Saturday, August 07, 2010
Centenaire de Alioune Diop, fondateur de la maison d'édition Présence africaine
Hommage à un grand homme de lettres
De nombreuses manifestations ont eu lieu. Au mois de janvier 2010, une plaque commémorative a été apposée sur la façade de sa maison natale à St Louis, un concours de poésie et de langues a été organisé au sein des écoles du Sénégal et finalement, un colloque a réuni des universitaires venus de tous les horizons d’Afrique et de la Diaspora. Le colloque avait pour thème : «Alioune Diop, l’Homme et son œuvre face aux défis contemporains». Parmi les invités de marque, on notait notamment la présence de Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature, la plupart des écrivains sénégalais dont l’écrivain, Cheikh Hamidou Kane, auteur de «L’Aventure ambiguë» du poète Amadou Lamine Sall, de Senghor et de l’ancien directeur général de l’UNESCO Amadou Mahtar Mbow. Durant 3 jours, les éminents universitaires ont revisité l’œuvre d’Alioune Diop et rappelé le rôle qu’il a joué dans l’émancipation des peuples noirs. Les témoignages que nous détenons de ses contemporains constituent un héritage précieux pour cerner la personnalité captivante de cet homme de culture, généreux et discret qui a marqué cette fin du 20e siècle. Wole Soyinka, Prix Nobel de Littérature et président de la communauté africaine de culture a souligné «le rôle de visionnaire et de missionnaire qu’Alioune Diop a tenu pour la défense de la race noire». Dans son allocution il a magnifié l’œuvre de l’éditeur sénégalais et a invité la jeunesse à s’en inspirer. «Nous avons eu le privilège d’être des compagnons d’Alioune Diop. Il nous a enseignés que l’esprit de guerre contre le barbarisme n’a pas de limite. Ce message est toujours d’actualité. Il appartient aux jeunes de s’en approprier car la culture reste un vaste champ de bataille… Alioune Diop a montré la voie qui mène vers la libération de la pensée négro-africaine» Wole Soyinka, Prix Nobel de Littérature 1988. Notes biographiques Alioune Diop est né le 10 janvier 1910 à St Louis-du-Sénégal, ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (AOF). Le jeune Alioune fréquente l’école coranique comme tous les enfants de famille musulmane. Cependant, ses tantes maternelles catholiques l’initient au dogme chrétien. Alioune Diop se convertit plus tard au christianisme dans la nuit de Noël 1944 à Saint-Flour dans le Cantal. Il reçoit son baptême catholique sous le nom de l’apôtre Jean. Alioune Diop fréquente d’abord l’école publique de Dagana où il accomplit le cycle d’études primaires et ensuite le lycée Faidherbe de Saint Louis-du-Sénégal. En 1931, il réussit son baccalauréat d’études classiques avec latin et grec. Il est appelé la même année sous les drapeaux et fait son service militaire à Thiès (Sénégal). En 1933, il se rend à Alger, n’ayant pas pu bénéficier d’une bourse d’études pour la France afin d’entreprendre des études universitaires. Il obtient sa licence es-lettres classiques et un diplôme d’études supérieures. Il enseigne dans divers établissements français, avant d’être élu représentant du Sénégal en 1946 au sénat français. De 1947 à 1980, il dirige la maison d’édition «Présence Africaine», entourée d’un groupe d’intellectuels africains, français et de la Diaspora afro-américaine. Il est décédé le 2 mai 1980 et a été enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Lors de son oraison funèbre, le président-poète, Léopold Sédar Senghor l’a qualifié de Socrate noir. En hommage au premier éditeur francophone d’Afrique noire, l’Organisation internationale de la francophonie a créé en 1982, un prix d’Edition Africaine Alioune Diop. Ce prix est décerné tous les deux ans à la Foire internationale du Livre et du matériel didactique de Dakar (FILDA). La Maison de la culture Douta Seck à Dakar a donné son nom à l’une de ses salles. Carrière professionnelle Muni de sa licence es-lettres, Alioune Diop occupe plusieurs postes dans l’enseignement. Lors des élections de 1948, il perd son poste de sénateur à Paris au profit du Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) de Mamadou Dia qui l’emporte. Déjà en tant que sénateur, Alioune Diop se consacre à ses activités culturelles. Il crée la revue «Présence Africaine» en 1947 et deux ans plus tard, la maison d’édition qui porte le même nom au quartier latin de Paris. Alioune Diop, pionnier dans le domaine de l’édition a ouvert la voie aux écrivains en les faisant connaître. Il a permis ainsi à des écrivains aujourd’hui considérés comme des classiques de la littérature africaine d’exprimer leurs idées et de défendre leurs opinions. Il a eu le courage d’imprimer la thèse de Cheikh Anta Diop «Nations Nègres et Cultures». En effet, toutes les Maisons d’édition parisiennes avaient refusé d’éditer l’ouvrage scientifique du savant sénégalais. Alioune Diop a publié tous les grands écrivains de la littérature africaine et de la Diaspora : Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Jacques Rabemananjara, Sembène Ousmane, Ferdinand Oyono,Richard Wright, George Padmore Aoua Keita… Les plumes les plus prodigieuses de l’intelligentsia noire y publient des articles percutants. Léopold Sédar Senghor sera présent avec 16 articles entre 1947 et 1960. Grâce à son acharnement sans faille, de nombreux auteurs africains sont sortis de l’anonymat. Alioune Diop a entrepris une véritable croisade culturelle afin d’imposer la littérature et la culture africaines et leur donner ainsi leurs lettres de noblesse. Les manifestations culturelles : réalisations d’Alioune Diop Parmi les thèmes qui préoccupent les intellectuels africains à l’orée de l’Indépendance, la question de l’art revient dans presque tous les débats sous forme d’interrogation. (A suivre) P. H.-F.
07-08-2010
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