de Judith, tuera Bon son demi-frère à la grille du domaine.

D'autres différés portent sur la nature particulière des relations entre Judith et Henry, Bon et Henry (amorce d'inceste fraternel, tentation de l'homosexualité). L'échec est celui de la filiation, menacée et pervertie par l'intrusion du sang noir. L'impossibilité, celle de fonder lignée et d'en garantir la légitimité. Tout sera consumé quand une fille de Sutpen, qu'il a eue d'une esclave noire et que par conséquent il ne considère pas comme sa fille, mettra le feu au domaine, après que Sutpen eut été assassiné. La fondation est impossible. La désaffiliation s'impose, par la menace et la réalité de l'inceste et du métissage, et elle jette à bas la légitimité de cette possible lignée. Mais la désaffiliation, c'est aussi la descendance par les noirs, c'est la famille étendue à l'africaine, laquelle triomphe à la longue de la famille de caste des blancs.

Ces caractéristiques de l'impossible fondation (l'errance, la malédiction) convoquent le peuple du comté, tout en le laissant libre de tout apparent stigmate. L'habitant ordinaire de Jefferson, Yoknapatawpha, n'est apparemment pas plus tragique ni prédéterminé que l'habitant ordinaire d'Oxford, Lafayette. C'est ce qui nous charme et nous emporte dans le texte faulknérien: nous savons où il nous mène et nous différons sans cesse de le savoir. C'est aussi ce qui fait que les commentateurs de Faulkner frappent avec une si rare intuition aux mêmes vantaux essentiels: la descendance, la perdurabilité, le vertige du temps et de la mémoire, etc. Oui. Faulkner est un lieu commun de la pensée-monde.

D'avoir à recomposer les «causes premières», avec et en même temps que les personnes posées dans l'?uvre, avec et en même temps que l'auteur, rend le lecteur intelligent et intuitif. Tous ceux qui ont parlé de cette oeuvre ont été touchés par cette grâce stupéfaite et divinatoire, qui est précisément d'avoir à remonter aux questions primordiales, où sont cachées les «causes».

L'art de différer intervient aussi au niveau de la phrase, dans les partis pris d'écriture. On dispute à Oxford, Mississippi, un joute annuelle de rédaction de «faux Faulkner», et les amateurs s'y appliquent à pasticher ce qu'ils croient avoir surpris de ce «style». Ces contrefaçons font parfois ressortir quelques-uns des traits de l'écriture faulknérienne: la dérobade, l'accumulation, la répétition, procédés qui servent tous au lancinant différé (de la révélation, de la vérité, de la conviction) et qu'il serait impossible de détailler dans un article tel que celui-ci. Je signale le constant «non seulement... mais» qui a fait pencher la parole de Faulkner sur tant d'abîmes.

Non seulement ce que vous voyez, mais ce que vous avez envie, et tout autant peur, de voir; non seulement la terre labourée, épuisée par l'acharnement de l'homme, mais l'image de la terre jadis immobile intouchée, drapée de ses grands bois inviolés.

On s'aperçoit qu'il ne s'agit pas là seulement de style, mais d'un renouvellement des modes mêmes de l'écriture, qui pourra valoir dans tout autre langue que l'anglo-américain. Voilà pourquoi les admirables traductions en langue française, si elles laissent sans doute perdre un peu du grenu du langage (paysan ou aristocratique) du comté, contribuent si fortement à mettre en lumière les structures et les intentions de l'?uvre. La trame du différé est translinguistique.

«Lumière d'août», que beaucoup tiennent pour un des ouvrages les plus importants de Faulkner, et «les Invaincus», la geste de la guerre de Sécession vue et vécue par des acteurs et des témoins le plus souvent innocents (jeunes garçons inconscients, vieilles dames intrépides), appartiennent au monde du comté, alors que «Pylône» en dessine déjà les lointains: villes fatales, déracinement misérable, technologies mortelles. «Lumière d'août» conte en parallèle, mais de manière bien moins systématisée que les histoires dupliquées dans «Palmiers sauvages», la quête de Lena Grove, en errance d'un Etat sur l'autre, Alabama, Mississippi, Pennsylvanie, et la double malédiction du révérend Hightower en proie au démon et du mulâtre Christmas, en révolte contre lui-même. Sombre et radieuse lumière du pays parcouru avec une lenteur de tragédie et, en ce qui concerne Lena Grove, avec une sérénité qu'on hésiterait à dire paysanne.

