Thursday, March 17, 2011
Le chef de l'état Mr Nicolas Sarkozy entendu géopolitique
Libye : une intervention imminente ?
Les Nations Unies ont voté jeudi soir le recours à la force contre l'armée du colonel Kadhafi. Le régime se dit prêt à respecter un cessez-le-feu sous conditions. La France plaide pour une intervention immédiate.
A l'issue de trois jours d'âpres négociations, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé dans la nuit de jeudi à vendredi le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi, mesure aussitôt saluée par les insurgés libyens sous la menace d'un assaut contre leur fief de Benghazi.
Aussitôt après l'annonce de la décision de l'ONU, à Benghazi, des centaines d'habitants de la ville ont laissé exploser leur joie dans ce bastion des rebelles. "Nous n'avons plus peur, nous avons eu assez peur pendant 42 ans. (...) Je n'ai plus peur de l'aviation et de l'artillerie de Kadhafi qui a tué tellement de bons Libyens", a expliqué Saad, un ingénieur de 47 ans, dans le vacarme de tirs de joie, de feux d'artifices et de coups de klaxons.
La Libye se dit prête au dialogue
Tandis qu'à Tripoli, le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaaim indiquait que son pays était prêt à un cessez-le-feu contre l'insurrection, mais que cette résolution menaçait l'unité du pays et constituait un "appel aux Libyens à s'entretuer". Peu avant le vote à l'ONU, le colonel Kadhafi avait annoncé que les forces gouvernementales allaient attaquer dans la soirée de jeudi Benghazi dans un message sonore retransmis par la télévision libyenne. Mais plus tard dans la nuit, CNN a affirmé avoir reçu un appel d'un des fils de Kadhafi, Seif Al-Islam, selon qui le colonel aurait changé de tactique pour des raisons humanitaires et ne prévoyait plus d'entrer dans Benghazi dans l'immédiat mais de prendre position autour.
En votant en faveur d'un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi, le Conseil de sécurité de l'ONU ouvre la voie à des frappes aériennes après plus d'un mois d'une insurrection réprimée dans le sang. La résolution autorise "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne. Elle prévoit aussi une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Mouammar Kadhafi de pilonner ses opposants. Le texte a été adopté par 10 voix sur les 15 membres du Conseil de sécurité. La Chine, la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde se sont abstenus.
La France pour une intervention rapide
Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait averti, avant le vote, qu'il restait peu de temps pour intervenir: "Chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules. Prenons garde d'arriver trop tard", avait-il dit. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a prévenu qu'aucun soldat allemand ne participera à une intervention militaire en Libye, qui comporte des "risques et des dangers considérables". En revanche, le ministre australien des Affaires étrangères a espéré que la résolution n'arrivait pas "trop tard", ajoutant que "si la zone d'exclusion aérienne était imposée" l'Australie pourrait "envisager une participation". Le Canada va de son côté fournir six avions de chasse CF-18 pour la mise en oeuvre de la résolution, selon des médias canadiens.
Le président américain Barack Obama a lui appelé jeudi soir Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron pour coordonner une stratégie sur la Libye après la résolution. L'Union européenne a salué la décision de l'ONU et s'est dite prête à la "mettre en oeuvre", dans la limite de ses compétences. Au niveau de l'Otan, les représentants des 28 pays membres examineront vendredi les conséquences de cette résolution, selon un diplomate de l'Otan.
Le régime de Kadhafi toujours menaçant
Un porte-parole du ministère libyen de la Défense avait auparavant indiqué que toute opération militaire étrangère allait "exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger"."Tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne", a-t-il ajouté. Sur le terrain, les forces loyales au colonel Kadhafi ont poursuivi ces derniers jours leur reconquête de l'Est. Elles ont tenté jeudi de bombarder des positions de la rébellion à Benghazi, selon les insurgés qui affirment avoir abattu deux avions. La télévision libyenne a affirmé que les forces gouvernementales s'étaient emparées de Misrata, mais un porte-parole de l'opposition a démenti. De violents combats avec les rebelles y avaient fait au moins 22 morts mercredi, selon la rébellion. Par ailleurs, la ville de Zuwaytinah (150 km au sud de Benghazi) est "contrôlée par les forces armées qui sont aux portes de Benghazi", selon la télévision d'Etat. Mercredi, les troupes du régime avaient affirmé avoir repris Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de Benghazi. Dans l'Ouest, les rebelles se préparaient jeudi à une offensive des forces gouvernementales à Zenten (145 km au sud-ouest de Tripoli), selon un témoin.
Alors que la révolte, qui a débuté le 15 février, s'est transformée en guerre civile au prix de centaines de morts, près de 300.000 personnes ont fui le pays. La Croix-Rouge internationale a retiré son personnel de Benghazi, disant être "extrêmement inquiète de ce qui arrivera aux civils".
le 18 mars 2011 à 06:28
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