Wednesday, January 12, 2011
Tunisie porte de la capitale Tunis 2011
Thomas Vampouille
En Tunisie, les violences se rapprochent de la capitale
Les émeutes ont gagné mardi la banlieue de Tunis, tandis que le bilan humain des derniers jours oscille toujours entre 21 et 50 selon les sources.
Le bilan humain des violences en Tunisie est toujours incertain. Le gouvernement a admis mardi soir le chiffre de 21 décès, tandis qu'un syndicaliste avait évoqué dans la journée plus de 50 morts dans les trois derniers jours. «Ceux qui ont parlé de 40 ou 50 morts doivent produire une liste nominative», a rétorqué le ministre tunisien de la Communication, Samir Laabidi. De son côté la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH) a assuré disposer d'une «liste nominative» de 35 tués, tout en confirmant que le bilan total devait effectivement avoisiner les 50 morts.
Fait nouveau, les violences ont, pour la première fois depuis le début de la révolte sociale, gagné mardi la banlieue de la capitale. Dans la cité Ettadhamoun, à 15 km du centre de Tunis, des affrontements ont ainsi opposé des manifestants et des forces de l'ordre. «Nous n'avons pas peur», ont crié des groupes de jeunes manifestants qui ont, selon un témoin, brûlé un autobus et saccagé des commerces. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc ont été entendus par un autre témoin. Ces heurts, qui ont duré deux heures dans la soirée, seraient les plus graves dans la banlieue de Tunis, où des manifestations ont été étouffées dans la journée.
Washington : «Un usage excessif de la force»
Ailleurs dans le pays, un membre de l'union régionale de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT, centrale syndicale), Sadok Mahmoudi, a décrit «le chaos à Kasserine», dans le centre du pays. Évoquant une nuit de violences, il a rapporté des «tirs de snipers» et des «pillages et vols de commerces et de domiciles par des effectifs de police en civil». Un fonctionnaire local ayant requis l'anonymat a confirmé des tirs de snipers postés sur les toits et des tirs des forces de police sur des cortèges. Le personnel médical de l'hôpital de Kasserine a débrayé mardi durant une heure en signe de protestation, a ajouté ce fonctionnaire, décrivant des «cadavres éventrés, à la cervelle éclatée». Le gouvernement tunisien, lui, campe toujours sur ses positions : Kasserine a été selon lui «le théâtre d'actes de violence et de destructions perpétrés par des groupes qui ont attaqué deux postes de police, à coup de bouteilles incendiaires, de bâtons et de barres de fer».
Dans un contexte de réactions internationales et en particulier françaises prudentes, les États-Unis ont fait part mardi de leur préoccupation face à des informations selon lesquelles les forces tunisiennes feraient un «usage excessif de la force» envers les manifestants. Le département d'État avait déjà fait part vendredi de sa préoccupation, convoquant l'ambassadeur de Tunisie pour demander le respect des libertés individuelles. Le gouvernement tunisien, qui s'est dit «surpris» par les commentaires de Washington, a en retour convoqué lundi l'ambassadeur américain à Tunis. Le ministère tunisien de l'Intérieur reconnaît que la police a fait «usage des armes mais, selon lui, «dans un acte de légitime défense, lorsque les assaillants ont multiplié les attaques».
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