Friday, March 18, 2011
Mr le président Nicolas Sakozy Nicolas Sarkozy a fini par l'emporter
Libye, le coup d'éclat de Sarkozy?
Nicolas Sarkozy a fini par l'emporter. La résolution, jeudi, du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye vient consacrer la position française sur la question. Un véritable succès diplomatique?
En France, l'unanimité est presque parfaite. L'adoption de la résolution de l'ONU visant le régime de Kadhafi est un succès. A droite comme à gauche, les hommes politiques saluent cette décision. Et certains tressent même des louanges à Nicolas Sarkozy dans ce tournant diplomatique. "Les efforts du président français et de son ministre des Affaires étrangères auront marqué un coup d'arrêt à l'offensive meurtrière du dictateur libyen. L'espoir renaît à Benghazi. La France et les Nations unies y sont saluées avec gratitude", s'est réjoui vendredi Jack Lang dans un communiqué.
"La France a prouvé son leadership en s'exprimant la première en faveur d'un départ du pouvoir dictatorial de Kadhafi puis en reconnaissant l'opposition comme seul interlocuteur légitime", avançait vendredi dans un communiqué Axel Poniatowski, président UMP de la Commission des affaires étrangères à l'Assemblée nationale. Histoire de concrétiser cette victoire diplomatique, un sommet réunissant l'Union européenne, l'Union africaine et la Ligue arabe sur la Libye se tiendra samedi à Paris en présence de Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, a annoncé vendredi Hicham Youssef, directeur du bureau du patron de l'organisation panarabe Amr Moussa. La Ligue arabe a indiqué répondre ainsi favorablement à une invitation formulée par la France.
En clair, Nicolas Sarkozy a refait le coup de la Géorgie. A l'été 2008, le président avait réalisé un forcing identique pour tenter de calmer les ardeurs russes à sa frontière avec son ancienne république. Sa médiation, alors qu'il était à la tête du Conseil européen, avait permis l'arrêt des combats entre les deux belligérants. Un succès diplomatique éclair et retentissant.
"Tournant opportuniste"
A l'étranger, les commentateurs restent cependant encore circonspects sur l'attitude française face à la Libye. L'offensive du président français cette semaine a été assez mal perçue. La France reste le seul pays à avoir reconnu le Conseil national de transition (CNT), organe de l'opposition à Kadhafi dans le pays. Et, lorsque Nicolas Sarkozy les a reçus à l'Elysée et leur a confié qu'il soutiendrait l'idée d'un appui militaire, les laissant eux-mêmes annoncer à la presse cette nouvelle, les représentants du CNT n'y croyaient pas eux-mêmes. Angela Merkel se disait alors "fondamentalement sceptique", le Premier ministre des Pays-Bas parlait d'un geste "fou", rapporte le site Internet du Nouvel Observateur .
Aux Etats-Unis, ce soutien abrupt est aussi mal passé. Le Washington Post relevait jeudi des "critiques" qui expliquaient que ce changement d'attitude "reflétait l'embarras de Nicolas Sarkozy face à la lente réponse de son gouvernement aux révoltes tunisienne et égyptienne." Un thème repris par Lionel Jospin, jeudi soir à Nancy, qui évoquait un "tournant opportuniste". Ou encore par Daniel Cohn-Bendit, vendredi: "Nicolas Sarkozy a eu raison sur la Libye, mais il ne faut pas oublier que la diplomatie française et le gouvernement français sur la Tunisie et l'Egypte, ce n'était pas brillant."
A juger sur pièces
En Angleterre, fervent soutien de la France dans ce combat, le rôle des deux pays est aussi minoré. Certes ils ont eu un "impact", souligne vendredi le Guardian , mais il faut aussi mentionner, notamment, les efforts du démocrate John Kerry et du conservateur John McCain aux Etats-Unis. Car, si victoire française il y a eu, elle n'aurait pas était possible sans le revirement de Barack Obama.
Le président américain n'était au départ pas très enclin à y aller, ne voulant pas répéter l'erreur faite en Irak par son prédécesseur. Il souhaitait plutôt une intervention semblable à celle du Koweït ou du Kossovo. En voyant qu'il était possible d'obtenir un mandat de l'ONU et le soutien de pays arabes (les Emirats Arabes Unis et le Qatar), en convaincant les Chinois et les Russes de ne pas s'opposer, Obama a choisi de prendre part à cette aventure. Juste après ce vote important de l'ONU, le président américain a passé un coup de fil à David Cameron et à… Nicolas Sarkozy, a révélé vendredi la Maison blanche. Clairement, la France a su s'imposer sur ce dossier.
Pour le sans-faute diplomatique, il faut encore réussir à fédérer les opinions européennes, alors que l'Allemagne a critiqué la résolution de l'ONU. "On va avoir du travail pour préserver l'unité de l'UE", a concédé un diplomate à l'AFP. "La suite va dépendre de l'évolution sur le terrain. Si la révolution libyenne l'emporte car on aura anéanti les troupes de Kadhafi que pourront dire les autres (les pays qui s'opposent)? Si cela ne marche pas, ils diront: 'on vous l'avait bien dit!'", a pronostiqué Daniel Cohn-Bendit, interrogé par l'AFP. Le succès de Sarkozy sera donc jugé sur le terrain.
Vivien Vergnaud (avec agences) - leJDD.fr
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