Thursday, September 30, 2010
Il faut formuler une ambition de leadership dans le Maghreb
Par : Hafida Ameyar
Université d’automne de la Confédération des cadres de la finance
Est-il possible de faire abstraction des divergences politiques dans la région du Maghreb pour avancer ensemble sur la voie économique ?
Cette question s’est imposée, hier, à l’École de Sonelgaz de Ben Aknoun (Alger), où se tient l’université d’automne de la CCFC. Pour le président de cette association, le constat est sans appel : la région est “totalement bloquée” à cause des problèmes politiques. Karim Mahmoudi a aussi imputé ce gel aux systèmes politiques algérien et marocain qui, selon lui, “risquent de mener la région à la dérive”, en refusant de s’exprimer sur la position illégale de Rabat dans le territoire “non autonome” du Sahara occidental et ses conséquences sur les politiques de bon voisinage. “Nous, nous ne parlons pas de politique. En tant que société civile, ce qui nous importe, ce sont l’économique, la construction du Maghreb et le développement du business dans la région”, a-t-il déclaré, lors d’un point de presse. M. Mahmoudi a également soutenu que “si nous voulons que les choses évoluent, il faut que les autorités algériennes et marocaines discutent de l’avenir de la région et des intérêts de chaque pays”, laissant ainsi entendre que “le Maroc fera alors plus d’efforts”. Outre “l’absence de volonté” des régimes algérien et marocain, le conférencier a déploré le rôle joué par des journaux des deux pays, les accusant de “verser de l’huile sur le feu”. “Ne rentrez pas dans la guerre des États ; travaillez pour les intérêts de la région”, a-t-il indiqué à l’adresse des journalistes présents. Plus loin, le responsable de la CCFC a observé que c’est la France qui trouve son compte dans cette situation d’“antagonisme” des régimes d’Alger et de Rabat. “Si les Maghrébins ne construisent pas le Maghreb, les États-Unis le feront”, a ajouté M. Mahmoudi, en se disant convaincu de la possibilité de la construction de l’espace maghrébin “quelles que soient les divergences”. Un autre point de vue a été développé par le Dr Mourad Preure, expert pétrolier international. Pour ce dernier, “l’économique se mélange avec la politique”, mais il est possible de dépasser les divergences. “Il faut prendre conscience de la nécessité de se regrouper dans le Maghreb, d’atteindre la taille critique et permettre donc aux entreprises de s’imposer, pour pouvoir faire face dans ce théâtre mondial”. M. Preure, qui est aussi président du cabinet Emergy, a tenu à préciser qu’“aucune union régionale ne s’est construite sans leader”. Il a souligné que jusqu’à maintenant, le Maghreb n’a pas de leader même si “l’Algérie, par ses richesses, son vaste territoire et son caractère géostratégique, a tous les traits de ce leader”. “Il faut formuler une ambition de ce leadership dans le Maghreb, dans l’intérêt de cet ensemble”, a conseillé cet expert. L’université d’automne de la CCFC, qui s’achèvera aujourd’hui, s’est penchée sur la problématique de “crise financière internationale et ses prolongements économiques et sociaux”. Hier, la première journée de cette rencontre a porté notamment sur l’expérience grecque et les conséquences économiques de la crise sur l’économie algérienne. “Pendant longtemps encore, on aura à discuter de cette crise qui, en un temps record, a plongé le monde entier”, a annoncé Mustapha Bensahli, ancien haut cadre de l’administration fiscale et expert du FMI.
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