L’Europe veut soutenir les «démocraties émergentes»
Le sommet des Vingt-Sept, réunis vendredi 11 mars à Bruxelles, doit apporter un soutien politique et une aide financière pour consolider la mutation démocratique de la Tunisie et de l’Égypte
Soutenir la transformation démocratique, renforcer les échanges commerciaux et les investissements, aider à la tenue d’élections, organiser des échanges d’étudiants… les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, réunis vendredi 11 mars en sommet extraordinaire à Bruxelles, doivent mettre en place un « nouveau partenariat » avec leur voisinage méditerranéen pour soutenir ce qu’une source élyséenne nomme des « démocraties en voie d’émergence » : aujourd’hui la Tunisie et l’Égypte, demain d’autres.
Les Vingt-Sept devront aussi parer au plus urgent, en débattant d’une éventuelle réponse militaire face à la guerre civile en Libye Ils doivent également répondre à la situation humanitaire créée par l’afflux de réfugiés venant de Libye, à l’immigration irrégulière et aux demandes d’asile qu’entraîne l’instabilité soudaine du monde arabe.
D’où le besoin pour l’Europe d’engager un « soutien aux transitions politiques en cours en Tunisie, en Égypte et dans la région au sens large », selon l’ordre du jour du sommet. À défaut de refonder « l’Union pour la Méditerranée », restée dans les limbes depuis son lancement à Paris en 2008, les Vingt-Sept devraient adopter un « partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée », esquissé conjointement cette semaine par la Commission européenne et le nouveau Service européen d’action extérieure, dirigé par le diplomate français Pierre Vimont.
17 millions d'euros d'aide pour la Tunisie
Pour la Tunisie, une aide européenne d’urgence de 17 millions d’euros est déjà prévue pour, en particulier, la tenue d’élections libres, l’envoi d’une mission d’observation électorale
et pour « soutenir les travaux de la commission nationale pour la réforme constitutionnelle ». Pour l’Égypte, l’UE sonde les nouvelles autorités pour connaître leurs besoins précis.
Sachant que la vie démocratique ne se résume pas aux élections et réformes constitutionnelles mais exige au quotidien dialogue social, tissu associatif, justice indépendante et bonne administration locale, l’Europe veut muscler dans ces pays « la société civile » (syndicats, partis politiques, ONG). En première ligne des révoltes, ces acteurs sont incontournables pour « l’arrêt des abus commis par les pouvoirs publics », souligne le projet de partenariat.
Organiser davantage de séjours en Europe d’étudiants, de chercheurs et d’hommes d’affaires de la région, en facilitant l’octroi de visas, trace un autre axe à ce partenariat. L’Europe fait aussi miroiter aux pays le grade de « statut avancé », déjà accordé au Maroc et à la Jordanie dans leur association avec l’Union européenne. Ce statut facilite les échanges commerciaux et l’obtention de visas. De son côté, l’Élysée appuie l’idée d’un « office méditerranéen de la jeunesse » à travers lequel de jeunes Arabes pourraient acquérir une expérience en Europe avant de retourner en faire profiter leur pays, selon le principe de la « migration circulaire ».
Stimuler l’économie et l’emploi
Car le but reste de stimuler l’économie et l’emploi dans ces pays, autre axe du partenariat. Les Vingt-Sept comptent à cette fin faire appel à la Banque européenne d’investissement (BEI). En particulier sa « facilité euro-méditerranéenne d’investissement » pour financer des infrastructures (routes, assainissement, équipements des collectivités locales), qui, du Maroc à la Jordanie, pourrait prêter 6 milliards d’euros dans les trois années à venir. Cette somme s’ajoute aux 4 milliards de subventions pour le Sud méditerranéen déjà programmés au budget européen pour 2011, 2012 et 2013. La Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd) pourrait être plus tard à son tour sollicitée, ses statuts actuels lui interdisant d’opérer dans la région.
« Cette aide européenne est conditionnée à la mise en place de réformes pour la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance », insiste la porte-parole de José Manuel Barroso, président de la Commission. Des conditions jusqu’ici jamais trop exigées, reconnaît-on, par les États de l’UE ni les institutions européennes. « L’argent communautaire a été dépensé. Les réformes n’ont pas suivi », résume l’expert européen, Pierre Defraigne. Comme le souligne aussi Hans Martens, directeur du groupe de réflexion bruxellois EPC : « Le problème immédiat n’est pas le flux massif d’argent vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient mais surtout de s’assurer que la direction vers des sociétés stables, ouvertes et démocratiques est bien prise.»
