Tuesday, August 24, 2010
Réhabilitation du patrimoine immobilier : 5 milliards de dinars pour le centre de la capitale
Un diagnostic du bâti d’Alger a touché 17.617 immeubles dans 7 communes.
- 1.600 bâtisses concernées par les travaux, soit 20.200 logements, sur une échéance de 4 ans.
- Les premiers travaux de réhabilitation sont engagés à la rue Larbi ben M’hidi.
- Les couleurs des façades et le type des matériaux de construction utilisés dans le revêtement des voiries seront réglementés.
Peut-on redonner un jour à Alger sa vraie dimension de capitale méditerranéenne ? C’est en tout cas le souhait de ses responsables qui ont présenté, hier, lors d’une conférence de presse, à laquelle a assisté le chef du cabinet du wali d’Alger, le diagnostic socioéconomique de l’hyper centre de la wilaya d’Alger.
Il s’agit en fait d’un « ambitieux » programme de réhabilitation du patrimoine immobilier du centre d’Alger et du développement de son cadre urbain à travers la réhabilitation du vieux bâti et l’aménagement des espaces extérieurs dont sont concernées dans une première étape 7 communes parmi les plus importantes d’Alger. Et, à en croire les conférenciers, il ne sera désormais plus question de procéder à de simples opérations de badigeonnage ou autres travaux de « bricolage » comme ce fut le cas par le passé. En outre, et grâce à la charte publique de l’espace, les couleurs des façades et des fenêtres ou encore le type des matériaux de construction utilisés dans le revêtement des voiries seront réglementés. Fini donc le temps où chacun opte et choisit le décor à sa guise.
A ce sujet, des études approfondies ont été effectuées sur l’ensemble des bâtisses avant d’aboutir à la mise en place d’un système d’information géographique (SIG) qui comprend des fiches d’enquêtes dans des banques de données où l’on trouve tous les détails des immeubles (adresse, ancienneté, l’état de vétusté, etc.) et qui identifie également les immeubles qui menacent ruine, au nombre de 259 sur un total de 17.617 touchés par les diagnostic dans les sept communes en question.
«De par sa valeur inestimable de point de vue historique et urbanistique, il était de ce fait urgent de sauvegarder ces bâtisses en lançant une vaste opération de réhabilitation qui connaît un essor important», explique le directeur du logement de la wilaya d’Alger, Mohamed Smaïl qui justifie le retard pris dans cette initiative par la nécessité de procéder d’abord à ce qu’il qualifie de «nettoyage» de la capitale en éradiquant les bidonvilles.
Les premiers travaux ont débuté dans la rue Larbi Ben M’hidi (ex-rue d’Isly) où 17 immeubles sont concernés sur une période de 6 six mois et ce, après une opération pilote qui a touché l’avenue du 1er Novembre (place des Martyrs). Au final, les travaux dans les 7 communes en question coûteront une enveloppe de 5 milliards de dinars pour une échéance de 4 ans et devront concerner quelque 1.600 bâtisses, soit un total de 20.200 logements.
Le directeur de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme de la wilaya d’Alger insiste sur la nécessité de l’adhésion de la population dans ce chantier et reconnaît que de nombreuses contraintes sont rencontrées sur le terrain. A ce propos, Abdelkader Djellaoui citera le désordre causé par le câbles des réseaux de téléphonie et d’électricité qui ont créé une véritable «toile d’araignée», les antennes paraboliques et les climatiseurs qui écument les balcons, l’image désolante des terrasses des immeubles qui sont squattées.
«Il a fallu 3 mois pour dégager les câbles électriques»
Et à propos des réseaux de téléphonie et d’électricité, des conventions-cadres ont été signées avec Algérie Telecom et Sonelgaz en vue de procéder à l’enfouissement des câbles ce qui devient, selon le conférencier, une urgence car selon lui, on ne peut réussir la réhabilitation du bâti sans l’enfouissement des câbles électriques et téléphoniques. D’ailleurs, l’aveu du directeur de l’aménagement et de la restructuration des quartiers d’Alger, Abdelkader Guida, est révélateur à plus d’un titre lorsqu’il confie qu’il a fallu trois mois de «va-et-vient» pour dégager les câbles électriques d’un immeuble de la rue Larbi Ben M’hidi. L’autre contrainte soulevée et elle n’est pas de moindres a trait à « l’absence » d’entreprises du bâtiment « compétentes » et capables d’accompagner ce processus. On évoque à titre illustratif l’inexistence d’un échafaudage moderne chez les dix soumissionnaires qui ont soumissionné pour une tranche des travaux engagés à la rue Larbi ben M’hidi. «Par voie de conséquence, l’avis d’appel d’offres s’est avéré infructueux et nous sommes contraints d’en lancer un autre», déplore le directeur de l’urbanisme de la wilaya d’Alger en indiquant que la réhabilitation du patrimoine immobilier d’Alger devait connaître des priorités. «Il fallait savoir par où commencer et ce qui doit être prioritaire», expliquera-t-il encore, révélant que les bureaux d’études ont conclu que la priorité sera donnée aux grands boulevards (Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi, Malika Gaid,…) puis aux promenades comme celle de la Grand-Poste et enfin les places publiques, à l’image de la place des Martyrs.
Intervenant en dernier, le P/APC d’Alger-Centre met l’accent sur l’implication et la contribution des citoyens dans ce vaste chantier et laisse entendre que la population est concernée par le montage financier. «Ne serait-ce que par de petites contributions afin de responsabiliser les gens», affirme Tayeb Zitouni qui rappelle que la réhabilitation des immeubles n’est pas des prérogatives de l’Etat quand il s’agit des bâtisses en co-propriété, c'est-à-dire ceux qui ont bénéficié de la cession des logements auprès des OPGI. «Malheureusement, beaucoup de citoyens ne jouent pas le jeu et refusent par exemple d’enlever la parabole ou le climatiseur », regrette-t-il, annonçant dans la foulée que l’urbanisme commercial aura à l’avenir à définir aux commerçants quel type d’activité faut-il exercer dans les grands boulevards pour mettre en symbiose le cadre urbain et le cadre de vie.
S. A. M.
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