William Faulkner, sans doute conscient de ce qu'il était, malgré Proust et malgré Joyce - ou à cause d'eux -, est le plus grand écrivain de notre temps, celui qui avait le plus à révéler de son lieu, incontournable et impossible, et de la relation de ce lieu à la totalité-monde. Oublions les analyses et les gloses, entrons dans l'oeuvre, nous n'en sortirons pas indemnes, mais à coup sûr rassasiés de ce rare plaisir - un vertige de littérature.

Edouard Glissant

Europe Egypte 2011

2011 AFP
L'Europe demande à Moubarak des changements immédiats en Egypte
L'Union européenne a insisté vendredi pour que l'Egypte engage sans délai des changements politiques et a promis de revoir sa politique avec le monde arabe en liant davantage son aide à la démocratie, après avoir été accusée de complaisance avec les régimes autoritaires.

Au cours d'un sommet à Bruxelles, les dirigeants des 27 pays du bloc ont estimé que "le processus de transition devait démarrer maintenant", alors que la population continue de manifester massivement pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, qui refuse de démissionner et affirme craindre "le chaos".

Les autorités égyptiennes doivent "répondre aux aspirations du peuple égyptien par la réforme politique et non la répression", ont-ils aussi souligné dans une déclaration commune.

"Franchement, les mesures prises jusqu'ici n'ont pas répondu aux aspirations de la population égyptienne", a résumé le Premier ministre britannique, David Cameron, estimant que si les violences contre les protestataires se poursuivent le régime perdra "le reste de crédibilité et de soutien dont il dispose".

De manière voilée, l'UE a aussi laissé planer la menace d'une remise en cause de son aide économique à ce pays, prévue pour atteindre 449 millions d'euros entre 2011 et 2013, si les "engagements" pris par Le Caire en matière de respect des libertés publiques ne sont pas tenus.

Il s'agit néanmoins du seul moyen de pression potentiel de l'Europe sur l'Egypte, où elle apparaît depuis le début à la traîne des Etats-Unis, seuls à même d'influer sur la position du raïs.

Pour ne rien arranger, des voix discordantes se font entendre en son sein.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a ainsi détoné à Bruxelles en plaidant en faveur d'"une transition démocratique sans rupture avec un président comme Moubarak" qui est "un homme sage".

Le Premier ministre belge Yves Leterme s'est ému pour sa part de voir les grands pays de l'UE multiplier les déclarations sur l'Egypte en occultant la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, censée parler au nom de tous.

Déjà peu visible, la Haute représentante essuie un feu roulant de critiques pour son manque de réactivité sur le dossier.

Au-delà, la vague de contestation qui ébranle le monde arabe, en Egypte, en Tunisie, au Yémen, en Jordanie et ailleurs, pousse l'Europe à une douloureuse remise en cause de ses priorités avec la région.

Accusée d'avoir trop longtemps fermé les yeux sur les dérives autoritaires sur son flanc Sud dans le monde arabo-musulman, l'UE a entrepris jeudi de s'amender en donnant davantage à l'avenir la priorité aux réformes démocratiques avec la région.

Les dirigeants européens "sont prêts à un nouveau partenariat incluant un soutien plus efficace à l'avenir avec les pays qui mènent des réformes politiques et économiques", souligne la déclaration de leur sommet.

Le chantier est énorme. De nombreuses voix s'élèvent pour inverser les priorités de la politique européenne dite de voisinage, qui traditionnellement parie sur de l'aide économique d'abord dans l'espoir que cela favorisera peu à peu la démocratisation des régimes.

