Saturday, March 19, 2011
Mr le président Nicolas sarkozy une prouesse diplomatique.
Libye : le tour de force diplomatique de Sarkozy
A l’issue d’une course contre la montre avec l’armée de Kadhafi, Nicolas Sarkozy est parvenu à arracher à l’ONU l'autorisation d’un recours à la force en Libye. Retour sur une prouesse diplomatique.
Nicolas Sarkozy aurait-il retrouvé la « baraka » qui lui a tant fait défaut ces derniers mois ? Après avoir laissé passer les trains des révolutions tunisiennes puis égyptiennes, le président français s’est emparé de la crise libyenne pour finalement arracher in extremis au Conseil de sécurité des Nations unies une décision à laquelle personne ne croyait plus : l’autorisation du recours à la force contre Kadhafi pour protéger les insurgés libyens. Un succès diplomatique qui s’est aussitôt traduit par l’annonce d’un « cessez-le-feu » par Tripoli. Pour la première fois depuis des semaines de répression sanglante, la population de Benghazi pourrait donc connaître un répit, même si la communauté internationale restait prudente hier, craignant un nouveau coup de bluffA droite comme à gauche, la classe politique française a salué – à l’exception de Marine Le Pen – le rôle joué par la France. Car Sarkozy est parvenu en quelques jours à surmonter le scepticisme général pour rendre possible une intervention armée en Libye. « Cette résolution est un vrai succès », s’est félicité vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
« Couac » avec Alain Juppé
Pourtant, il y a seulement une semaine, Paris paraissait bien seul. Lorsqu’il décide à la surprise générale, le 10 mars, de reconnaître le Conseil national libyen – les opposants à Kadhafi –, Sarkozy provoque la colère de ses partenaires européens, et un « couac » avec le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, pris de court par l’initiative – osée – du chef de l’Etat. « L’objectif était de montrer au monde qu’il y avait une alternative à Kadhafi en Libye », explique-t-on à l’Elysée.
Venu à Bruxelles convaincre les Européens de la nécessité d’intervenir en Libye, Sarkozy se heurte vite à un mur allemand. Pour Angela Merkel, pas question de se laisser entraîner dans une opération militaire qu’elle juge hasardeuse. Sarkozy peut compter en revanche sur le soutien du Premier ministre britannique, David Cameron. Mais à l’issue du sommet, il n’y a toujours pas de consensus européen sur une intervention militaire. Loin de là.
« Ce n’est pas l’Occident contre le monde arabe »
Qu’importe : Sarkozy passe outre. En marge du sommet des ministres des Affaires étrangères du G8 à Paris, il s’entretient en tête-à-tête, avec Hillary Clinton. Pour la première fois, « il a senti que les Etats-Unis étaient prêts à bouger », témoigne un proche. Alors il fonce. Et il joue la carte arabe. Car la Ligue arabe lui a apporté un argument de poids en se prononçant pour une zone d’exclusion aérienne en Libye. « Cela montre que ce n’est pas “l’Occident contre le monde arabe”. Il fallait absolument éviter de tomber dans ce piège », explique-t-on à l’Elysée.
Dix mains se lèvent
Avec le soutien américain, et grâce à l’absence de veto russes et chinois – « ils ont compris qu’il n’était pas possible de soutenir un Kadhafi qui massacre son peuple », résume Paris –, Sarkozy tient sa résolution. Alain Juppé s’envole alors pour New York pour faire pencher définitivement la balance lors de la réunion du Conseil de sécurité… une initiative qui rappelle furieusement un Dominique de Villepin plaidant au même endroit contre la guerre en Irak en 2003. Dix mains sur 15 se lèvent au moment du vote. C’est gagné.
Succès diplomatique, l’opération libyenne reste lourde de pièges sur le plan militaire. L’unité européenne comme la relation franco-allemande en ont aussi pris un coup, même si Merkel, étrillée par la presse allemande après l’abstention de Berlin lors du vote au Conseil de sécurité, a décidé de participer samedi au sommet Union européenne-Union africaine-Ligue arabe organisé à Paris sur la Libye. « Si la révolution libyenne l’emporte car on aura anéanti les troupes de Kadhafi, que pourront dire les autres ? Si cela ne marche pas, ils diront : “On vous l’avait bien dit !” », résumait vendredi l’eurodéputé Europe Ecologie Daniel Cohn-Bendit. Les habitants de Benghazi, eux, n’ont pas d’états d’âme. Vendredi, le drapeau français y côtoyait le drapeau libyen et les jeunes scandaient : « 1,2,3, vive Sarkozy
par Christine Ollivier
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