Tuesday, September 21, 2010
Une nouvelle étape dans la relation France-Algérie
Arezki Aït-Larbi
Au point mort depuis deux ans, les relations franco-algériennes commencent de nouveau à se réchauffer.
La dernière crise a commencé en août 2008, par l'arrestation du diplomate algérien Mohammed Ziane Hasseni, mis en examen par la justice française pour son implication présumée dans l'assassinat, en avril 1987 à Paris, d'André-Ali Mécili, avocat au barreau de Paris. Plaidant l'homonymie, Alger hausse le ton, dénonce une violation des us diplomatiques, et exige le non-lieu.
En juin 2009, les déclarations d'officiels français imputant la mort, en 1996, des sept moines de Tibéhirine à une probable bavure de l'armée algérienne ont fait le reste pour brouiller la ligne Alger-Paris. La visite d'État que devait effectuer le président Bouteflika en France est alors reportée sine die.
En toile de fond, les séquelles de la guerre d'Algérie s'invitent de manière récurrente dans le débat. Aux blessures mal cicatrisées de part et d'autre de la Méditerranée se sont greffées des manœuvres politiciennes autour du «devoir de mémoire». Si la France a fini par renoncer à glorifier «le caractère positif de la colonisation», les caciques du FLN brandissent encore la menace d'une loi sur les «crimes coloniaux».
Depuis le 20 juin dernier, la visite de Claude Guéant à Alger, où il a été reçu par le président Bouteflika, a amorcé une normalisation feutrée. Alger retrouve le sourire avec la sortie du film Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois, qui a sanctifié la vie des moines de Tibéhirine, sans se perdre sur la piste des auteurs de leur exécution. Le non-lieu, accordé le 31 août par la cour d'appel de Paris à Mohammed Ziane Hasseni, ouvre la voie à la reprise du dialogue. «Un verdict dicté par la raison d'État» dénonce l'opposition algérienne, qui craint de voir le dossier remis sous le coude. Selon des sources crédibles, Abdelmalek Amellou, l'assassin présumé de Me Mecili, coulerait des jours tranquilles au Club des Pins, la station balnéaire sécurisée de la nomenklatura, sur la côte ouest d'Alger.
Raffarin chargé de mission
Exit donc les sujets qui fâchent, place au négoce. Et c'est Anne-Marie Idrac, la secrétaire d'État au Commerce extérieur, qui a ouvert, dimanche, le bal des retrouvailles, accompagnée d'une forte délégation d'hommes d'affaires. Sa mission est de baliser le terrain à Jean-Pierre Raffarin, chargé par le président Sarkozy «d'identifier et de lever les obstacles entre la France et l'Algérie pour leurs investissements économiques respectifs». Premier partenaire économique de l'Algérie, la France a été taclée ces dernières années par plusieurs concurrents, d'Europe et du Moyen-Orient, qui ont raflé de nombreux marchés.
Dans ces retrouvailles qui risquent d'occulter la violation des libertés et la répression pour «délit de culte», c'est un vieil «ami de l'Algérie», Jean-Pierre Chevènement, qui risque de jouer les trouble-fête. Au Centre culture français d'Alger, il anime, ce mardi, une conférence sur le thème: «démocratie, religion et laïcité».
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