Chine 2020
Regarder au-delà des cinq prochaines années est un exercice difficile et périlleux, surtout lorsque les cycles économiques se raccourcissent et qu'on n'arrive très difficilement à calculer le PNB de manière précise un an après la fin de l'année considérée. Pourtant, il semblerait que, dans le cas de la Chine, ce virage 2020 soit un moment historique pour la région et au-delà. Voici quelques questions autant faciles à poser que difficiles à répondre.
La Chine sera-t-elle capable de relever l'immense défi environnemental après que ces vingt dernières années de croissance économique effrénée aient ouvert la boîte de Pandore ?
Sans doute la croissance chinoise se calmera pour arriver sur des taux plus raisonnables de 5 à 7 %, en allant plus loin, on pourrait même considérer que la Chine ne performe pas à la hauteur des tigres asiatiques voisins que sont Taiwan ou la Corée.
D'autre part, la Chine devra faire face à deux grands manques en terme de leadership : le politique et le business.
Ce modèle top down, hyper-hiérarchique, qui a fait le bonheur des entreprises manufacturières pourra t-il s'adapter à une économie plus tournée vers le service et montant en valeur ajoutée ? Le rôle du middle management deviendra de plus en plus prépondérant. Le modèle du LaoBan (patron) devra sans doute évoluer et connaissant la xénophilie des chinois, évoluer vers un modèle plus occidental qui devra sans doute se décliner en une version de management à la chinoise moderne avec, par exemple, plus de responsabilisation des échelons opérationnels des sociétés opérants sur ce marché afin de créer des solutions à des problématiques plus complexes.
Le politique, afin de continuer à assurer crédibilité et représentativité face aux contestations sociales de plus en plus visibles et un écart entre les riches et les pauvres de plus en plus insupportable. Viendra s'ajouter sur ces problèmes sociaux une pression démographique sans précédent, avec pour la première fois de l'histoire de nos sociétés modernes, une Chine qui vieillira avant de devenir riche. La guerre des talents continuera à faire rage et l'insoluble question des transferts de technologie ne viendra pas aider les multinationales installées en Chine à savoir se positionner sur ce marché en termes d'opération et de politique de ressources humaines.
Là où l'on dit « avant de devenir riche », il faut le comprendre par le fait qu'on ne peut raisonnablement penser que le PNB par habitant, aujourd'hui 10 fois inférieur à ceux de nos modèles occidentaux puisse atteindre, en si peu de temps autre chose que 50 à 60% des niveaux des pays industrialisés.
2020 un tournant pour le politique car il faudra que Pékin et Taipeh arrêtent de soutenir la politique : tiens, si on laissait à la Chine du futur et à Taiwan du futur le soin de résoudre nos différends. La république populaire de Chine veut voir Taiwan tomber sous sa coupe, comme un fruit mûr, sans combattre, à la SunZi et y arrivera sans doute, surtout si Taiwan commence à retrouver de ses valeurs dans la Chine des capitales modernes et rayonnantes sur l'Asie.
Enfin, pour les étrangers de Chine, qui auront mis si longtemps à gagner de l'argent dans ce pays, les explorateurs deviendront des intérieurs délivrant les bonnes pratiques pour réussir dans ce pays. Ils démontreront qu'il n'y a pas que Marco Polo capable de faire des affaires en Chine.
Benoît Boisseuil (http://lustintranslation.blogspirit.com/)Reproduction avec l'aimable autorisation de l'auteur
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