Maroc-Culture : Le lancement de la chaine de TV Amazighe participera-t-il au développement socio-économique de la population du Rif et de l’Atlas ?
Au Maroc, le lancement officiel de la première « vraie » chaine TV amazighe est prévu la semaine prochaine.
La date de lancement, annoncée par le gouvernement, a été respectée mais le budget alloué doit-être revu à la hausse si la chaine veut ambitionner à devenir productrice de biens culturels berbères.
Le lancement de chaînes de télévision ou de radio berbères ne doit pas occulter le problème principal qui est l’absence de culture amazighe écrite. Cette absence, et non des raisons politiques ou ethniques ou autres, constitue le principal obstacle à la diffusion et l’entretien de la culture berbère.
Depuis plus de 25 siècles, la majorité des berbères d’Afrique du Nord n’ont perpétué leur culture, leurs langues et dialectes que par voie orale.
Une culture qui n’est pas écrite serait-elle sauvée par la télévision? Ce qui est à craindre est qu’un jour on serait obligé de demander à l’ONU ou à l’UNESCO un fonds de sauvegarde des langues amazighs.
En Tunisie, en Mauritanie ou en Lybie, les berbères se sont complètement arabisés, les touaregs du désert n’avaient aucune difficulté à accepter l’Islam et s’arabiser, surtout que leurs relations avec les Arabes existaient bien avant l’arrivée de l’islam en Afrique, notamment des relations commerciales. En Algérie, les berbérophones constituent 12% de la population, touaregs compris. La majorité vivent ou viennent des régions montagneuses.
En Kabylie, tel le village gaulois dans les bandes dessinées « Astérix », la culture berbère résiste dans ce coin d’Algérie, malgré la politique arabisante et raciste de Boumediene dans les années 70, mais le reste de l'Algérie est devenu « arabe »° même certaines régions telles les Aurès, l’ « arabe »° algérien est devenu majoritaire.
Au Maroc, on peut estimer au minimum que 50% de la population est berbérophone, c’est à dire que sa langue maternelle est l’une des trois principales variantes de la langue amazighe(Tarifit, Tashelhit, Tamazight).
Si les associations aidées par un volontarisme d’état travaillent conjointement, le Maroc d’aujourd’hui, peut réussir ce que les berbères de l’Afrique du Nord n’ont pas réussi à faire depuis plus de 25 siècles, à savoir une culture qui s’apprend et que se transmet, à l’image des cultures arabes et européennes, dans des écoles, des universités et à la télé…
L’autre aspect qui concerne aussi les berbères du Maroc est celui du développement économique et de la lutte contre la pauvreté, la majorité du Maroc dit inutile se trouve dans les régions berbérophones, à savoir le moyen et le grand Atlas ainsi que le Rif. Le désenclavement de ces régions est en cours mais beaucoup de travail reste à faire.
° J’ai mis le mot « arabe » entre parenthèses pour indiquer qu’il s’agit d’un dialecte et quelques fois dans les villes, les gens mélangent un peu d’arabe et beaucoup de français. Un jour ou l’autre un linguiste étudiera la question