2011 AFP
L'Europe demande à Moubarak des changements immédiats en Egypte
L'Union européenne a insisté vendredi pour que l'Egypte engage sans délai des changements politiques et a promis de revoir sa politique avec le monde arabe en liant davantage son aide à la démocratie, après avoir été accusée de complaisance avec les régimes autoritaires.
Au cours d'un sommet à Bruxelles, les dirigeants des 27 pays du bloc ont estimé que "le processus de transition devait démarrer maintenant", alors que la population continue de manifester massivement pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, qui refuse de démissionner et affirme craindre "le chaos".
Les autorités égyptiennes doivent "répondre aux aspirations du peuple égyptien par la réforme politique et non la répression", ont-ils aussi souligné dans une déclaration commune.
"Franchement, les mesures prises jusqu'ici n'ont pas répondu aux aspirations de la population égyptienne", a résumé le Premier ministre britannique, David Cameron, estimant que si les violences contre les protestataires se poursuivent le régime perdra "le reste de crédibilité et de soutien dont il dispose".
De manière voilée, l'UE a aussi laissé planer la menace d'une remise en cause de son aide économique à ce pays, prévue pour atteindre 449 millions d'euros entre 2011 et 2013, si les "engagements" pris par Le Caire en matière de respect des libertés publiques ne sont pas tenus.
Il s'agit néanmoins du seul moyen de pression potentiel de l'Europe sur l'Egypte, où elle apparaît depuis le début à la traîne des Etats-Unis, seuls à même d'influer sur la position du raïs.
Pour ne rien arranger, des voix discordantes se font entendre en son sein.
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a ainsi détoné à Bruxelles en plaidant en faveur d'"une transition démocratique sans rupture avec un président comme Moubarak" qui est "un homme sage".
Le Premier ministre belge Yves Leterme s'est ému pour sa part de voir les grands pays de l'UE multiplier les déclarations sur l'Egypte en occultant la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, censée parler au nom de tous.
Déjà peu visible, la Haute représentante essuie un feu roulant de critiques pour son manque de réactivité sur le dossier.
Au-delà, la vague de contestation qui ébranle le monde arabe, en Egypte, en Tunisie, au Yémen, en Jordanie et ailleurs, pousse l'Europe à une douloureuse remise en cause de ses priorités avec la région.
Accusée d'avoir trop longtemps fermé les yeux sur les dérives autoritaires sur son flanc Sud dans le monde arabo-musulman, l'UE a entrepris jeudi de s'amender en donnant davantage à l'avenir la priorité aux réformes démocratiques avec la région.
Les dirigeants européens "sont prêts à un nouveau partenariat incluant un soutien plus efficace à l'avenir avec les pays qui mènent des réformes politiques et économiques", souligne la déclaration de leur sommet.
Le chantier est énorme. De nombreuses voix s'élèvent pour inverser les priorités de la politique européenne dite de voisinage, qui traditionnellement parie sur de l'aide économique d'abord dans l'espoir que cela favorisera peu à peu la démocratisation des régimes.
Quant à l'Union pour la Méditerranée, projet européen phare lancé à l'initiative de la France et censé rapprocher les deux rives de la Méditerranée tout en contribuant à la paix au Proche-Orient, elle est totalement enlisée aujourd'hui. Son secrétaire général, le Jordanien Ahmad Massa'deh, vient de démissionner.
"L'Europe doit changer radicalement son paradigme sur la région", critique l'universitaire tunisien Azam Majoub, elle "a commis une énorme bévue en percevant les régimes autoritaires arabes comme un rempart à l'islamisme".
Friday, February 04, 2011
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