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Tuesday, January 11, 2011

Economie maghreb 2011


"Les promesses de Ben Ali sont peu crédibles"
Par Elie Patrigeon - publié le 11/01/2011 à 18:24


Lahcen Achy est économiste, chercheur au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient. Spécialiste du Maghreb, il a réalisé de nombreux travaux sur les économies de la région. Il décrypte la crise actuelle en Tunisie, en Algérie mais aussi la situation au Maroc et dans les pays proches.

Les pays du Maghreb ont connu un net ralentissement économique ces dernières années. La crise est-elle à l'origine de la flambée de violence en Tunisie et en Algérie?
En Tunisie, la grogne sociale résulte d'une accumulation de colères. La crise, notamment, y est pour quelque chose. Alors qu'en rythme annuel, la croissance tunisienne atteignait 5 à 6%, elle s'est contractée à 3,1% en 2009 et devrait atteindre 3,8% en 2010. Le pays est très dépendant des pays européens et subit les contrecoups de leur ralentissement. Les exportations, le tourisme, les transferts financiers de l'émigration sont largement affectés par la récession en Europe. Les envois de fonds des travailleurs en 2010: c'est un peu moins de 2 milliards de dollars en baisse de 5% par rapport à 2009 alors que les recettes touristiques, environ 2,4 milliards de dollars en 2010, sont en baisse de 7% par rapport à 2009. A ces mécontentements s'ajoutent des revendications politiques pour plus de participation qui ne sont pas nouvelles mais qui s'accentuent.

En Algérie, les problèmes économiques sont une tendance de long terme et le pays a une tradition de manifestations violentes. Le pays dispose de beaucoup de ressources, notamment pétrolières, qui permettent au pays d'afficher un endettement extérieur de 10% du PIB et de disposer de réserves d'argent importantes. Pour autant, l'économie algérienne est mal gérée et n'est jamais passé à l'économie de marché, malgré plusieurs tentatives. Elle n'a jamais connu les performances de l'économie tunisienne. Les ressources pétrolières sont mal réparties et la corruption est endémique.

A titre d'exemple, le dernier plan quinquennal, qui s'étend de 2010 à 2015, est budgété à hauteur de 286 milliards de dollars dont 150 milliards pour achever les projets du plan précédent. Il y a un problème structurel de gaspillage et de mauvaise gestion.

Les annonces du président Ben Ali suffiront-elle à calmer les esprits?
La Tunisie crée 70.000 emplois par an et le président souhaite doubler ce rythme pour atteindre 300.000 en deux ans. Je ne vois pas comment il pourra tenir cet objectif. La reprise européenne, dont dépend le renforcement de l'économie tunisienne, est encore trop faible pour susciter des créations d'emplois aussi nombreuses. D'autant plus que les troubles actuels risquent de ralentir les investissements européens et réduire le tourisme, qui sont pourtant les deux moteurs de l'économie. Quant à la fonction publique, la marge de manoeuvre est limitée. Le pays est endetté à hauteur de 48% du PIB et le pays n'a pas les ressources budgétaires suffisantes pour augmenter ses effectifs de fonctionnaires. D'ailleurs, en proposant des exonérations de charge aux entreprises, c'est surtout au secteur privé que Ben Ali s'adressait.

A bien des égards, le Maroc est confronté à des problèmes similaires que ces deux voisons. Pourquoi ne connaît-il pas les mêmes manifestations?
La situation marocaine est difficile. Le chômage des jeunes est très élevé. Mais le pays est mieux géré que l'Algérie. Il y a une véritable vision économique, avec des investissements ciblés. L'automobile, avec l'implantation de Renault, le tourisme ou encore le port de Tanger en sont des exemples. Le gaspillage et la corruption y sont moins présents.

De plus, à l'inverse de la Tunisie, les espaces de participations politiques et civiques sont plus grands. Le pays a connu une véritable alternance et les partis d'opposition comptent au Parlement. Le Maroc se situe dans le cadre d'une monarchie parlementaire où sont autorisés la contestation - il y a eu des manifestations récemment devant le Parlement- et où les associations tiennent une place importante. Ces dernières jouent un vrai rôle dans la lutte contre la pauvreté.

La Libye et la Jordanie ont annoncé des mesures de subventions des produits alimentaires de base. Craignez-vous une extension des manifestations à d'autres pays?
Les gouvernements sont vigilants. Les pays du Maghreb, tout comme ceux du Moyen-Orient, connaissent deux problèmes identiques. Le chômage des jeunes est, partout, une préoccupation. D'autre part, la hausse des prix agricoles fait craindre pour la sécurité alimentaire de ces pays. En 2008, il y avait déjà eu des émeutes de la faim en Egypte. Ces pays ont tiré les leçons de ce passé.

Croyez-vous à une sortie de crise rapide?
Le discours du président Ben Ali a fait passer deux messages contradictoires : la priorité sur l'emploi et la fermeté face aux "terroristes". Cela n'a pas été bien reçu. Les promesses sur l'emploi sont peu crédibles, et jugées comme telle par les Tunisiens. S'il avait les moyens de créer 300.000 emplois, pourquoi ne l'aurait-il pas déjà fait? De plus, il n'a apporté aucune réponse sur les problèmes institutionnels et politiques. Les risques de soulèvements persistent donc.

En Algérie, le mécontentement ne s'est pas dirigé aussi directement contre le pouvoir en place. Le pays a les moyens et les ressources d'améliorer les conditions de vie de ses habitants. Malgré cela, même si le gouvernement a pris des mesures contre les hausses de prix, il n'y a pas d'évolution notable en matière de gestion de l'économie.

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