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Commission européenne: "Commission européenne"

Monday, July 26, 2010

Sécurité et stabilité du Grand Maghreb



Sécurité et stabilité du Grand Maghreb
Par Ahmed Ounaïes et Mehdi Taje

Le grand mérite du traité de Marrakech qui remonte au 17 février 1989 est qu’il avait levé les incertitudes qui pesaient alors sur l’avenir du Grand Maghreb : le processus maghrébin était gelé depuis la 7e session de la Conférence des Ministres de l’Economie (Alger, 21 mai 1975). Quinze ans plus tard, l’UMA renouait avec l’espoir : elle promettait l’entente politique, l’intégration économique et, à terme, la promotion d’un pôle stratégique. Ces promesses ne se sont pas vérifiées : le conflit du Sahara n’est pas réglé ; les pays membres ont entrepris depuis quinze ans de construire leur sécurité et leur économie dans une logique de non intégration du Maghreb. De surcroît, le Maghreb connaît depuis 2006 une course aux armements sans précédent ainsi que des assauts meurtriers de la nébuleuse AQMI. Alors que l’évolution générale dans le monde privilégie l’édification de grands ensembles régionaux, le projet magrébin régresse depuis décembre 1995, affecte les intérêts économiques des pays membres et affaiblit leur sécurité globale.Placés sous l’emblème »Maghreb sans frontière », les pays membres avaient pourtant manifesté un élan volontariste intense ayant permis de tenir 5 sessions du Conseil de la Présidence entre janvier 1990 et avril 1994, et 18 sessions du Conseil des Ministres entre 1990 et 1995. Or, trois événements intérieurs ont brisé cet élan et fini par geler l’institution : la crise algérienne de janvier 1992 (déclenchement de la campagne de violence par les extrémistes islamiques) ; les sanctions imposées à la Libye en avril 1992 ; et, en décembre 1995, l’échange de lettres entre les Ministres des Affaires Etrangères du Maroc et de l’Algérie, centré sur le conflit du Sahara. Cet échange de lettres a déterminé la longue pause qui se prolonge jusqu’à nos jours.

Cinq ans plus tard, des sessions ministérielles et techniques ont repris, sans entraîner pour autant le redémarrage effectif de l’Union, ni un effort de convergence dans le champ régional et international. En 2010, vingt et un ans après la création de l’UMA, seul subsiste le Dialogue 5 + 5, tandis que plusieurs faits nouveaux ont changé la scène et changé les acteurs.

Renouvellement de la scène et des acteurs

Le Dialogue 5 + 5 est le seul qui s’adresse aux cinq pays de l’UMA. Bien qu’il ait été suspendu de janvier 1992 à janvier 2001 comme suite aux sanctions imposées alors à la Libye par la France, le Royaume Uni et les Etats-Unis, son rétablissement après un gel de 10 ans signifie qu’il représente une nécessité régionale. Or, en dépit de la volonté déclarée des partenaires européens de favoriser la promotion d’un ensemble maghrébin, les pays membres continuent d’agir isolément : aucune structure n’organise la coordination entre eux. Nos pays ignorent la rationalité multilatérale.

A part ce Dialogue, le seul où les cinq soient tous représentés, les pays du Maghreb participent inégalement dans les autres initiatives internationales et régionales : Processus de Paix arabo israélien, Dialogues avec l’OSCE, l’UEO et l’OTAN, Partenariat EuroMed et Union Pour la Méditerranée. La Libye n’est pas seulement non membre de l’UPM, elle lui est ouvertement hostile. Dans toutes ces instances, les positions des pays maghrébins participants ne sont pas coordonnées.

Cette incohérence est aggravée par les évolutions enregistrées au cours des 15 dernières années qui posent la question de principe quant à l’avenir du Maghreb comme entité géopolitique et qui affectent la sécurité globale de la région. Nous retenons quatre évolutions significatives : le rapport à l’Europe ; la course aux armements ; le sahel africain ; et deux visions du Maghreb.

