Monday, September 13, 2010
Les algériens et le changement
Poste par faycal
Pourquoi cet article ? Selon nos débats, il s’avère clair que nous sommes tous convaincus qu’un changement au pays est nécessaire et imminent. Nous voyons que nous voulons tous ce changement pour améliorer notre style de vie mais en même temps nous sommes figés. De quoi avons-nous peur? J’ai fait le parallèle avec la résistance au changement au sein des entreprises. Celles qui ont eu raison de cette résistance sont les compagnies qui ont pris le temps de sensibiliser, et d’éduquer leurs employés.Qu’est ce que la résistance au changement ? C’est la peur de perdre ses acquis et en même temps l’appréhension de ce qui va venir, l’inconnu! Si nous appliquons cette définition à nous autres algériens, cela pourrait parfaitement coïncider. Beaucoup de gens vont dire, ‘’au moins maintenant nous n’avons plus de tueries, il y a plus de sécurité alors calmons nous et acceptons la situation’’
Pour ces individus, il faudrait prendre le temps d’expliquer que la fin du terrorisme est une première étape, d’un long parcours. La sécurité est un besoin primaire qui une fois assouvi nous permet de réfléchir à combler des besoins ‘’plus ambitieux’’. Habiter des logements décents, aspirer à un meilleur système d’éducation pour nos enfants, de meilleurs salaires, des rues plus propres, des relations plus courtoises entre nous, etc.
Je vais me baser sur le management des organisations pour nous aider à mieux comprendre pourquoi nous en tant que peuple, d’un côté, et le gouvernement de l’autre, hésitons et même refusons ensemble de changer. Les raisons ne sont bien sûr pas les mêmes que l’on soit d’un bord ou de l’autre.
Regardons nous en premier c’est-à-dire le peuple: il y a plusieurs facteurs qui font que nous résistons au changement et nous empêchent d’avancer, explorons quelques uns.
La peur d’aller plus mal encore : Souvent vous entendez autour de vous, ‘’avant c’était le bon vieux temps’’. Quand on vit une période difficile, on a souvent tendance à se raccrocher au passé et l’idéaliser. C’est comme si on allait chercher sa propre sécurité dans le passé même si rationnellement, on sait bien que ces comportements passés ne sont plus efficaces ni appropriés. Si le futur est menaçant car inconnu et le présent précaire car vacillant alors le passé devient un bel échappatoire. N’avez-vous jamais entendu une personne vous dire : Eh oui, nous étions bien wakt França !
La peur de perdre l’acquis : Selon notre vécu, et nos penchants personnels, nous allons prioriser nos acquis selon nos propres critères.
ol’acquis économique. Plusieurs personnes qui faisaient partie de la classe moyenne se retrouvent dans la classe pauvre à cause de l’inflation et des salaires qui n’ont pas suivi. C’est comme quand vous avez un gros gâteau et que vous le voyez diminuer. Votre première réaction est de vous organiser pour protéger ce qui vous reste. Aller chercher plus de gâteau pour compenser les pertes est plus risqué.
o L’acquis social : Plusieurs familles qui vivaient en milieu rural, se retrouvent en ville. Pour ces personnes la formule est gagnante alors pourquoi changer.
oL’acquis spirituel : Plusieurs personnes entre autres beaucoup de jeunes ont plongé dans le fanatisme religieux car ils n’avaient aucun autre modèle. Ils associent le changement éventuel à une perte de repères
oL’acquis anarchique : Beaucoup d’individus se sont taillés un confort dans ce chaos. Constructions sauvages, corruption, spéculation, absence de discipline servent à beaucoup de gens. Comment vont-ils pouvoir vivre dans un milieu structuré et organisé?
La peur de perdre sa dépendance : En tant qu’individu, on fait tous partie d’un système. Nous le peuple, on dépend de notre gouvernement. C’est difficile de prendre la décision contraignante de réaliser que le système dont nous dépendons est faillant. La vie aurait été plus belle si le système dont on dépend avait pris les bonnes décisions.
La peur de perdre ses habitudes : Si nous devenions demain une société organisée, que deviendraient nos habitudes? Nous ne pourrons plus être en retard au travail, nous devrons bien ficeler nos ordures dans des sacs poubelles, nous devrons faire la chaîne comme tous le monde, nous ne pourrons plus faire ce qu’on veut où l’on veut et comme on veut. Nous devrons respecter une discipline. Pensez y, ce n’est pas évident.
Pour toutes ces raisons, nous résistons au changement. Chacun de nous s’est fait une représentation de la réalité, il n’écoute que les choses compatibles avec sa conception. Chacun de nous va user de sa mémoire sélective. On écoute ce qu’on veut entendre, on comprend ce qu’on veut comprendre et on oublie ce qu’on veut oublier.
En deuxième partie, regardons les causes qui poussent notre gouvernement à résister au changement. Les individus au sein de notre gouvernement ressentent tout changement éventuel comme une menace contre leur pouvoir et une remise en cause de leur influence. Toute modification à la structure de leur système va représenter pour eux une déstabilisation de leur fonctionnement. Ils sont habitués à voir les décisions allant du haut vers le bas. Une démocratie veut dire que les décisions pourraient aller du bas vers le haut.
Au crédit du pouvoir actuel, je dirais que ces individus peuvent avoir peur du changement car ils manquent de ressources humaines compétentes. Il y a des milliers de fonctionnaires de moyen et haut niveau hiérarchique qui ne produisent plus rien. L’Algérie est prise avec ces parasites, certains ont même fossilisé, à cause de leur ancienneté. Que faire de ces gens là?
Il y a aussi les accords que ce gouvernement aurait fait et qui l’empêcherait d’avancer. Quels accords existent entre nos ministres? Entre l’armée et le président? Entre le président et les islamistes? Nous ne savons jamais quel genre de pacte peuvent avoir signé nos décideurs avec les USA, la France etc.
Les causes de la résistance au changement expliquent les comportements mais ne les excusent pas. Il existe des moyens très simples de lutter contre cette résistance. Les individus qui croient au changement ont le devoir de sensibiliser et de réaliser des résultats concrets à leur échelle pour convaincre ceux qui résistent.
Nacera Kherbouche
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