“Le Monde arabe est bien placé pour contribuer à l’émergence d’une aire afro-arabe de paix et de prospérité”
Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a prononcé une allocution en séance à huis clos lors du 2e sommet afro-arabe, hier à Syrte (Libye), dont voici le texte intégral :
“ Monsieur le Président et cher frère Guide de la Révolution libyenne,
Majestés,
Excellences,
Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement,
Altesses,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d’abord à féliciter le Guide Maamar El Gueddafi qui a pris l’initiative de convier les dirigeants africains et arabes en vue de relancer et approfondir les relations multiformes entre leurs deux ensembles.
Nous sommes convaincus que le présent sommet marquera un nouveau départ de portée ambitieuse pour un partenariat stratégique afro-arabe permanent, plus dense et plus fructueux.
Monsieur le Président,
Etroitement imbriqués au plan géographique, le Monde arabe et l’Afrique sont unis par des liens séculaires d’échanges économiques, culturels et civilisationnels. Ils ont su forger un partenariat politique solide et écrit ensemble des pages glorieuses de la diplomatie de combat au service des causes justes.
Le sommet arabe d’Alger de novembre 1973 a ouvert la voie à l’institutionnalisation des liens de solidarité et de coopération des pays arabes avec l’Afrique. Le lancement à cette occasion d’un processus de mise en place d’institutions financières multilatérales arabes dédiées au développement économique et social de l’Afrique, a marqué un tournant hautement significatif appelant naturellement à la définition d’une stratégie de partenariat diversifié.
C’est cette dynamique qui a conduit à la tenue, en 1977, du premier sommet afro-arabe qui visait notamment à consolider le partenariat politique qui lie le Monde arabe au continent africain, à l’approfondir et à l’élargir à d’autres domaines prometteurs de coopération.
Notre rencontre d’aujourd’hui nous permettra d’évaluer les réalisations de ce partenariat depuis que ses principes et ses axes d’action ont été consacrés par la Déclaration du Caire. Il s’agira aussi d’organiser une mobilisation rationnelle des atouts considérables de nos deux régions pour élever notre partenariat au niveau d’exemplarité auquel nous pouvons légitimement aspirer.
Les pays africains, comme les pays arabes, ont été durement affectés par la mondialisation accélérée des processus de production des biens et services, des courants d’échanges et des flux de capitaux.
Chacun de nos pays a réalisé que le nouveau contexte international présente des opportunités, mais que c’est aussi un vecteur d’instabilité. Il est donc important d’accélérer l’intégration régionale, seule à même de permettre de relever les défis du développement. Il en est de même pour la recherche de la concertation et de l’action commune au service de la paix et de la stabilité et de relations économiques internationales plus équitables, dont les enjeux sont cruciaux pour nos deux régions.
La première de nos préoccupations devrait concerner les questions de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Ce sont-là des domaines où nos deux régions connaissent des difficultés certaines et font encore face à des défis majeurs.
De plus, il s’agit des conditions nécessaires à la viabilité de tout processus de développement économique et social.
Cet objectif appelle une concertation politique régulière et plus étroite pour aborder de manière solidaire dans les fora internationaux compétents, notamment, la question palestinienne et celle des conflits en Afrique. Le soutien réciproque et le développement de synergies entre les architectures respectives de paix et sécurité de l’Union africaine et de la Ligue arabe nécessite la mise en place de mécanismes conjoints pour des contacts suivis entre les instances dirigeantes des deux organisations.
L’injustice subie par le peuple palestinien perdure. Les termes d’une solution juste et durable, autour desquels les rangs arabo-africains sont soudés, n’ont pas changé. Il est donc important que nous renouvelions notre soutien au droit inaliénable du peuple palestinien à son propre Etat indépendant avec El-Qods pour capitale, et que nous lui manifestions une solidarité sans faille dans sa lutte courageuse sur une voie encore parsemée d’embûches.
La solidarité et l’entente arabo-africaines doivent également encourager l’Afrique à trouver, elle-même, des solutions à ses problèmes en matière de paix et de sécurité.
Nous devons intensifier nos efforts pour encourager les parties au Soudan et en Somalie à ne ménager aucun effort dans la recherche et la mise en œuvre d’un règlement juste et durable fondé sur l’équité et la fraternité et tourné vers la réconciliation, la stabilité et le développement.
Notre partenariat doit se fonder sur une coopération vigoureuse pour le développement économique et social. Dans ce contexte, il est clair qu’il est indispensable d’établir des priorités pour une meilleure concentration des efforts, un suivi systématique et des résultats tangibles.