1- Le rapport à l’Europe

Le Partenariat Euro-méditerranéen a profondément restructuré l’économie du Maghreb. Bien que les engagements soient limités aux trois pays centraux, ils ont entraîné des changements majeurs dans l’ensemble de la région :

* Les trois pays centraux deviennent membres d’une zone européenne de Libre Echange ; leurs exportations se sont accrues en 15 ans de 2 à 5 fois;

* L’Algérie et la Libye abandonnent le modèle de l’économie dirigée et adoptent progressivement les bases de l’économie libérale : c’est une véritable révolution idéologique ; relativement à l’Algérie, le revirement s’étend également à l’OTAN : c’est après la visite historique du Président Bouteflika au Secrétaire Général de l’OTAN en décembre 2001 que l’Algérie a établi des rapports positifs avec l’Organisation et intégré le Dialogue OTAN Méditerranée ; en outre, la Libye vient de signer le 20 mai dernier un Accord commercial avec les Etats-Unis ;

* Les échanges économiques Sud-Nord se sont intensifiés, créant une structure de polarisation ; un réseau de 3 gazoducs lie le Maghreb à l’Europe ; un 4e gazoduc en projet liera directement l’Algérie à l’Espagne (Arzew-Almeria) et un 5e liera le Nigeria à l’Europe via l’Algérie. Ce réseau en expansion constitue un lien structurel entre le Maghreb et l’Europe et fournit déjà 13 % des besoins européens en énergie ;

* La Libye a ouvert le 13 novembre 2008, avec l’Union Européenne, des négociations en vue d’établir un accord-cadre destiné à établir le libre échange entre les deux parties ;

* Le Marché européen constitue plus de 60 % des échanges de la Libye et plus de 70 % des échanges de la Mauritanie. Avec les trois autres pays, il représente 65 % à 80 % de leurs échanges. Ces rapports illustrent une emprise Nord Sud très forte et créent pour chaque pays un lien vital avec l’Europe.

* Tous ces liens sont bilatéraux, sans un effort d’intégration du marché maghrébin ; les bénéfices induits pour les pays du Maghreb seraient très supérieurs si le marché maghrébin était décloisonné et que le régime Nord-Sud était également élargi dans le sens Sud-Sud. Le manque à gagner, selon le rapport de l’Institut Peterson (octobre 2008) est de 2 points de croissance économique pour chaque pays ; selon une étude Potomac & SAIS publiée à Washington en mars 2009, les IDE sont freinés de l’ordre de $1 milliard / an. Dans ce contexte, le risque d’éclatement du Maghreb ne saurait être écarté.

2- La course aux armements

Une course aux armements est lancée au Maghreb au cours des trois dernières années. En mars 2006 et de nouveau en mars 2007, l’Algérie passe deux séries de commandes d’armement à la Russie qui totalisent plus de $10 milliards. Les listes comprennent des chasseurs MIG-29 et SU-30, d’autres avions d’entraînement et de combat YAK-130, hélicoptères de combat, chars, missiles et des unités navales. En avril 2009, l’Algérie décide l’acquisition de frégates multi missions FREMM. La presse algérienne révèle en octobre 2009 que l’Algérie vient de signer avec l’Italie un contrat de €4 milliards pour l’acquisition de 6 frégates FREMM équipées de missiles anti-sous-marins. Ce contrat remplace un contrat précédent conclu avec la France que l’Algérie a décidé d’annuler en raison de la fourniture à Rabat de frégates de même nature. Les visites à Alger du Secrétaire britannique à la défense (26 octobre 2009) et de l’officier responsable de la lutte anti terroriste à Londres (décembre 2009) sont liées à d’autres commandes : 4 frégates et une base logistique maritime d’une valeur totale de € 4 à 4, 5 milliards ainsi que 80 hélicoptères (dont 40 de type Merlin et d’autres de type AW 109 et AW 139) d’une valeur totale de € 5 milliards.

En 2008, le Maroc passe une commande aux Etats-Unis pour l’acquisition de 24 avions F16 pour un montant de $2,5 milliards, tout en modernisant sa flotte d’avions français Mirage. Le Maroc a également passé commande à la Hollande de trois unités de marine SIGMA 1600 T et pris livraison d’une frégate française FREMM. Avec l’Espagne, le Maroc a passé des marchés de €11 millions en 2007, de €114 millions en 2008 et pour un montant légèrement inférieur en 2009.

