Friday, April 15, 2011
Mr le Président Nicolas sarkozy remet à la une la diplomatie des valeurs
Côte d'Ivoire, Libye: Sarkozy remet à la "une" la diplomatie des valeurs De Philippe ALFROY (AFP) PARIS — Défense de la liberté et promotion de la démocratie. Après avoir valu moult critiques à Nicolas Sarkozy, accusé de les avoir oubliées, ces valeurs ont réapparu en tête des priorités déclarées de sa politique étrangère, à la faveur des conflits en Libye et en Côte d'Ivoire. Depuis quelques semaines, l'action diplomatique du chef de l'Etat fait la "une" des grands titres de la presse internationale, qui rivalisent d'éloges pour saluer le rôle éminent tenu par la France pour protéger les populations civiles de Benghazi ou Abidjan et y défendre leurs droits. L'intervention française en Côte d'Ivoire était "juste et nécessaire", a salué le Times de Londres, "elle illustre le soutien de Sarkozy à la liberté". "La déclaration des droits de l'Homme et du citoyen est un argument de poids qui justifie de protéger Benghazi", a renchéri le New York Times, comparant le président français à un "Ronald Reagan gaulois". Bref, la France a la cote. Un étonnant renversement car, depuis le début de son mandat, le locataire de l'Elysée a été éreinté plus souvent qu'à son tour sur le front des droits de l'Homme. En 2007, le candidat Sarkozy avait pourtant fait campagne sur ce thème, déclinaison de la fameuse "rupture" appliquée à la politique extérieure. Par souci de se démarquer de son prédécesseur Jacques Chirac, il raillait alors sa "realpolitik", qui "cantonne l'action diplomatique à un effort pour ne rien changer à la réalité du monde". Mais quelques mois d'exercice du pouvoir ont suffi à mettre un bémol à ce discours. A son premier voyage en Chine, Nicolas Sarkozy est étrillé pour avoir préféré les contrats aux dissidents. Et les critiques se déchaînent, y compris dans son camp, lors du séjour ubuesque du colonel Kadhafi en France fin 2007... La ligne semble alors tracée. Priorité aux intérêts économiques. C'est à l'hiver 2010 que le ton change, à la faveur du "printemps arabe". Blâmé pour sa prudence excessive face aux soulèvements qui ont fait chuter les régimes "amis" de Tunisie et d'Egypte, Nicolas Sarkozy change de cap. Fin janvier, il prône le "changement pacifique" en Afrique au nom des "valeurs universelles". Et à la veille de lancer les Rafale sur Benghazi, il promet de "revisiter le vocabulaire diplomatique". "Au nom de la stabilité, est-ce qu'on n'a pas condamné des peuples (...) à l'injustice, au non-respect des droits de l'Homme ?", lance-t-il. Depuis, le chef de l'Etat ne rate plus une occasion de souligner le devoir de la France "pour la démocratie et la paix". "Il était temps", soupire un diplomate autoproclamé "sarkozyste", "le président est trop longtemps resté en porte-à-faux avec son discours de candidat". Même les ONG avouent suivre avec intérêt le virage présidentiel. "Je m'en réjouis", dit Jean-Marie Fardeau, de Human Rights Watch, "mais j'attends que toute notre politique étrangère soit revue à cette aune démocratique et qu'elle s'applique aussi à la Syrie ou à la Chine". L'entourage présidentiel ne semble pas aussi pressé. "La France est fière de mettre en oeuvre pour la première fois en Libye et en Côte d'Ivoire le devoir de protéger théorisé par l'Onu", glisse-t-on, "mais tout cela est d'abord une question de moment et d'équilibre"... "Ce n'est qu'un changement circonstanciel", estime un ancien ministre, "même s'ils doivent en être une composante importante, les droits de l'Homme ne peuvent être la seule priorité d'une politique étrangère". "Je ne vois pas que Nicolas Sarkozy ait une analyse globale ou une référence stable en politique étrangère. En bon avocat, il fait d'abord des +coups+", remarque un autre ex-ministre, "et à chaque problème, il ajuste ses pensées, ses alliances et détermine ses arguments". Copyright © 2011 AFP.
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