A cet égard, les priorités identifiées dans le cours des préparatifs de notre sommet nous paraissent constituer un choix judicieux. Il s’agit, d’une part, de promouvoir les investissements et le commerce entre les pays des deux régions et, d’autre part, de coopérer davantage dans le domaine de l’agriculture où des complémentarités notables existent et devraient être exploitées au bénéfice de la sécurité alimentaire de l’ensemble de la zone afro-arabe.
En Algérie et depuis notre indépendance, nous nous sommes investis activement dans la promotion de liens économiques multiformes avec des deux régions qui constituent pour nous des aires naturelles d’appartenance. Nos politiques de développement prennent à cœur le souci de contribuer à l’intégration au sein de chacun des deux ensembles et à ériger des passerelles de coopération entre eux.
Nous avons aussi été animés par le souci de promouvoir le désenclavement et le développement socioéconomique des zones situées de part et d’autre de nos frontières avec le Mali et le Niger, au bénéfice des populations de ces zones et du rapprochement entre nos peuples.
C’est ainsi que dès 1968, notre législation a consacré le commerce de troc avec le Mali et le Niger. Ces relations privilégiées dans le cadre du commerce transfrontalier bénéficient d’une exonération, que nous avons accordée unilatéralement, des droits de douane et de formalités de commerce extérieur pour les produits échangés dans le cadre du commerce de troc avec nos frères maliens et nigériens.
L’Algérie se fait également un devoir de participer aux principales foires commerciales organisées en Afrique. Les instances bilatérales mixtes de coopération chargées d’impulser notre coopération et nos échanges sont présidées par des personnalités de rang élevé et bénéficient d’une attention soutenue des pouvoirs publics pour saisir toutes les opportunités de porter nos rapports économiques à un niveau en rapport avec l’excellence des liens politiques et de fraternité qui unissent nos gouvernements et nos peuples.
Dans le cadre de notre coopération avec l’Afrique, nous avons réalisé un grand nombre de projets conjoints. Nous continuons à œuvrer à intensifier nos efforts de promotion du commerce et de l’investissement.
C’est ainsi que nous avons engagé des négociations en vue d’un accord de commerce et d’investissement avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine. C’est dans le même esprit que nous avons engagé des pourparlers préliminaires avec la COMESA pour explorer les initiatives possibles pour renforcer les liens économiques et commerciaux avec cet ensemble dynamique.
Le partenariat arabo-africain doit accorder une grande importance à la dimension culturelle et humaine. Pour avoir accueilli, en 1969, puis en 2009, deux Festivals culturels panafricains et organisé les activités liées à la Proclamation d’Alger capitale de la culture arabe en 2007, l’Algérie est pleinement consciente de l’importance de la valorisation du patrimoine culturel inestimable des deux régions, en tant que facteur de rapprochement et de compréhension entre nos peuples.
De plus, ayant formé plus de 40.000 cadres africains dans les universités et instituts algériens depuis l’indépendance et consacrant plus du tiers du budget national à l’éducation et à la formation, nous accordons toute leur importance aux ressources humaines dans le développement durable de nos pays et l’épanouissement de nos peuples.
En outre, le développement des capacités institutionnelles et humaines en matière de conception et de gestion des projets industriels, agricoles et de services peut ouvrir un vaste champ à la coopération et aux échanges d’expériences entre les deux régions.
Monsieur le Président,
L’institutionnalisation du sommet afro-arabe avec une périodicité triennale et les rencontres régulières des ministres des Affaires étrangères et des comités sectoriels représentent des mesures susceptibles de répondre à notre souci de traduire nos engagements en réalité sur le terrain.
Nous devons nous féliciter de la disponibilité des dirigeants de la Banque africaine de développement, de la Banque islamique de développement, de la BADEA, de la Commission économique pour l’Afrique et de l’Agence du NEPAD à mobiliser à cette fin leur expertise et leurs ressources.
Monsieur le Président,
Les conditions les plus favorables sont aujourd’hui réunies pour un essor des relations afro-arabes. Le potentiel de croissance de l’Afrique est aujourd’hui reconnu par tous. Avec ses ressources, son expérience et son compagnonnage traditionnel avec l’Afrique dans les moments difficiles, le Monde arabe est bien placé pour contribuer à l’émergence d’une aire afro-arabe de paix et de prospérité.
Les décisions de notre sommet marqueront un jalon essentiel sur cette voie. Il nous appartient de travailler sans relâche à la mise en œuvre des programmes communs ambitieux que nous nous sommes tracés.”
Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a prononcé une allocution en séance à huis clos lors du 2e sommet afro-arabe, hier à Syrte (Libye), dont voici le texte intégral :
“ Monsieur le Président et cher frère Guide de la Révolution libyenne,
Majestés,
Excellences,
Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement,
Altesses,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d’abord à féliciter le Guide Maamar El Gueddafi qui a pris l’initiative de convier les dirigeants africains et arabes en vue de relancer et approfondir les relations multiformes entre leurs deux ensembles.
Nous sommes convaincus que le présent sommet marquera un nouveau départ de portée ambitieuse pour un partenariat stratégique afro-arabe permanent, plus dense et plus fructueux.
Monsieur le Président,
Etroitement imbriqués au plan géographique, le Monde arabe et l’Afrique sont unis par des liens séculaires d’échanges économiques, culturels et civilisationnels. Ils ont su forger un partenariat politique solide et écrit ensemble des pages glorieuses de la diplomatie de combat au service des causes justes.
Le sommet arabe d’Alger de novembre 1973 a ouvert la voie à l’institutionnalisation des liens de solidarité et de coopération des pays arabes avec l’Afrique. Le lancement à cette occasion d’un processus de mise en place d’institutions financières multilatérales arabes dédiées au développement économique et social de l’Afrique, a marqué un tournant hautement significatif appelant naturellement à la définition d’une stratégie de partenariat diversifié.
C’est cette dynamique qui a conduit à la tenue, en 1977, du premier sommet afro-arabe qui visait notamment à consolider le partenariat politique qui lie le Monde arabe au continent africain, à l’approfondir et à l’élargir à d’autres domaines prometteurs de coopération.
Notre rencontre d’aujourd’hui nous permettra d’évaluer les réalisations de ce partenariat depuis que ses principes et ses axes d’action ont été consacrés par la Déclaration du Caire. Il s’agira aussi d’organiser une mobilisation rationnelle des atouts considérables de nos deux régions pour élever notre partenariat au niveau d’exemplarité auquel nous pouvons légitimement aspirer.
Les pays africains, comme les pays arabes, ont été durement affectés par la mondialisation accélérée des processus de production des biens et services, des courants d’échanges et des flux de capitaux.
Chacun de nos pays a réalisé que le nouveau contexte international présente des opportunités, mais que c’est aussi un vecteur d’instabilité. Il est donc important d’accélérer l’intégration régionale, seule à même de permettre de relever les défis du développement. Il en est de même pour la recherche de la concertation et de l’action commune au service de la paix et de la stabilité et de relations économiques internationales plus équitables, dont les enjeux sont cruciaux pour nos deux régions.
La première de nos préoccupations devrait concerner les questions de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Ce sont-là des domaines où nos deux régions connaissent des difficultés certaines et font encore face à des défis majeurs.
De plus, il s’agit des conditions nécessaires à la viabilité de tout processus de développement économique et social.
Cet objectif appelle une concertation politique régulière et plus étroite pour aborder de manière solidaire dans les fora internationaux compétents, notamment, la question palestinienne et celle des conflits en Afrique. Le soutien réciproque et le développement de synergies entre les architectures respectives de paix et sécurité de l’Union africaine et de la Ligue arabe nécessite la mise en place de mécanismes conjoints pour des contacts suivis entre les instances dirigeantes des deux organisations.
L’injustice subie par le peuple palestinien perdure. Les termes d’une solution juste et durable, autour desquels les rangs arabo-africains sont soudés, n’ont pas changé. Il est donc important que nous renouvelions notre soutien au droit inaliénable du peuple palestinien à son propre Etat indépendant avec El-Qods pour capitale, et que nous lui manifestions une solidarité sans faille dans sa lutte courageuse sur une voie encore parsemée d’embûches.
La solidarité et l’entente arabo-africaines doivent également encourager l’Afrique à trouver, elle-même, des solutions à ses problèmes en matière de paix et de sécurité.
Nous devons intensifier nos efforts pour encourager les parties au Soudan et en Somalie à ne ménager aucun effort dans la recherche et la mise en œuvre d’un règlement juste et durable fondé sur l’équité et la fraternité et tourné vers la réconciliation, la stabilité et le développement.
Notre partenariat doit se fonder sur une coopération vigoureuse pour le développement économique et social. Dans ce contexte, il est clair qu’il est indispensable d’établir des priorités pour une meilleure concentration des efforts, un suivi systématique et des résultats tangibles.