En mai 2007, la Libye signe avec le Royaume Uni un contrat d’acquisition de missiles pour $900 millions ; en août, deux contrats d’armement sont signés avec la France pour un montant de €296 millions ; en décembre, au cours de sa visite officielle en France, le Colonel Kadhafi signe des contrats d’armement pour € 4,5 milliards. D’avril à novembre 2008, il négocie avec la Russie 5 contrats d’armement pour une valeur de $5 milliards (dont des vedettes porte-missiles Molnya, des chasseurs Su-30 MKK, des chars T-90, des batteries de missiles sol-air Tor-M2E et modernisation des chars T-72). Le premier contrat vient d’être matérialisé le 30 janvier 2010 (€1,3 milliard). D’autres contrats de même nature sont en cours avec l’Ukraine.

Quelle menace sur le théâtre maghrébin justifie une telle course aux armements ? Un tel effort de réarmement pose le problème de la sécurité régionale. Il est difficile d’identifier une menace actuelle pouvant justifier des commandes de cette envergure. Le volume et la nature de l’armement ne recoupent que partiellement les exigences de la lutte contre le terrorisme qui, en effet, sévit dans les périphéries urbaines et dans le Sahara algérien. Or, l’armement lourd objet des marchés actuels n’est pas en rapport avec une menace de cette nature.

Quelle est la destination de cet armement ? Comment évaluer sa pertinence compte tenu de l’ampleur des programmes économiques, sociaux et culturels exigibles dans l’ensemble du Maghreb et en Algérie en particulier ? Sans exclure le champ méditerranéen plus large, notamment le foyer de crise au Proche Orient, les facteurs d’évaluation qui ont conclu à de tels marchés concernent l’ensemble des voisins dans la mesure où toute appréciation stratégique nationale est une composante inséparable de la perception stratégique régionale. Or, aucun effort n’est entrepris au sein de l’UMA pour clarifier les enjeux stratégiques communs, ni les axes de politique extérieure, afin de jeter les bases d’une région intégrée en mesure de dresser des priorités communes et de jouer un rôle d’acteur crédible à l’échelle régionale et à l’échelle mondiale. La non concertation stratégique des pays de l’UMA trahit une absence de confiance généralisée.

3- Le Sahel africain

La zone sahélienne constitue la ceinture de sécurité du Maghreb. La montée des périls dans cette zone interpelle autant les pays de la région que les pays européens et les Etats-Unis. C’est à la fois une zone de repli pour une fraction d’Al Qaïda (AQMI), un lieu de transit pour les armes, la drogue et le trafic des personnes. Depuis 2005, d’importantes initiatives stratégiques sont prises pour faire face à ce danger, associant les pays de la région ainsi que les Etats-Unis, l’Espagne, la France et l’Italie. Or, le 21 avril 2010, l’Algérie a installé à Tamanrasset un Etat-major associant seulement 4 pays : Algérie, Mauritanie, Mali et Niger. Là encore, pourquoi exclure les autres pays du Maghreb ?

4- Deux visions du Maghreb

Tous les pays réalisent que l’issue du conflit du Sahara détermine la carte politique de la région. Or, le règlement de la question se poursuit en dehors de l’UMA et tout est fait pour que la question soit tranchée hors du consensus maghrébin. Si l’Algérie et le Maroc restent impliqués, comment s’explique la passivité des trois autres pays face aux développements du conflit ? Le traité de Marrakech pose le Maghreb à cinq. Seule l’Algérie tient à créer un 6e Etat, l’Etat Sahraoui, et à projeter donc un Maghreb à 6. A cinq ou à six, le problème n’est pas d’ordre arithmétique : c’est un problème fondamental. Les implications d’un 6e Etat changent la carte politique et mettent en question la stabilité, la sécurité et la coopération régionale dans l’ensemble du Maghreb. Le Maroc, coupé de sa profondeur Est, est forcé de rechercher des ouvertures outre Mer et outre Atlantique et de garantir un espace alternatif économique et sécuritaire : l’Accord de libre échange avec les Etats-Unis et le statut avancé avec l’UE sont indicatifs.