Sébastien MAILLARD
Le sommet des Vingt-Sept, réunis vendredi 11 mars à Bruxelles, doit apporter un soutien politique et une aide financière pour consolider la mutation démocratique de la Tunisie et de l’Égypte
Soutenir la transformation démocratique, renforcer les échanges commerciaux et les investissements, aider à la tenue d’élections, organiser des échanges d’étudiants… les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, réunis vendredi 11 mars en sommet extraordinaire à Bruxelles, doivent mettre en place un « nouveau partenariat » avec leur voisinage méditerranéen pour soutenir ce qu’une source élyséenne nomme des « démocraties en voie d’émergence » : aujourd’hui la Tunisie et l’Égypte, demain d’autres.
Les Vingt-Sept devront aussi parer au plus urgent, en débattant d’une éventuelle réponse militaire face à la guerre civile en Libye Ils doivent également répondre à la situation humanitaire créée par l’afflux de réfugiés venant de Libye, à l’immigration irrégulière et aux demandes d’asile qu’entraîne l’instabilité soudaine du monde arabe.
D’où le besoin pour l’Europe d’engager un « soutien aux transitions politiques en cours en Tunisie, en Égypte et dans la région au sens large », selon l’ordre du jour du sommet. À défaut de refonder « l’Union pour la Méditerranée », restée dans les limbes depuis son lancement à Paris en 2008, les Vingt-Sept devraient adopter un « partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée », esquissé conjointement cette semaine par la Commission européenne et le nouveau Service européen d’action extérieure, dirigé par le diplomate français Pierre Vimont.
17 millions d'euros d'aide pour la Tunisie
Pour la Tunisie, une aide européenne d’urgence de 17 millions d’euros est déjà prévue pour, en particulier, la tenue d’élections libres, l’envoi d’une mission d’observation électorale
et pour « soutenir les travaux de la commission nationale pour la réforme constitutionnelle ». Pour l’Égypte, l’UE sonde les nouvelles autorités pour connaître leurs besoins précis.
Sachant que la vie démocratique ne se résume pas aux élections et réformes constitutionnelles mais exige au quotidien dialogue social, tissu associatif, justice indépendante et bonne administration locale, l’Europe veut muscler dans ces pays « la société civile » (syndicats, partis politiques, ONG). En première ligne des révoltes, ces acteurs sont incontournables pour « l’arrêt des abus commis par les pouvoirs publics », souligne le projet de partenariat.
Organiser davantage de séjours en Europe d’étudiants, de chercheurs et d’hommes d’affaires de la région, en facilitant l’octroi de visas, trace un autre axe à ce partenariat. L’Europe fait aussi miroiter aux pays le grade de « statut avancé », déjà accordé au Maroc et à la Jordanie dans leur association avec l’Union européenne. Ce statut facilite les échanges commerciaux et l’obtention de visas. De son côté, l’Élysée appuie l’idée d’un « office méditerranéen de la jeunesse » à travers lequel de jeunes Arabes pourraient acquérir une expérience en Europe avant de retourner en faire profiter leur pays, selon le principe de la « migration circulaire ».
Stimuler l’économie et l’emploi
Car le but reste de stimuler l’économie et l’emploi dans ces pays, autre axe du partenariat. Les Vingt-Sept comptent à cette fin faire appel à la Banque européenne d’investissement (BEI). En particulier sa « facilité euro-méditerranéenne d’investissement » pour financer des infrastructures (routes, assainissement, équipements des collectivités locales), qui, du Maroc à la Jordanie, pourrait prêter 6 milliards d’euros dans les trois années à venir. Cette somme s’ajoute aux 4 milliards de subventions pour le Sud méditerranéen déjà programmés au budget européen pour 2011, 2012 et 2013. La Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd) pourrait être plus tard à son tour sollicitée, ses statuts actuels lui interdisant d’opérer dans la région.
« Cette aide européenne est conditionnée à la mise en place de réformes pour la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance », insiste la porte-parole de José Manuel Barroso, président de la Commission. Des conditions jusqu’ici jamais trop exigées, reconnaît-on, par les États de l’UE ni les institutions européennes. « L’argent communautaire a été dépensé. Les réformes n’ont pas suivi », résume l’expert européen, Pierre Defraigne. Comme le souligne aussi Hans Martens, directeur du groupe de réflexion bruxellois EPC : « Le problème immédiat n’est pas le flux massif d’argent vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient mais surtout de s’assurer que la direction vers des sociétés stables, ouvertes et démocratiques est bien prise.»
Sébastien MAILLARD
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