Sunday, August 01, 2010
Algerie Sous-traitance dans la PME : Les professionnels appellent à une codification
Peu développée et marginalisée, l’activité de la sous-traitance manque terriblement d’un cadrage juridique en Algérie. Le constat est celui de Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNC/PME), un organisme d’Etat sous tutelle de l’ancien ministère de la PME et de l’Artisanat.
« L’Algérie a investi 500 milliards de dollars par la passé. Les entreprises nationales n’ont pas bénéficié de cette manne dans le cadre de la sous-traitance. Le drame est que cette activité n’est ni soutenue ni codifié », a affirmé hier, M. Bensaci, invité de la Radio nationale. Pour étayer son argumentaire, il a cité, à titre d’exemple, le cas de sous-traitants nationaux qui n’ont pas été payés par la SNVI au bout de 2 à 3 ans. Ceci, alors qu’en France, ajoute-t-il, la réglementation assure aux sous-traitants leur droits. Pis, certains dirigeants d’entreprise n’ont pas intérêt à voir un secteur de sous-traitance en pleine essor, accuse-t-il, sans pour autant citer de noms. M. Bensaci pense qu’il est temps de secouer le cocotier. « Cette activité connaît un essor important dans d’autres pays parce qu’elle est réglementée. Il faut absolument la codifier en Algérie. Il faudrait aussi que les structures mentales s’adaptent et que les chefs d’entreprise prennent conscience », plaide le président du CNC/PME. Selon lui, l’Algérie dispose d’importantes potentialités à développer particulièrement dans les secteurs de la pétrochimie, la métallurgie, l’industrie mécanique, l’agroalimentaire et l’énergie.
Il suggère que le recours à l’importation des pièces de rechange grève l’économie nationale. « Il faut cesser les importations tous azimuts des pièces de rechange qu’on pourrait produire grâce au développement de l’activité de la sous-traitance », réclame-t-il. Le marché de la sous-traitance est estimé à 3,5 milliards de dollars. M. Bensaci est revenu par ailleurs sur les difficultés dans lesquelles pataugent les entreprises nationales. L’accès au crédit et le foncier reviennent dans ses propos telle une rengaine. « Souvent, les banques refusent des dossiers de demande de crédit, alors qu’ils sont garantis à hauteur de 80% par le Trésor public. Le problème du financement par les banques persiste et n’est pas réglé jusqu’à aujourd’hui », dénonce-t-il. La rareté du foncier, malgré la mise en place de l’Aniref, est aussi source de tracas pour les entreprises. L’invité de la radio n’a pas mâché ses mots à l’égard d’une administration « étouffante », qui, à ses yeux, « constitue un frein » au développement des entreprises locales. Interrogé sur la promulgation d’un nouveau code des marchés publics, ce responsable reste peu enthousiaste, notamment par rapport à son application effective sur le terrain. « C’est une bonne chose, à condition que son application se fasse. Dans ce cas, l’administration a besoin aussi d’être mise à niveau, car des gens interprètent et appliquent les textes à leur façon Dans le cas contraire, cela n’aura aucun effet », prévient M. Bensaci. S’agissant de la mise à niveau des PME-PMI, il a rappelé que le programme MEDA I était un échec total. Seulement 400 entreprises nationales ont bénéficié dudit programme. « C’est inadmissible et ridicule. Au Niger, 3500 entreprises ont eu leur mise à niveau », fustige-t-il, en estimant que la seconde version du projet européen de la mise à niveau risque de s’avérer un flop si les conditions idoines de développement des PME-PMI ne sont pas réunies.
Par Hocine Lamriben
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