Friday, August 27, 2010
cloud computing
FRÉDÉRIC DUSSART
Le « cloud computing » : une opportunité pour les pays émergents
FRÉDÉRIC DUSSART EST SENIOR VICE-PRESIDENT D'EMC POUR LA RÉGION EUROPE DU SUD, AFRIQUE ET MOYEN-ORIENT.
Dans une précédente tribune, j'avais dit combien je croyais dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) pour accélérer le développement économique, social et humain dans l'espace euro-méditerranéen et rapprocher les deux rives. Aujourd'hui, le « cloud computing » offre une opportunité nouvelle et unique pour accélérer ce processus et porte ainsi en lui la promesse de la réduction de la fracture numérique. Qu'il désigne l'accès via Internet à des applications (SaaS, pour Software as a Service), à des environnements de développement (PaaS, pour Platform as a Service) ou à des ressources de type IaaS (Infrastructure as a Service), le « cloud computing » est indéniablement une évolution majeure pour les entreprises, les administrations et les particuliers.
Les avantages, nombreux, sont connus : mutualisation du matériel, donc optimisation des coûts, légèreté et souplesse d'une structure disponible sans limite géographique, tolérance aux pannes. En somme, un parc d'infrastructures partagées et flexibles, simple à mettre en place, sans dépendance technologique ni engagement, n'occasionnant que de faibles frais de fonctionnement et rationalisant de surcroît la consommation énergétique.
L'enjeu de ce nouvel écosystème est sans doute plus grand encore pour les pays émergents. En effet, le nuage (« cloud ») devrait redistribuer les cartes et permettre l'accès des pays les moins avancés, ou en développement, à des technologies de pointe jusqu'ici réservées aux pays développés. A l'aube des années 2000, l'avènement de la téléphonie mobile avait permis de pallier le manque d'infrastructures de téléphonie filaire dans les pays en développement. Ces derniers peuvent aujourd'hui, en entrant de plain-pied dans l'ère de l'informatique dématérialisée, réaliser un bond technologique similaire.
L'enjeu n'est pas seulement technologique ou économique. Il est aussi, et surtout, social, sociétal et humain. En témoignent des projets conjoints d'universités du bassin méditerranéen et des Etats-Unis, qui prônent le recours au « cloud » pour réduire les coûts de l'imagerie médicale. En se connectant à un serveur dans le nuage, un expert médical basé aux Etats-Unis pourra interpréter des données récoltées localement à l'aide d'un scanner et transmettre au personnel soignant sur place un diagnostic.
L'Etat aura, dans cette optique, un rôle moteur à jouer. En premier lieu, parce que le « cloud » est un moyen pour les administrations d'accélérer leur propre modernisation, d'offrir un meilleur service aux citoyens et de réduire leurs coûts. Ensuite, parce qu'il lui incombe de montrer la voie de l'innovation et d'inciter les entreprises à bâtir les grandes centrales numériques de demain. En favorisant l'émergence d'une industrie d'externalisation des infrastructures, les gouvernements locaux contribueront à rendre leurs entreprises plus compétitives sur un marché mondial qui devrait progresser de 725 millions d'euros aujourd'hui à plus de 2 milliards d'euros en 2013, selon le cabinet d'études IDC. A la clef, des créations d'emplois qualifiés, la mise en oeuvre et la gestion d'architectures complexes impliquant le recours à l'« outsourcing » (conseil, installation, déploiement, etc.). Une population jeune, presque née avec Internet, possède justement tous les atouts pour participer au développement d'un secteur aussi porteur. Enfin, les Etats devront absolument garantir la sécurité du « cloud », notamment pour attirer les clients étrangers. On le sait, les technologies, y compris celles qui sont malveillantes, évoluent plus vite que les institutions n'agissent…
Prouesse technologique, levier de croissance, le « cloud computing » pourrait aussi induire des rapprochements politiques à l'échelon régional. A terme, on pourrait par exemple imaginer un « datacenter » commun à plusieurs Etats de la région sud de la Méditerranée, qui favoriserait ainsi une intégration régionale plus poussée. Et pourquoi ne pas rêver à un nuage euro-méditerranéen dans le tout nouveau cadre institutionnel de l'Union pour la Méditerranée ? Car l'intégration de la zone méditerranéenne, j'en suis convaincu, est un formidable réservoir de croissance.
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