Thursday, January 20, 2011
Algérie regard sur la Tunise 2011
Algérie: les yeux rivés à l'est vers la révolution à la tunisienne
(AFP)
ALGER — L'Algérie, elle-même secouée début janvier par des émeutes sociales, a les yeux rivés sur la "Révolution du jasmin" qui a balayé le régime autoritaire de la Tunisie voisine et pourrait faire des émules chez elle.
L'exemple tunisien "hante l'esprit des autorités", écrivait jeudi Le Quotidien d'Oran, et pourrait encourager aussi une population algérienne exposée aux mêmes problèmes, notamment une jeunesse diplômée et sans emploi.
Les étudiants de l'Université Mouloud-Mammeri, à Tizi-Ouzou, principale ville de Kabylie à une centaine de kilomètres à l'est d'Alger, ont ainsi annoncé qu'ils soutiendraient une marche interdite, mais maintenue pour samedi dans la capitale. Elle est organisée par un parti d'opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, 19 députés sur 385) pour réclamer une ouverture démocratique.
L'état d'urgence en vigueur depuis 1992 interdit tout rassemblement de ce type.
"L'impressionnante mobilisation du peuple tunisien, particulièrement celle de la jeunesse" doit "inspirer et motiver tous les patriotes de l'Afrique du nord", soulignent les étudiants dans communiqué, se disant prêts à en découdre avec "un demi-siècle d'autoritarisme, d'oppression et de mépris".
"Nous en avons assez des promesses, nous voulons du concret car les solutions conjoncturelles au profit des jeunes ont montré leurs limites", proclamait Mounir, invité à un forum sur la jeunesse mercredi au Parlement et cité par El Watan.
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) et quatre syndicats autonomes algériens devaient se rencontrer vendredi pour trouver les moyens d'"empêcher la marginalisation d'un nombre de plus en plus important de jeunes et, par la même occasion, empêcher que le pays ne s'enfonce encore plus dans le chaos", indiquait un communiqué.
A en croire Le Quotidien d'Oran, "les services de sécurité sont en état d'alerte maximum et les walis (préfets) et les administrations locales ont été instruits d'avoir à ne prendre aucune décision ou initiative risquant d'envenimer la tension sociale".
Le gouvernement avait réagi très vite aux cinq jours d'émeutes début janvier qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés, presque tous des policiers. Il a fait baisser les prix de première nécessité, huile et sucre, qui flambaient depuis le début de l'année.
Il a assuré la population qu'il continuera à subventionner d'autres produits, dont la farine, et vient d'acheter environ un million de tonnes de blé en quinze jours.
Mais ces mesures n'ont pas calmé les esprits dans ce pays richissime en hydrocarbures. En une semaine jusqu'à mercredi, huit personnes se sont immolées par le feu, même si certains cas ont été qualifiés de "psychiatriques" par les autorités locales.
Ce "suprême recours d'un citoyen désespéré qui ne trouve point une oreille attentive", ainsi que le qualifie le sociologue Saïb Musette, rappelle le geste du jeune Tunisien le 17 décembre qui avait ainsi mis le feu aux poudres dans son pays.
Le malaise social touche, tout comme en Tunisie, d'abord les jeunes qui voient leur avenir bouché: nombre d'entre eux sont diplômés mais au chômage. Un chômage qui touche au moins 20% d'entre eux alors que 15 millions des quelque 36 millions d'Algériens ont moins de 30 ans, selon les autorités.
Copyright © 2011 AFP
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment