Tuesday, September 21, 2010
Algerie miser sur les entreprises locales
Programmes de développement
L'Algérie cherche à changer sa façon de faire des affaires : elle voudrait accorder davantage la priorité aux entreprises nationales et durcir les critères relatifs aux sociétés étrangères qui cherchent à obtenir une part du gâteau de cette économie en croissance rapide. Néanmoins, "on ne sait pas encore si ces nouvelles réglementations seront appliquées de façon stricte, sachant que le gouvernement avait fait appel à des entreprises d'Europe, de Russie, des Etats-Unis et d'Asie pour qu'elles investissent dans l'économie algérienne. De plus, bien que le gouvernement accélère le développement de grandes entreprises dans le secteur privé, ce processus prend du temps et, du moins dans certains domaines, les fournisseurs de services locaux ne pourront pas répondre aux exigences établies par l'Etat", note le dernier rapport du cabinet de consulting britannique Oxford Business Group. Celui-ci rappelle que quelque 130 milliards de dollars du programme d'investissement de 2010-2014 doivent être dépensés dans des domaines d'envergure, tels que les infrastructures de transport et de services. Le reste du budget doit être utilisé pour d'autres travaux publics et pour des projets de logement, ainsi que pour des programmes d'appui aux secteurs de l'agriculture, de l'éducation, de la formation et de l'aide au commerce. Ce programme, d'une durée de cinq ans, représente une occasion en or pour les entreprises, et de nombreuses sociétés étrangères ont déjà manifesté leur intérêt. En effet, certains des anciens projets algériens d'infrastructures avaient été accordés à de grandes sociétés internationales provenant de pays allant de l'Espagne à la Chine. Aussi, Oxford business Group note que "pour que le gouvernement atteigne tous les objectifs qu'il s'est fixés dans le cadre de ce programme, il faudra qu'il réussisse à trouver ce délicat équilibre qui consiste à encourager l'engagement des entreprises étrangères qui apporteront leur savoir-faire tout en amplifiant le rôle joué par les sociétés locales dans l'expansion de l'économie".
Il rappelle, dans ce contexte, que dans le cadre de nouvelles règles annoncées à la mi-juillet, les sociétés locales bénéficieront d'un traitement préférentiel lors des appels d'offres publiques, dans la mesure où leurs propositions ne dépassent pas plus de 25% celles des entreprises étrangères. Les anciennes règles fixaient cette limite à 15%. Les réglementations prévoient également que tous les contrats publics doivent faire l'objet d'un appel d'offres à l'échelle nationale auquel seules les sociétés algériennes peuvent répondre. Les sociétés étrangères ne seront invitées à effectuer leur soumission que si le contrat n'est pas accordé à une entreprise locale. Le changement doit être consolidé par le gouvernement au moment où il remettra un budget supplémentaire, ce qu'il devrait faire au courant du mois d'août. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a annoncé que la loi extrabudgétaire mettra l'accent sur la volonté du gouvernement à acheter local. "La loi budgétaire de 2010 correspond à ce qui a déjà été décidé : les sociétés nationales représentent une priorité", a expliqué M. Djoudi le 22 juillet dernier. En plus des efforts visant à favoriser l'engagement à l'échelle locale par le biais des soumissions et des projets, le gouvernement considère également l'adoption d'une loi qui prévoirait la manière dont l'Etat déterminerait le prix des entreprises possédées par les étrangers qu'il voudrait acheter. Si cette loi est édictée, lorsque l'Etat voudra acheter des actions d'entreprises algériennes possédées par des sociétés étrangères, le prix sera fixé par l'évaluation d'un expert et non par la valeur sur le marché. Cette mesure permettrait à l'Etat de combattre la spéculation, de faciliter l'accès à l'investissement international aux sociétés locales et de "protéger l'économie nationale des effets négatifs de la crise financière mondiale". OBG note enfin que ces nouvelles réglementations sont loin d'être exclusives à l'Algérie : on a recours à la passation de marchés et aux règles d'appel d'offres préférentielles partout dans le monde, que ce soit aux Etats-Unis, en Afrique du Sud ou au Brésil.
Klilya B.
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