Quant à l'Union pour la Méditerranée, projet européen phare lancé à l'initiative de la France et censé rapprocher les deux rives de la Méditerranée tout en contribuant à la paix au Proche-Orient, elle est totalement enlisée aujourd'hui. Son secrétaire général, le Jordanien Ahmad Massa'deh, vient de démissionner.

"L'Europe doit changer radicalement son paradigme sur la région", critique l'universitaire tunisien Azam Majoub, elle "a commis une énorme bévue en percevant les régimes autoritaires arabes comme un rempart à l'islamisme".

FMI 2011



Mises en garde du Fonds monétaire international (FMI).
[Fenêtre sur l'Europe]

Au cours d’un colloque organisé lundi 31 janvier par l’Autorité monétaire de Singapour, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a dénoncé "deux déséquilibres dangereux" qui constituent "un risque pour la durabilité de la reprise".


"Alors que la croissance reste inférieure à son potentiel dans les pays développés, les pays émergents et en voie de développement croissent bien plus rapidement, et certains pourraient même se trouver bientôt en état de surchauffe." a souligné Dominique Strauss-Khan.

Le second risque résulte de la persistance d’un "niveau de chômage élevé" et des "inégalités croissantes de revenus et de richesse" au sein même des pays.

Madame Catherine Ashton Mr Ahmed Ounaïs 2011




Tunisie : Rencontre entre Catherine Ashton et Ahmed Ounaïs
[Fenêtre sur l'Europe]

Le nouveau ministre tunisien des Affaires étrangères, Ahmed Ouneies, a été reçu mercredi à Bruxelles par Catherine Ashton. Une visite qui a été l’occasion de confirmer le soutien européen au gouvernement de transition à Tunis.


L'Union européenne est décidée à aider la Tunisie sur le long terme par l’accompagnement de son processus de transition démocratique, a déclaré, mercredi, la chef de la diplomatie européenne, Mme Ashton alors que Tunis compte sur le soutien de l’Europe afin de préparer les élections prévues d’ici six mois.

Dans une déclaration conjointe, M. Ahmed Ouneis, et Lady Ashton ont évoqué et envisagé des propositions concrètes afin de "venir en aide à la Tunisie et accompagner le pays dans la transition démocratique et le développement économique et social". Une mission préparatoire d'experts européens doit ainsi être dépêchée en Tunisie de façon à examiner la situation "et fournir des conseils juridiques aux autorités de transition sur la loi électorale", a souligné la Haute représentante de l'Union pour les Affaires étrangères.

Elle a par ailleurs annoncé son intention de se rendre d’ici deux semaines en Tunisie afin de discuter plus en détail de l’aide que l'Union compte apporter au pays à la suite de la chute du régime du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali.

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Union pour la Méditerranée (Euromed)



Les accords de coopération, anciennement appelés "processus de Barcelone", ont été relancés en 2008 et rebaptisés Union pour la Méditerranée (UpM) .

La relance était l'occasion de concrétiser les relations et de les rendre plus visibles grâce à la mise en place de nouveaux projets régionaux et sous-régionaux qui présentent un véritable intérêt pour la population de la région. Les projets portent sur des domaines tels que l'économie, l'environnement, l'énergie, la santé, la migration et la culture.

L'Union pour la Méditerranée réunit les 27 États membres de l'UE et 16 partenaires de la région du sud de la Méditerranée, d'Afrique et du Moyen-Orient: l'Albanie, l'Algérie, la Bosnie-et-Herzégovine, la Croatie, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Mauritanie, Monaco, le Monténégro, le Maroc, l'Autorité palestinienne, la Syrie, la Tunisie et la Turquie.

Actuellement, les réunions sont coprésidées par un pays méditerranéen et un pays européen. À partir de septembre 2010, l'Union pour la Méditerranée disposera également d'un secrétariat opérationnel, établi à Barcelone, d'un secrétaire général et de six vice-secrétaires généraux.

Après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la gouvernance du côté de l'UE sera réorganisée une fois que le SEAE aura été mis en place.

