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Tuesday, September 14, 2010

Des canadiens pas gênés par le patriotisme économique algérien



Écrit par Oussama Nadjb
Contrairement à nombre de leurs pairs occidentaux qui parlent à mots couvert, les canadiens, diplomates et responsables d'entreprises, ne stressent pas devant la confirmation du cours « patriotique » de l’économie et nationale. Et ils le disent à mots ouverts.





C’est devenu presque une tradition. Quand les lois économiques changent en Algérie, les canadiens sont pratiquement les seuls à s’exprimer. Toujours de manière positive alors que les français ou allemands, en off en général, évoquent un « durcissement ». Par conviction, par diplomatie ou par souci de ménager leurs intérêts, les canadiens ont une appréciation qui ne peut que plaire au gouvernement algérien. C’est un fait, quand les médias canadiens, renseignés par les dépêches d’agence, s’affolent au sujet du « nationalisme économique » en cours, les diplomates canadiens à Alger ou l’entreprise canadienne la plus en vue en Algérie, SNC Lavalin, développent un discours très rassurant. Il n’y a pas dans cette attitude que du respect pour la souveraineté des choix de l’Algérie. Sur le site « Presse canadienne », un analyste qui a choisi de rester anonyme n’hésite pas à comparer la réorientation de la politique économique en menée ces deux dernières en Algérie avec la « Révolution tranquille » connue par le Québec dans les années 1960 et qui a été marquée au plan économique par la nationalisation des sept plus grandes compagnies hydro-électriques de la province et de les fusionner à Hydro-Québec. « Il y a un fort vent de nationalisme économique qui souffle sur l'Algérie. Les Algériens disposent d'importantes ressources naturelles et ils n'en profitent pas pleinement » souligne l’analyste anonyme. On se souvient qu’après le « choc » de la LFC 2009 qui a été évoquée – au grand dam des responsables algériens – dans un jeu de questions orales entre un député et ministre à l’assemblée nationale française, l’ambassadeur du Canada en Algérie, M.Patrick Parisot, s’est singularisé en soulignant que les changements introduits dans les lois sur l’investissement et le commerce ne gênaient guère les entreprises canadiennes.

Lavalin : « on se situe dans un marché à forte valeur ajoutée »

C’est à nouveau le cas avec la loi de finance complémentaire 2010 dont l’art 55 dispose que les « cahiers des charges des appels d’offres internationaux doivent prévoir l’obligation, pour les soumissionnaires étrangers, d’investir dans le cadre d’un partenariat, dans le même domaine d’activité, avec une entreprise de droit algérien, dont le capital est détenu majoritairement par des nationaux résidents ». La mesure vise à éviter que les couteux programmes d’investissement publics ne profitent qu’aux entreprises étrangères – c’est le grand reproche fait par les opérateurs aux précédents plans de relance – est présentée par l’agence Reuters comme une nouvelle restriction aux investissements étrangers. Le géant canadien de l’ingénierie, SNC Lavalin, qui connaît le terrain algérien, ne s’en inquiète pas outre mesure. Bruno Picard, vice-président principal au développement des affaires chez SNC-Lavalin Construction constate dans une déclaration à « Presse canadienne » qu’il est possible que les « entreprises locales - et c'est le souhait du gouvernement algérien - obtiennent une plus grand part du gâteau que dans le passé ». Ce souci de faire profiter les entreprises algériennes du nouveau plan quinquennal de 286 milliards de dollars ne dessert pas, selon lui, les intérêts de Lavalin. Bruno Picard considère même qu’un renforcement des entreprises algériennes est un atout pour son entreprise. « Que les entreprises algériennes soient plus fortes, ça veut dire que c'est encore plus facile pour nous de travailler avec elles. On se situe dans un marché de haute valeur ajoutée. Plus nos partenaires locaux sont solides, mieux c'est pour nous." Il n’empêche que Lavalin est en attente des modalités de mise en œuvre de cette mesure qui pourrait, « en tant que de besoin », précise la LFC, faire l’objet d’un arrêté conjoint des ministres des finances et du commerce.

Des éclaircissements attendus

Le responsable de Lavalin croit que son entreprise n’aura pas besoin de constituer une joint-venture pour chaque projet mais qu’une seule pourra répondre à différents appels d'offres. « On devrait voir comment le gouvernement algérien va articuler tout ça dans les premiers documents d'appels d'offres qui vont sortir dans les prochaines semaines pour des grands projets » a indiqué Bruno Picard qui se dit très optimiste sur la poursuite des affaires en Algérie. Lavalin, présente depuis des décennies en Algérie, a réalisé des revenus annuels de 500 millions de dollars au cours des cinq dernières années en Algérie. "Nous avons un engagement à long terme envers l'Algérie, a-t-il précisé. (...) On va continuer à s'adapter à ce marché-là comme on l'a fait au cours des 43 dernières années." Lavalin n’est pas la seule entreprise canadienne à se sentir à l’aise en Algérie. L’entreprise d’ingénierie- construction Dessau (ex-Dessau Soprin) qui a, en cinq ans, multiplié par dix son chiffre d’affaire en Algérie pour atteindre les 17,5 millions d’euros, a même fermé ses bureaux en Egypte, en Tunisie et au Maroc pour tout regrouper en Algérie. Les canadiens sont décidément à l’aise en Algérie. Et ils le disent.



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