Tuesday, January 11, 2011
Tunisie DECRYPTAGE 2011
DECRYPTAGE - Elles ne suffiront pas à apaiser le climat, selon spécialistes et acteurs sur le terrain...
Dans une allocution télévisée, le président tunisien Ben Ali a annoncé, lundi soir, plusieurs mesures afin de répondre au mécontentement des jeunes diplômés au chômage. Cela repose notamment sur la création de 300.000 emplois d'ici à 2012. Le président a également promis que 50.000 diplômés seraient engagés dans le secteur privé. Ces annonces ne suffiront pas à apaiser le climat, selon les spécialistes et acteurs sur le terrain contactés par 20minutes.fr.
Des mesures tardives et insuffisantes
Pour Khadija Chérif, secrétaire générale de la FIDH (Fédération Internationale des ligues des droits de l'homme), «c'est très bien mais cela arrive trop tard.» Même réaction de la part d'Olfa Lamloum, chercheuse à l'Institut français du Proche-Orient et spécialiste de la Tunisie. «Si c'était possible de le faire aussi rapidement, pourquoi ne l'a-t-il pas fait avant?», s'interroge-t-elle.
«Vu l'ampleur de la mobilisation, ce n'est pas une promesse aussi vide qui va changer la donne. C'est la première fois que la Tunisie connaît ces évènements depuis les émeutes du pain de 1984. Le malaise est très profond», poursuit la spécialiste. Il s’agit d’«effets d'annonces» liées à la situation chaotique, reprend Khadija Chérif. Malgré l'allocution, le pays a d'ailleurs connu une nouvelle nuit d'émeutes entre lundi et mardi. Des affrontements ont fait quatre nouvelles victimes à Kasserine.
Un gouvernement «discrédité»
Ces annonces démontrent que le président «se sent déstabilisé», estime Khadija Chérif. Il «aurait dû voir qu'une crise se préparait, être plus à l'écoute», estime-t-elle. Aujourd‚hui «le gouvernement est complètement discrédité», notamment par les violences policières et les nombreux morts parmi les manifestants. «Il s'agit de l'échec complet d'un système» qui perdure depuis 1987, date l'accession au pouvoir du président Ben Ali. «Politiquement, c'est un désastre», tranche la secrétaire générale de la FIDH.
Des réformes en profondeur attendues
Pour la secrétaire générale de la FIDH, Ben Ali «ne règle pas le problème dans sa globalité». «Il faudrait plus», assure-t-elle. «Ces annonces doivent s'accompagner d'une nouvelle attitude de la part des autorités. Il faut arrêter de réprimer et écouter réellement» les manifestants. Il ne fait même «aucune garantie», renchérit Olfa Lamloum. Le président Ben Ali «n'a pas proposé d'enquête sur ce qui s'est passé à Sidi Bouzid. Il n'a pas ouvert de négociations avec les représentants de cette jeunesse qui se mobilise. Il n'y a pas eu de changement de responsables qui ont commis ces massacres.» Pour Khadija Chérif, la solution au problème doit passer par un grand «débat national» dont l'objectif est de parvenir à «renouveler tout le personnel politique».
—Julie Rasplus
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