Plaidoyer pour une nouvelle politique d’intégration
Par : Djilali Benyoub
Par : Djilali Benyoub
Être deux, c’est la seule unité concevable pour moi.” Cette sentence de l’écrivain français d’origine russe, Romain Gary, résume, selon M. Jacques Toubon, président de la Cité pour l’histoire de l’immigration, la situation de la population française dont une grande partie est issue d’une succession de vagues d’immigrants.
Venu faire une conférence sur ce thème, au CCF d’Alger, l’ancien ministre de la Culture et de la Francophonie, a procédé dans son exposé qui, somme toute, tranche nettement avec le discours politique ambiant dans l’Hexagone, par un rappel en petites leçons de l’histoire de ce phénomène qui a participé à la construction de la nation. L’état du peuple français est “un alliage”, “une identité multiple”. Laissant de côté la perception politique, le président de la Cité et du Comité de la célébration du cinquantenaire des indépendances, est remonté jusqu’aux premières heures de l’immigration où la France, face à une baisse de la fécondité, a fait appel, pour les besoins de son industrie, à des étrangers, à la fin du XIIIe siècle. En majorité de pauvres ruraux allemands. Le mouvement n’a pas cessé pendant 150 ans, a-t-il reconnu, contrairement aux autres politiques qui ne reconnaissent pas le phénomène et encore moins cette histoire. Évidemment, à chaque crise, les velléités ethniques remontent à la surface et “l’étranger” en a fait, comme aujourd’hui encore, les frais. Alors que les immigrés par le truchement de la loi sur le droit du sol ont fourni l’essentiel des rangs de l’armée pour reprendre l’Alsace et la Lorraine, les travailleurs italiens des salines ont été massacrés “pour avoir pris le travail des Français”. Les grands brassages de populations verront le jour pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales. Mais M. Toubon distingue trois périodes d’immigration. Il y a ceux appelés communément les réfugiés ou apatrides après la première guerre. Ce sont essentiellement des Européens, des Allemands, des Russes, des Polonais… La France ayant perdu 1,5 million d’habitants pendant la guerre 14-18 avait besoin de travailleurs. Le phénomène a été pris en charge par l’État et le privé, une immigration organisée à travers la société générale de l’immigration. Le phénomène se poursuivra et culminera en 1931 alors que la loi sur la naturalisation (1927) par sa souplesse avait permis à entre 250 000 et 300 000 personnes de bénéficier de la nationalité française. “Les Français de papier” qui le payeront sous Vichy. La courbe se stabilise jusqu’à la Seconde Guerre où l’engagement devient massif. Évidemment, le gros vient de l’empire. 700 000 personnes viennent d’Afrique et d’Asie et 10 000 resteront après la guerre dont une majorité d’Algériens. Ceux qu’on appelle “la première immigration”. De 200 000 entre 1945 et 1954, le nombre d’Algériens passera à 400 000 pour s’amplifier à l’indépendance. Cette immigration, postcoloniale, touchera non seulement la France, mais aussi d’autres pays du pourtour méditerranéen. La crise de 1974, une autre petite leçon, verra naître le slogan politique sur l’immigration. Les politiques, selon M. Toubon, utilisent ce phénomène, mais ne l’abordent pas en tant que “sujet”. Il est souvent évité dans les campagnes électorales, mais jamais abordé après. D’où l’un des objectifs de la Cité qui est de le “connaître” et de le reconnaître. Sa reconnaissance par le président Chirac, perçue comme un pas positif, notamment à travers la mise en place du contrat accueil et intégration, n’est pas effectivement aisée sur le terrain. L’exemple des Bleus en donne la preuve. Cette équipe “plurielle” qui représente la France contemporaine a eu droit à tous les honneurs lorsqu’elle était performante, mais humiliée lorsqu’elle échoue. Pis encore, des divisions, selon un ordre ethnique, l’origine, sont apparues. Ce sont les mêmes divisions qui existent à l’échelle du pays, de la France, selon M. Toubon. Il a reconnu que la difficulté réside dans la gestion des institutions de l’intégration : les écoles, les usines et l’armée… et l’attitude des jeunes en 2001 au stade de France en est l’expression. Ces jeunes ont manifesté naturellement un sentiment d’inégalité. Revenant sur le cas des Algériens, M. Toubon s’appuiera sur la “patrimoine commun” entre l’Algérie et la France. Une histoire commune, une histoire coloniale partagée, de combat, de culture commune de “tous ces Algériens, algériens ou français (une majorité de bi-nationaux) et constitue pour nous des éléments absolument essentiels de leur identité”, a-t-il dit. Le but est donc de reconnaître dans cette identité la diversité des origines. Il a plaidé pour une nouvelle politique de l’immigration et d’intégration. Il a, par ailleurs, relevé le caractère mondial du phénomène, surtout avec l’apparition de l’immigration sud-sud, qui est majeure. Malgré le risque de déstabilisation, demeure une note d’optimisme quant à l’Afrique : c’est le continent de l’avenir. Ses atouts, la démographie, les richesses naturelles, sol et sous-sol. Ce qui va influer sur le phénomène migratoire.