A cet égard, les priorités identifiées dans le cours des préparatifs de notre sommet nous paraissent constituer un choix judicieux. Il s’agit, d’une part, de promouvoir les investissements et le commerce entre les pays des deux régions et, d’autre part, de coopérer davantage dans le domaine de l’agriculture où des complémentarités notables existent et devraient être exploitées au bénéfice de la sécurité alimentaire de l’ensemble de la zone afro-arabe.
En Algérie et depuis notre indépendance, nous nous sommes investis activement dans la promotion de liens économiques multiformes avec des deux régions qui constituent pour nous des aires naturelles d’appartenance. Nos politiques de développement prennent à cœur le souci de contribuer à l’intégration au sein de chacun des deux ensembles et à ériger des passerelles de coopération entre eux.
Nous avons aussi été animés par le souci de promouvoir le désenclavement et le développement socioéconomique des zones situées de part et d’autre de nos frontières avec le Mali et le Niger, au bénéfice des populations de ces zones et du rapprochement entre nos peuples.
C’est ainsi que dès 1968, notre législation a consacré le commerce de troc avec le Mali et le Niger. Ces relations privilégiées dans le cadre du commerce transfrontalier bénéficient d’une exonération, que nous avons accordée unilatéralement, des droits de douane et de formalités de commerce extérieur pour les produits échangés dans le cadre du commerce de troc avec nos frères maliens et nigériens.
L’Algérie se fait également un devoir de participer aux principales foires commerciales organisées en Afrique. Les instances bilatérales mixtes de coopération chargées d’impulser notre coopération et nos échanges sont présidées par des personnalités de rang élevé et bénéficient d’une attention soutenue des pouvoirs publics pour saisir toutes les opportunités de porter nos rapports économiques à un niveau en rapport avec l’excellence des liens politiques et de fraternité qui unissent nos gouvernements et nos peuples.
Dans le cadre de notre coopération avec l’Afrique, nous avons réalisé un grand nombre de projets conjoints. Nous continuons à œuvrer à intensifier nos efforts de promotion du commerce et de l’investissement.
C’est ainsi que nous avons engagé des négociations en vue d’un accord de commerce et d’investissement avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine. C’est dans le même esprit que nous avons engagé des pourparlers préliminaires avec la COMESA pour explorer les initiatives possibles pour renforcer les liens économiques et commerciaux avec cet ensemble dynamique.
Le partenariat arabo-africain doit accorder une grande importance à la dimension culturelle et humaine. Pour avoir accueilli, en 1969, puis en 2009, deux Festivals culturels panafricains et organisé les activités liées à la Proclamation d’Alger capitale de la culture arabe en 2007, l’Algérie est pleinement consciente de l’importance de la valorisation du patrimoine culturel inestimable des deux régions, en tant que facteur de rapprochement et de compréhension entre nos peuples.
De plus, ayant formé plus de 40.000 cadres africains dans les universités et instituts algériens depuis l’indépendance et consacrant plus du tiers du budget national à l’éducation et à la formation, nous accordons toute leur importance aux ressources humaines dans le développement durable de nos pays et l’épanouissement de nos peuples.
En outre, le développement des capacités institutionnelles et humaines en matière de conception et de gestion des projets industriels, agricoles et de services peut ouvrir un vaste champ à la coopération et aux échanges d’expériences entre les deux régions.
Monsieur le Président,
L’institutionnalisation du sommet afro-arabe avec une périodicité triennale et les rencontres régulières des ministres des Affaires étrangères et des comités sectoriels représentent des mesures susceptibles de répondre à notre souci de traduire nos engagements en réalité sur le terrain.
Nous devons nous féliciter de la disponibilité des dirigeants de la Banque africaine de développement, de la Banque islamique de développement, de la BADEA, de la Commission économique pour l’Afrique et de l’Agence du NEPAD à mobiliser à cette fin leur expertise et leurs ressources.
Monsieur le Président,
Les conditions les plus favorables sont aujourd’hui réunies pour un essor des relations afro-arabes. Le potentiel de croissance de l’Afrique est aujourd’hui reconnu par tous. Avec ses ressources, son expérience et son compagnonnage traditionnel avec l’Afrique dans les moments difficiles, le Monde arabe est bien placé pour contribuer à l’émergence d’une aire afro-arabe de paix et de prospérité.
Les décisions de notre sommet marqueront un jalon essentiel sur cette voie. Il nous appartient de travailler sans relâche à la mise en œuvre des programmes communs ambitieux que nous nous sommes tracés.”
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