阿尔及利亚合作的欧洲商业中心的海军拱门

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Commission européenne: "Commission européenne"

Monday, January 10, 2011

Chine Europe politique 2011


Propos recueillis par Régis Soubrouillard - Marianne
«La Chine possède un levier politique extraordinaire en Europe»

Economiste, ancien journaliste au Monde, auteur récemment d'un essai-fiction intitulé « Le Jour où la France sortira de l'euro », Philippe Simonnot revient, à l'occasion de la tournée européenne du vice-premier Ministre chinois Li Keqiang, sur les intérêts pour la Chine d'investir en Europe et les inquiétudes que lui inspire cette intrusion par la finance d'un régime autoritaire en Europe.

Marianne2: Après la Grèce et le Portugal, le vice-Premier ministre Chinois Li Keqiang a passé deux jours en Espagne pour marquer l ‘effort fait par Pékin pour aider l’Union Européenne. La Chine va investir 5,6 milliards dans l’économie espagnole et près de 6 milliards d’euros de bons du trésor du royaume. Quels sont les intérêts pour Pékin à investir aussi massivement en Europe, et en quoi cela vous paraît-il inquiétant ?

Philippe Simonnot: La Chine évidemment profite de cette opportunité de dette souveraine pour venir au secours des pays périphériques. On lui déroule le tapis rouge pour la recevoir. Le danger c’est que cela représente peu de choses pour les actifs de la Banque populaire de Chine. En revanche, il suffirait qu’elle les revende sur les marchés pour qu'immédiatement les taux d’intérêts sur ces dettes retrouvent une tension. Actuellement, ils bougent peu, mais si elle menaçait seulement de les revendre, cela aggraverait la crise souveraine. De fait, la Chine possède désormais un levier politique extraordinaire qui permet de faire passer beaucoup d’autres choses. En ce sens, elle s’inscrit aussi dans une logique de long terme. C’est une politique de puissance.

On observe déjà un certain chantage avec les Etats-Unis puisque la Chine a obtenu que les Américains mettent un certain bémol dans leurs revendications sur la réévaluation du yuan. Même si la Chine a aussi intérêt à sauver l’euro, parce que si l’euro dévisse, le dollar et le yuan suivront. Nous sommes dans une logique de guerre des monnaies.

La plupart des médias et experts ne partagent pas la même inquiétude. Beaucoup se félicitent de voir une telle force de frappe financière voler au secours du Vieux Continent ?

Je crois que nous n’avons pas assez mesuré ce phénomène relativement unique dans l’histoire d’une dictature qui réussit sur le plan économique. C’est radicalement nouveau, nous ne savons pas trop quoi faire avec. Le fond du problème est là. Évidemment, les dirigeants européens sont aux abois et font tout ce qu’ils peuvent pour sauver l’euro, c’est leur bébé, ils l’ont construit, ils le défendront bec et ongles. Je le comprends mais là, ils vont très loin. Le rachat de toutes les infra-structures portuaires grecques est quand même une garantie de laisser rentrer toutes leurs marchandises en Europe. Je trouve cela très dangereux. Les médias n’ont souvent aucun mal à évoquer la question des droits de l’homme en Chine pour dénoncer l’attitude du régime chinois, et les mêmes se félicitent de voir la Chine porter secours aux Etats européens en faillite. Il y a là une schizophrénie étonnante. D’une part les médias sont très oublieux et il n’y a pas une conscience très claire de ce qu’est la Chine, qui est quand même une dictature féroce.

Pour autant, l’Europe a-t-elle des solutions alternatives à faire valoir ?

Dans la politique européenne actuelle, il n’y en a pas. Nous payons la rançon du sauvetage de l’euro. Pour Trichet, c’est même un soulagement. Tant que nous nous entêterons à maintenir l’euro, le risque est de voir la Chine renforcer ses positions en Europe. L’alternative, c’est l’éclatement de l’euro. Dans la manière dont l ‘euro a été construit, l’éclatement est même inéluctable. On essaie de rattraper le coup en réinstallant de la gouvernance économique, mais cela ne changera rien. On peut colmater, mettre des rustines partout mais le système est vicié au départ. Je ne suis pas sûr que les Allemands ne jouent pas l’éclatement eux-mêmes. Il est avéré qu’à Deauville, suite à un entretien Sarkozy-Merkel, l’idée a été répandue que les banquiers devraient participer à la restructuration de la dette des Etats souverains. Puis, il y a eu rétropédalage, on a entendu dire que ce serait seulement à partir de 2013. Il n’empêche que si les banquiers doivent mettre la main au portefeuille, ils augmenteront leurs taux d’intérêts et les pays périphériques n’auront aucun intérêt à rester dans la zone euro. Dire que les pays périphériques vont partir revient à dire que l’Allemagne cherche à sortir de l'euro. Ce sont les deux faces d’une même médaille. On vise là à reconstituer un centre européen essentiellement autour de la France, l’Allemagne, le Bénélux.

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