Venu faire une conférence sur ce thème, au CCF d’Alger, l’ancien ministre de la Culture et de la Francophonie, a procédé dans son exposé qui, somme toute, tranche nettement avec le discours politique ambiant dans l’Hexagone, par un rappel en petites leçons de l’histoire de ce phénomène qui a participé à la construction de la nation. L’état du peuple français est “un alliage”, “une identité multiple”. Laissant de côté la perception politique, le président de la Cité et du Comité de la célébration du cinquantenaire des indépendances, est remonté jusqu’aux premières heures de l’immigration où la France, face à une baisse de la fécondité, a fait appel, pour les besoins de son industrie, à des étrangers, à la fin du XIIIe siècle. En majorité de pauvres ruraux allemands. Le mouvement n’a pas cessé pendant 150 ans, a-t-il reconnu, contrairement aux autres politiques qui ne reconnaissent pas le phénomène et encore moins cette histoire. Évidemment, à chaque crise, les velléités ethniques remontent à la surface et “l’étranger” en a fait, comme aujourd’hui encore, les frais. Alors que les immigrés par le truchement de la loi sur le droit du sol ont fourni l’essentiel des rangs de l’armée pour reprendre l’Alsace et la Lorraine, les travailleurs italiens des salines ont été massacrés “pour avoir pris le travail des Français”. Les grands brassages de populations verront le jour pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales. Mais M. Toubon distingue trois périodes d’immigration. Il y a ceux appelés communément les réfugiés ou apatrides après la première guerre. Ce sont essentiellement des Européens, des Allemands, des Russes, des Polonais… La France ayant perdu 1,5 million d’habitants pendant la guerre 14-18 avait besoin de travailleurs. Le phénomène a été pris en charge par l’État et le privé, une immigration organisée à travers la société générale de l’immigration. Le phénomène se poursuivra et culminera en 1931 alors que la loi sur la naturalisation (1927) par sa souplesse avait permis à entre 250 000 et 300 000 personnes de bénéficier de la nationalité française. “Les Français de papier” qui le payeront sous Vichy. La courbe se stabilise jusqu’à la Seconde Guerre où l’engagement devient massif. Évidemment, le gros vient de l’empire. 700 000 personnes viennent d’Afrique et d’Asie et 10 000 resteront après la guerre dont une majorité d’Algériens. Ceux qu’on appelle “la première immigration”. De 200 000 entre 1945 et 1954, le nombre d’Algériens passera à 400 000 pour s’amplifier à l’indépendance. Cette immigration, postcoloniale, touchera non seulement la France, mais aussi d’autres pays du pourtour méditerranéen. La crise de 1974, une autre petite leçon, verra naître le slogan politique sur l’immigration. Les politiques, selon M. Toubon, utilisent ce phénomène, mais ne l’abordent pas en tant que “sujet”. Il est souvent évité dans les campagnes électorales, mais jamais abordé après. D’où l’un des objectifs de la Cité qui est de le “connaître” et de le reconnaître. Sa reconnaissance par le président Chirac, perçue comme un pas positif, notamment à travers la mise en place du contrat accueil et intégration, n’est pas effectivement aisée sur le terrain. L’exemple des Bleus en donne la preuve. Cette équipe “plurielle” qui représente la France contemporaine a eu droit à tous les honneurs lorsqu’elle était performante, mais humiliée lorsqu’elle échoue. Pis encore, des divisions, selon un ordre ethnique, l’origine, sont apparues. Ce sont les mêmes divisions qui existent à l’échelle du pays, de la France, selon M. Toubon. Il a reconnu que la difficulté réside dans la gestion des institutions de l’intégration : les écoles, les usines et l’armée… et l’attitude des jeunes en 2001 au stade de France en est l’expression. Ces jeunes ont manifesté naturellement un sentiment d’inégalité. Revenant sur le cas des Algériens, M. Toubon s’appuiera sur la “patrimoine commun” entre l’Algérie et la France. Une histoire commune, une histoire coloniale partagée, de combat, de culture commune de “tous ces Algériens, algériens ou français (une majorité de bi-nationaux) et constitue pour nous des éléments absolument essentiels de leur identité”, a-t-il dit. Le but est donc de reconnaître dans cette identité la diversité des origines. Il a plaidé pour une nouvelle politique de l’immigration et d’intégration. Il a, par ailleurs, relevé le caractère mondial du phénomène, surtout avec l’apparition de l’immigration sud-sud, qui est majeure. Malgré le risque de déstabilisation, demeure une note d’optimisme quant à l’Afrique : c’est le continent de l’avenir. Ses atouts, la démographie, les richesses naturelles, sol et sous-sol. Ce qui va influer sur le phénomène migratoire.
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