La persistance du conflit trahit, chez les principaux dirigeants, une vision qui dépasse l’enjeu sahraoui et qui porte plus au fond sur le statut stratégique du Maghreb. Les conditions de la stabilité et de la paix dans la région seront largement déterminées par l’issue du conflit : le Maghreb sera-t-il un ensemble régional équilibré et affranchi des appréhensions hégémoniques ?

Les enjeux du Sahara

La création d’un sixième Etat implique, sur les plans sécuritaire et diplomatique, des conséquences très lourdes pour la région.

* Un Etat sahraoui né dans l’adversité de deux voisins immédiats sera forcé, pour assurer durablement sa sécurité, de faire appel à des pays plus puissants que tous ses voisins. Dans une première étape, il s’appuiera sur l’Algérie ;

* L’Algérie, dans l’affirmative, chercherait à installer des bases en territoire sahraoui ou s’efforcerait de le faire sous le moindre prétexte, avec pour conséquence d’inspirer au Maroc le sentiment d’être assiégé ;

* Divers prétendants, convoitant les ressources minières et halieutiques du jeune Etat et attirés par la position sur l’Atlantique, feront des offres à l’Etat Sahraoui qu’il négociera et acceptera par intérêt. Le cas échéant, les Etats Unis et l’Union Européenne admettraient difficilement l’installation dans la zone d’une puissance tierce : Japon ou Chine ou Brésil ou tout autre. L’enjeu, dans ces conditions, dépasserait les intérêts propres du jeune Etat sahraoui ;

* Le Maroc serait le deuxième Etat, après la Mauritanie, à admettre sa défaite. En toute hypothèse, il tiendrait une posture défensive et s’estimerait en devoir de maintenir son effort d’armement, tout en tenant compte du nouveau front continental et maritime ;

* La Mauritanie, qui avait dû se retirer du conflit en août 1979, serait coupée du Maroc qui constituait pour elle un facteur d’équilibre face aux pressions algériennes et sahraouies ;

* L’affaiblissement et la neutralisation du Maroc ne favorisent pas l’émergence d’un équilibre stratégique au sein du Maghreb. L’instauration d’un Etat dominant au centre du Maghreb concourt à pérenniser la militarisation (défense contre l’hégémonie) et la recherche d’alliances extérieures. L’Algérie à son tour s’impose ainsi un fardeau militaire très lourd et pour une période indéterminée ;

* Les conditions pour surmonter la fragmentation du Maghreb seraient affaiblies du fait même de la création d’un nouvel Etat imposé. Les chances d’édification d’un Maghreb intégré, équilibré, sécurisé et moins militarisé seraient d’autant plus réduites ;

* Dans une seconde phase, il est vraisemblable que l’Etat sahraoui, une fois consolidé, rejette la tutelle algérienne, risquant ainsi de provoquer une nouvelle course entre Algérie et Maroc pour absorber le territoire, avec pour corollaire l’inévitable arbitrage extérieur.

En toute hypothèse, la création d’un Etat sahraoui ne saurait favoriser ni la sécurité, ni la stabilité, ni l’unité du Maghreb. L’option fondamentale de non intégration et de non confiance a pour corollaire l’éclatement du Maghreb. Dans le temps, ce risque ne peut pas être écarté.

Les Etats concernés doivent en tirer à temps les conséquences.

Trois conclusions :

* Le berceau commun du Maghreb cesse d’être le garant de la sécurité et de la prospérité des pays de la région ; quand les pays membres construisent leur sécurité et leur économie hors du Maghreb, quel est l’avenir du Grand Maghreb uni ?

* Face aux enjeux économiques et stratégiques, y compris l’enjeu sahraoui, et face aux grandes évolutions de la scène européenne, méditerranéenne et saharienne, la passivité de la majorité des pays du Maghreb équivaut à une démission stratégique ;

* A défaut de confiance, la sécurité des pays individuels serait garantie par un pacte avec des puissances extérieures. Ce pacte serait-il bientôt écrit ?

A. Ounaïes et Mehdi Taje,

realpolitik.com

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