L'ordre du jour de l'Union pour la Méditerranée comprend un certain nombre d'initiatives clés:

■la dépollution de la mer Méditerranée, y compris des régions côtières et des zones marines protégées;
■la mise en place d'autoroutes maritimes et terrestres qui relient les ports et améliorent les liaisons ferroviaires en vue de faciliter la circulation des personnes et des biens;
■un programme de protection civile commun sur la prévention, la préparation et la réponse aux catastrophes naturelles ou causées par l'homme;
■un plan solaire méditerranéen qui explore les possibilités de développer des sources d'énergie alternatives dans la région;
■une université euro-méditerranéenne, inaugurée en Slovénie en juin 2008;
■l'initiative méditerranéenne de développement des entreprises, qui soutient les petites entreprises qui déploient leurs activités dans la région en évaluant dans un premier temps leurs besoins, puis en leur offrant une assistance technique et un accès au financement.

rencontre franco-tunisienne 2011



Première rencontre franco-tunisienne à Paris après le soulèvement populaire
(AFP) – Il y a 56 minutes

PARIS — La France et la Tunisie post-Ben Ali cherchaient vendredi, lors d'une première rencontre bilatérale, à jeter de nouvelles bases à leur coopération et à dépasser les critiques et incompréhensions suscitées par la position française face à la révolution du jasmin.

Après plusieurs entretiens téléphoniques, la chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, recevait son nouvel homologue tunisien, Ahmed Abderraouf Ounaï, pour un déjeuner de travail à Paris.

C'est la première rencontre entre ces deux responsables et elle survient en pleine polémique en France sur un voyage d'agrément lors des fêtes de fin d'année de la ministre française, effectué en Tunisie où avait débuté deux semaines auparavant puis la révolte contre l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali.

Après avoir reconnu une "sous-estimation" de la contestation, proposé une coopération policière à l'ancien régime peu avant qu'il ne s'effondre, Michèle Alliot-Marie a dû s'expliquer cette semaine sur l'utilisation pendant ces vacances d'un avion privé appartenant à un Tunisien, présenté comme lié au clan Ben Ali. Fragilisée, elle a rejeté toute démission, réclamée par l'opposition.

L'accord d'Ahmed Abderraouf Ounaïs pour un déjeuner ce vendredi, deux jours après avoir été à Bruxelles à la rencontre de l'Union européenne, est présenté par le ministère français des Affaires étrangères comme "un signal très fort et très positif à l'égard de la France".

Ce déjeuner "permettra d'aborder la situation en Tunisie, que la France suit très attentivement et avec beaucoup de sympathie et de respect pour la transition menée par les Tunisiens", fait valoir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Michèle Alliot-Marie "fera part à son homologue tunisien des travaux" menés en France pour "donner un nouvel élan" à la coopération bilatérale, a-t-il ajouté sans autre précision.

La Tunisie attend pour sa part de l'ancienne puissance tutélaire "que la France, premier partenaire commercial, réaffirme haut et fort son soutien aux autorités de transition", selon une source proche du ministère tunisien des Affaires étrangères.

"On a tourné la page du régime Ben Ali et on veut construire une autre Tunisie", a-t-on ajouté de même source, en indiquant que Tunis attend aussi que "Paris use de son influence au sein de l'Union européenne pour faire progresser rapidement le dossier sur le statut avancé".

Ce statut privilégié dans les relations avec l'Union européenne permet un traitement douanier préférentiel pour les échanges et une libéralisation des visas.

En Tunisie, les controverses qui entourent depuis plus de trois semaines les interventions sur le sujet de Michèle Alliot-Marie sont jugées révélatrices d'un malaise avec la France, accusée d'avoir fermé les yeux jusqu'au bout sur le régime Ben Ali.

Les médias tunisiens ont parlé de "grande maladresse" et d'"erreur" de la France, dont les liens étroits avec Zine Ben Ali, longtemps entretenus par la classe politique française, ont été maintes fois soulignés.

Rappelé le 26 janvier, l'ambassadeur de France à Tunis Pierre Ménat, remplacé par un spécialiste des situations de crise, Boris Boillon, jusque-là en poste en Irak, a fait les frais des erreurs d'appréciation de la diplomatie française sur la révolution tunisienne.

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