Sunday, March 13, 2011
Mr le president Nicolas Sarkozy volonté rationnel europe finance
Sarkozy convainc l'Europe de taxer la finance
Les Dix-Sept ont adopté un "pacte pour l’euro" destiné à éviter une nouvelle crise de la dette.
Nicolas Sarkozy aura dû attendre 1h25 du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, pour engranger la première bonne nouvelle d’une semaine exécrable. Au cours d’un sommet exceptionnel de la zone euro à Bruxelles, le chef de l’État a rallié ses partenaires à l’idée de taxer les transactions financières, avec l’appui de la chancelière Angela Merkel. Les Dix-Sept ont accepté de mettre à l’étude cette proposition que la France porte dans le cadre du G20. Dans le communiqué final, ils conviennent "de la nécessité de réfléchir à l’introduction d’une taxe sur les transactions financières et de faire avancer les travaux aux niveaux de la zone euro et de l’UE ainsi que sur le plan international".
Les autres grandes puissances de la planète, notamment les Anglo-Saxons, y sont pour le moins réticentes sinon hostiles. Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, a également exprimé son désaccord. En vain. La réflexion a déjà commencé. Les députés européens avaient voté mardi un rapport favorable à une taxe comprise entre 0,01% à 0,05% destinée à freiner la spéculation, qui pourrait rapporter 200 milliards d’euros par an.
Quel que soit le mécanisme, les fonds récoltés ont vocation à financer des infrastructures respectueuses de l’environnement dans les pays pauvres, notamment en Afrique. L’ONG Oxfam France a salué "une avancée salutaire, et, comme le vote du Parlement européen, assez inattendue". Ce projet risque d’écarter une autre piste, celle d’un prélèvement sur les conteneurs de marchandises, expertisé par la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce n’était cependant pas le sujet le plus conflictuel de la soirée. Au bout de sept heures de négociations, les chefs d’État et de gouvernement se sont quittés sur un constat de désaccord avec Enda Kenny, dont c’était le baptême du feu sur la scène européenne.
Les bases d’un gouvernement économique de l’euro
Le nouveau Premier ministre irlandais a réclamé une baisse des taux d’intérêt dus par son pays au titre du plan de sauvetage accordé l’an dernier. Merkel et Sarkozy ont harmonisé leurs réponses à huis clos dans le bureau bruxellois du chef de l’État vers 17 heures. Ils ont exigé que l’Irlande, en contrepartie, révise son impôt sur les sociétés, dont le taux (12,5% contre 33,3% en France) est le plus bas d’Europe et prête aux accusations de "dumping fiscal". Les positions sont restées figées. "S’il y avait un effort de leur côté, il y en aurait du nôtre", a expliqué le Président.
La Grèce, elle, a obtenu une ristourne de 1% et l’allongement de ses délais de remboursement à sept ans et demi au lieu de quatre ans et demi, eu égard à ses baisses de salaire, ses hausses d’impôts et la promesse récente d’accélérer les privatisations. Enda Kenny a toutefois donné son accord au nouveau "pacte pour l’euro", adopté dans la nuit. Ce texte prévoit que les États unifient l’assiette de l’impôt sur les sociétés (non le taux). La Commission européenne doit jeter les bases de ce chantier dès mercredi. Au-delà de la fiscalité, le pacte pose les fondations d’un gouvernement économique de l’euro.
Les Dix-Sept vont évaluer chaque année le rapprochement de leurs économies à travers une série de critères: les salaires "en ligne avec la productivité", les retraites au regard de "la démographie nationale", les déficits qui doivent être soumis à un mécanisme de "frein", etc. Martine Aubry a estimé que le pacte risquait de "ralentir la sortie de crise" en imposant "une austérité massive". Les mesures à prendre restent du ressort de chaque pays.
Nicolas Prissette, envoyé spécial à Bruxelles - Le Journal du Dimanche
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