Musicien de talent et professeur émérite de musique classique algérienne, Kamel Belkhodja a sorti son premier album andalou en interprétant la nouba M’djenba, en digne continuateur de ses maîtres Abderrezak Fekhardji, Abdelkrim Dali notamment, et Abdelghani Belkaïd.
Après une longue formation et un passage dans les associations El Andaloussia et El Fakhardjia, il dirige actuellement l’ensemble de l’association Mezghena présidée par Réda Bestandji, tout en assurant et en dispensant son savoir à une pléiade de jeunes garçons et filles dans le conservatoire de Bir Mourad Raïs. Nous retrouvons dans cet album des morceaux choisis mettant en relief la beauté de la nature, la fidélité en amitié et le rappel des jours heureux : un « M’cedder » Qoum ya habibi puis un btaïhi, un derdj, un insiraf et un khlass, selon une suite de mouvements dans l’ordre établi par Ziryab. Par ailleurs, l’association Mezghena a sorti un autre album L’art de la nouba (Hsin). Notre ami, le chercheur musicographe Saâd El Kenz en parle avec beaucoup de finesse, à l’image des mélodies qu’elle véhicule. « Divine, conviviale et festive par excellence, cette nouba lascive, chantante et dansante unit et sertit avec grâce les arabesques de sa mélopée autour d’une ‘‘qaâda andaloussienne’’ ».
A l’écoute de ce langoureux panégyrique, Omar Khayam et Musharif Aldin hantent certains passages quelque peu émaillés d’accents libertaires. Relevons tour à tour la lecture orchestrale ciselée par le maître de l’ensemble : Kamel Belkhodja, l’exquise beauté renouvelable des voix solistes et, entre autres, l’étonnante virtuosité accomplie du maître mandoliniste, Anis Mehamsadji. A l’écoute de cette nouba, voici que surgissent par mille correspondances et enchantements artistiques la magie, le génie et l’anamnèse subliminés des miniatures anciennes, persanes, turques, et... M. Temmam, ainsi que résonnent en arrière-fond musical les sortilèges envoûtants de El amor brujo, El Tricorne et de Noches en los Jardines de Espana, œuvres majeures de Manuel de Falla.
Voilà, les mélomanes et les férus de la musique raffinée sont servis avec ces deux nouveautés qui viennent éclaircir le ciel de la création plutôt moribond. On pourra se délecter de ces chants envoûtants lors de la prochaine sortie de l’association Mezghena : « Peut-être pendant le mois sacré du Ramadhan », pronostique, prudent, Réda Bestandji...
Par Hamid Tahri
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