Sunday, January 09, 2011
Belgique une capitale europeénne 209 jours sans gouvernement paradoxe 2011
De Yann OLLIVIER (AFP) – Il y a 22 heures
Le monde économique inquiet du blocage politique de la Belgique
BRUXELLES — Le patronat belge s'inquiète des conséquences économiques de l'absence prolongée de gouvernement en Belgique, qui a battu samedi en la matière le record d'Europe de la plus longue crise politique, détenu jusque-là depuis 1977 par les Pays-Bas voisins.
Dans les colonnes du quotidien Le Soir, plusieurs chefs d'entreprises ont tiré samedi la sonnette d'alarme.
Le milliardaire Albert Frère, l'un des principaux actionnaires des groupes Total et de GDF Suez, se dit "atterré par cette situation chaotique qui pourrait affecter durablement l'économie belge". Et de prévenir: "Les marchés seront impitoyables si le pays ne sort pas dans les meilleurs délais de cet enfer sans précédent".
Cela fait désormais plus de 208 jours que les négociations en vue de la formation d'un gouvernement s'éternisent. Le record néerlandais de 1977 désormais dépassé, la Belgique devra encore attendre le 30 mars pour ravir à l'Irak le record du monde (289 jours pour former un cabinet en 2009).
Le roi Albert II doit prendre une initiative la semaine prochaine, suite à l'échec d'un médiateur qu'il avait nommé à relancer les négociations entre partis flamands et francophones, sur une décentralisation accrue du pays et la formation d'un gouvernement.
Or, "c'est maintenant que nous devons (...) opter pour des solutions définitives", a prévenu le patron des patrons flamands, Luc De Bruyckere, "si nous ne le faisons pas, nous y serons finalement contraints par la pression des marchés internationaux".
"Il faut passer outre aux egos politiques et penser à l'intérêt collectif", renchérit Jef Colruyt, patron du groupe de distribution belge éponyme.
Pour le moment, avec Yves Leterme à sa tête, "la Belgique dispose d'un gouvernement qui gère les affaires courantes et le fait de manière efficace", relativise Herman Daems, président du conseil d'administration de BNP Paribas Fortis.
Selon lui, "mieux vaut prendre encore un peu de temps pour aboutir à un bon accord plutôt que de privilégier un gouvernement de crise sans aboutir à une réforme" en profondeur, ce qui risquerait selon lui de donner "un mauvais signal aux marchés".
Ce n'est pas l'avis de l'actuel ministre des Finances Didier Reynders. Préoccupé par l'épée de Damoclès des marchés sur la Belgique, il a plaidé samedi pour la constitution d'un gouvernement provisoire jusqu'à l'été pour régler en priorité les problèmes budgétaires et éviter une attaque spéculative de grande ampleur des investisseurs.
Ces derniers considèrent la Belgique comme l'un des maillons faibles de la zone euro. L'agence de notation Standard and Poor's a menacé fin décembre de dégrader son évaluation du royaume si la crise politique perdure au-delà d'un délai de six mois.
Pour l'heure, malgré une dette qui approche les 100% du Produit intérieur brut (PIB), le pays bénéficie encore sur les marchés d'un taux d'emprunt à dix ans relativement modéré, autour de 4,1%. Son déficit public doit baisser à 4,1% du PIB cette année, voire à 3,7% en fonction des mesures prises.
Paradoxalement, la force de l'économie belge, dont la croissance devrait atteindre les 2,1% en 2010, lui a permis le "luxe" de se passer d'un vrai gouvernement depuis l'été dernier, relève Pascal Delwit, politologue à l'Université Libre de Bruxelles.
"Mais quand vous essayer d'attirer des investisseurs étrangers, cette crise politique est tout sauf un atout", relève-t-il.
Autre signe inquiétant: le prix des Credit Default Swaps, CDS, des contrats d'assurance pour les créanciers de la dette publique négociés sur les marchés, ont été multipliés par cinq pour les obligations belges, même s'ils sont encore loin d'atteindre les niveaux de l'Irlande ou du Portugal.
Copyright © 2011 AFP.
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