Saturday, August 07, 2010
Regain d’intérêt pour les palais et les musées d’Alger
Les musées et les palais anciens de la capitale connaissent ces derniers temps un afflux relativement important des amateurs de monuments historiques, ceux-là mêmes qui auront choisi de joindre l’utile à l’agréable en cette période de délassement estival. Les palais de la ville d’Alger qui étaient les demeures des familles régentes pendant la période ottomane sont ainsi (re)devenus des lieux de prédilection pour les férus d’histoire, les personnes en quête de retour aux sources, notamment les Algériens établis à l’étranger, et les touristes étrangers. C’est que ces hauts lieux d’histoire, de culture et d’esthétisme architectural convient le visiteur à un véritable voyage dans le temps. Et ce sont des familles entières ainsi que des groupes de jeunes et de moins jeunes qui bravent la canicule pour prendre part à ce voyage, qui permet de replonger dans la mémoire et de remonter les siècles. C’est le cas de cette famille algérienne établie en France, franchement séduite par le Palais des Raïs (Bastion 23), cet édifice ancien perché sur une falaise face à la mer, à Quaâ-Essour (bas du rempart), à proximité de la mythique Place des Martyrs. «Nous sommes venus visiter ce palais antique car il nous rattache à nos racines, tout simplement», dit Achour, visiblement fier que son épouse et sa fille soient de l’»expédition». Nostalgique et bon père, il confesse : «Bien qu’ayant vécu ma jeunesse à Alger, je n’ai jamais visité ce palais, mais depuis que j’ai quitté cette ville, je ressens le besoin de me replonger dans tout ce qui me lie à mes racines algériennes. J’aimerais aussi que ma fille s’imprègne de la personnalité algérienne authentique et prenne connaissance des hauts faits de l’histoire de notre pays». Il déplore toutefois le fait que les dessins et autres figures géométriques ornant les plafonds du Palais des Raïs soient «dépourvus de légendes permettant de les dater et de déterminer la civilisation à laquelle ils appartiennent». Sa fille, quant à elle, regrette l’absence de mobilier d’époque et le dit : «C’est dommage qu’il n’y ait pas de meubles dans les pièces luxueuses de ce palais, ce qui nous aurait donné une image plus précise de la vie des gens qui habitaient les lieux». Un groupe de jeunes filles venues de la banlieue d’Alger et d’Oran se disent, elles, subjuguées par l’architecture du palais. «Cette architecture savamment conçue reflète l’ingéniosité de ses concepteurs. J’ai surtout été frappée par le hammam qui exploitait les eaux de pluie pour son fonctionnement, et par le système d’évacuation des eaux», a indiqué l’une d’entre elles. L’Oranaise trouve, pour sa part, que ce palais est l’un des monuments de la capitale qui l’ont le plus impressionnée. «J’ai visité, dit-elle, beaucoup de régions, mais ce lieu historique m’a marquée davantage et m’a permis d’avoir une idée plus précise de la vie ancienne et des habitants qui accordaient un grand intérêt à l’aspect esthétique», a-t-elle ajouté. Visiblement ravis, des responsables du Bastion 23, l’autre nom du Palais, confirment le grand attrait qu’exerce ce monument durant la trêve estivale, notamment depuis sa restauration il y a près de dix ans. Et pour cause, c’est «l’un des plus importants bâtiments symbolisant l’histoire de la Médina d’Alger», souligne-t-on. L’histoire du Palais des Raïs, classé patrimoine universel en 1992, remonte à la construction, sur une falaise face à la mer, d’une fortification que l’on désignait par le vocable de Quaâ-Essour, destinée au renforcement des points de défense de la basse médina. La batterie était également connue sous le nom de Topanet Arnaout Mami à cause des pièces d’artillerie érigées par le raïs Mami Arnaout au XVIe siècle. Ensemble architectural constitué de palais et de maisons mauresques, le Palais des Raïs est une partie intégrante du tissu urbain de la Médina d’El Djazaïr qui comptait plusieurs quartiers à l’époque ottomane (XVIe/XIXe siècles). Pendant la période coloniale, le palais des Raïs, à l’instar de tous les autres palais, a été exploité par les militaires français du génie. Hormis le palais des Raïs qui attire le plus grand nombre de visiteurs, il existe, rappelle le chef de la communication auprès de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels, M. Mohamed Ben Meddour, plusieurs autres palais antiques qui, à l’époque ottomane, servaient de résidence à la classe gouvernante de la Basse Casbah et dont certains sont ouverts aujourd’hui au public. On cite notamment «Dar Aziza», «Dar Khdaouedj el Amia» et «Dar Mustapha Pacha», alors que le reste de ces bâtisses anciennes est exploité par certaines structures relevant du ministère de la Culture. Situé en face de la mosquée séculaire de Ketchaoua, le palais «Dar Aziza» a été rouvert en avril dernier au public et reçoit quelque 30 personnes par jour en moyenne pour des visites guidées. Tous les palais de la Basse Casbah portent le même cachet en matière de motifs décoratifs et de formes: des chambres harmonieusement alignées en forme circulaire avec un patio orné d’une fontaine en marbre et entouré de colonnes torsadées, des murs et des plafonds merveilleusement décorés et un plancher pavé de marbre. De son côté, le Musée des arts et des traditions populaires, «Dar Khdaouadj el Amia», connaît une forte affluence. Il se distingue par ses petites chambres et sa terrasse qui donne sur la façade maritime. «Cette terrasse nous renseigne sur l’opulence dans laquelle vivaient la classe gouvernante et les familles richissimes de cette époque et témoigne de la vie paisible et sereine que menaient les habitants de la Casbah», dira un visiteur. Le Musée national de l’enluminure, de la miniature et de la calligraphie (palais Mustapha-Pacha, Alger) édifié en 1797 à la basse casbah constitue un authentique chef-d’úuvre qui, selon son directeur M. Mustapha Belkahla, se distingue par son style architectural ancien et ses merveilleux tableaux. Le responsable du musée affirme que les lieux sont de plus en plus fréquentés et que son objectif est d’attirer les enfants, les visiteurs du futur, par l’organisation à titre d’exemple d’ateliers pour l’enseignement de la calligraphie arabe, un art raffiné qui contribue au développement de la personnalité de l’enfant. «Je suis agréablement surpris par ce fait que même les visiteurs profanes, algériens et étrangers, manifestent un vif intérêt pour ce palais et se montrent sont avides de connaître les plus infimes détails sur les objets d’art exposés», s’est-il réjoui. Mais ces palais antiques, de véritables joyaux au cúur de la capitale, exigent bien plus d’efforts, d’imagination et d’abnégation pour espérer un jour élever l’ensemble au rang de «Mecque des touristes». Agence
08-08-2010
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