Thursday, January 27, 2011
Projet Eurotec 2011
ymahe
Moins risqué que Desertec, un projet Eurotec pour l'électricté européenne
La production et la distribution d'électricité doit être pensée à l'échelle européenne. Il faut faire sauter les goulots d'étranglement qui freinent les échanges, construire des "électroducs" européens et développer le stockage hydraulique. Un tel projet serait fédérateur.
On le sait, depuis quelques années, le réseau français de transport d’électricité, (RTE), passe des moments difficiles chaque hiver, car, pendant quelques heures, heureusement peu nombreuses, la demande peut brutalement augmenter, et dépasser la capacité de production nationale, un nuage imprévu peut y suffire. La solution du problème consiste à importer du courant pendant les heures critiques, mais il est quelquefois difficile d’en trouver, car nos voisins ont, eux aussi, des pointes de demande, et, de toute façon, cette fourniture est très coûteuse: d’une part, parce qu’elle oblige à mettre en route des machines coûteuses, mais aussi d’autre part, par le simple effet d’une confrontation tendue entre offre et demande, qui peut faire gicler les prix.
Notre projet n’est pas de perdre du temps à chercher quelles erreurs auraient pu être commises dans le passé, pour qu’un pays, si fier de son électricité, en soit réduit à tendre la sébile chaque hiver.
Il est de présenter une hypothèse de travail qui pourrait se révéler fructueuse pour EDF et RTE, aussi pour les consommateurs français et européens, et de lui donner une dimension de nature à mieux souder l’Europe, cette Europe dont la cohésion est si fragile, cette Europe en panne de projets vraiment fédérateurs.
Deux solutions pour éviter le rationnement de l'électricité
L’électricité, on nous l’a appris dès notre jeune âge, est un fluide merveilleux, qui se déplace à une vitesse littéralement foudroyante, sans quasiment perdre de sa force, et qu’on peut utiliser avec d’excellents rendements, dans des cas d’utilisations absolument innombrables.
On peut donc s’étonner que, si l’on manque de courant à Landerneau, on ne puisse, en une fraction de seconde, en faire venir d’Istanbul, ou même d’encore plus loin. On peut s’étonner aussi que le rôle capital de l’électricité dans le développement économique, ne pousse pas davantage à en réduire le coût, de façon à stimuler tout le corps économique dans la compétition mondiale. La réponse classique en France est que nous avons déjà l’électricité la moins chère du Monde, et que nous n’avons pas à nous plaindre.
On peut trouver singulier qu’un producteur disposant d’un tel avantage comparatif, ne cherche pas à l’exploiter hors de son territoire. Et de plus, ce n’est pas parce qu’on a un bon prix de revient qu’on doit arrêter la recherche de son amélioration. Dans le même ordre d’idées, on peut, (on doit), s’étonner qu’on admette, presque sans discussion, l’idée que, de toute façon l’énergie, (l’électricité), sera chère un jour, et que par conséquent, un peu plus tôt ou un peu plus tard, mieux vaut habituer dès maintenant les gens à payer plus cher.
Même en admettant qu’à une époque pas si lointaine que ça, le prix des dernières gouttes de pétrole contaminera tout le secteur de l’énergie, cela ne dispense en rien d’abaisser son coût, et même, au contraire, encore plus drastiquement.
Sans électricité, pas de développement économique. Le futur de sa demande est colossal. Rien qu’en Europe, des centaines de millions de gens veulent un genre de vie qui implique une augmentation de leurs besoins. Mais les investissements nécessaires seront énormes, et l’étranglement financier de plusieurs pays risque de les conduire à sous investir, et partant, freiner leur développement. Une pénurie d’électricité, voilà qui en ferait monter le prix ! Si l’on n’accepte pas l’idée que l’électricité doive être rationnée un jour, par le prix ou par la pénurie, on doit tout de même proposer des amorces de solutions. Nous en présentons deux.
Fluidifier la circulation de l’électricité
Un tel énoncé fera sursauter : qu’y-a-t-il de plus fluide que l’électricité ? Certes, l’électricité est le fluide par excellence. Toutefois, son déplacement ne se fait pas absolument sans pertes, (loi d’Ohm), et, pour les minimiser, il faut des conducteurs de grandes dimensions, donc coûteux, et à qui on reproche de plus d’enlaidir les paysages. Des solutions techniques existent, elles ne sont, évidemment, pas gratuites. C’est d’ailleurs pourquoi les liaisons actuelles sont tout juste suffisantes.
Les promoteurs du très ambitieux projet « Désertec », (qui consiste à capter le soleil inépuisable du Sahara, puis à envoyer le courant produit en Europe), assurent que des solutions, pour le transport, existent, faisons donc comme eux. Remarquons au passage que les longueurs des « électroducs européens» que nous préconisons seraient nettement moindres que les connecteurs Sahara-Europe. Avec 1000 kilomètres, on pourrait traverser l’Allemagne, et atteindre le Danube, aux immenses capacités de refroidissement de centrales électriques.
Les avantages de la fluidification sont de deux natures :
Techniques :
Les courbes quotidiennes de demande ne sont pas rigoureusement les mêmes dans tous les pays, elles ne se superposent pas exactement. Du seul point de vue technique, il est plus facile de gérer une évolution légèrement adoucie, par l’effet de compensation partielle qui en résulte.
Economiques :
D’abord, une évidente meilleure utilisation des moyens de production. Ceci conduit à une moindre utilisation des moyens les plus coûteux, qui brûlent des hydrocarbures, et vomissent le terrible CO². De ce fait, résulte une première amélioration des coûts.
Ensuite, une moindre besoin d’investissement, dans un secteur où le ratio capitalistique est effrayant, et où, de plus, les taux d’utilisation sont médiocres. Dans notre pays, la somme de toutes les capacités installées est presque le double de la demande moyenne. En moyenne, à un instant donné, seulement la moitié du parc tourne. Et ne parlons pas de la nuit du 15 Août, où c’est encore pire.
Mais le dernier effet risquerait de soulever de sérieuses difficultés. En effet, la fluidification aurait pour conséquence une concurrence plus vive, qui devrait bénéficier au consommateur. Il n’y a pas de marché où la restriction de la concurrence n’empêche les prix de baisser, et ainsi, de frustrer les consommateurs. La libéralisation du marché de l’électricité, officielle, est entravée par ces goulots d’étranglement.
L’avantage du consommateur est, évidemment, à l’opposé de celui des producteurs, il faut donc s’attendre à ce que le concept des électroducs ne déclenche pas de grands enthousiasmes chez eux. A moins que, disposant d’un réel avantage concurrentiel, ils ne décident d’exporter couramment hors de leurs frontières.
Il se pourrait que les distributeurs d’électricité raisonnent tout différemment. Encore faudrait-il qu’ils existent, qu’ils soient suffisamment puissants, et libres de leurs mouvements. Tant qu’ils seront, de facto, sous la coupe des producteurs, ils auront du mal.
Stocker davantage d’électricité
On le sait, il s’agit d’un problème encore mal résolu, et il est même couramment admis que ce n’est possible qu’à toute petite échelle. Pourtant, lorsque l’Ingénieur Kœchlin conçut le premier barrage sur le Rhin, à une époque, 1932, où les applications de l’électricité étaient beaucoup moins nombreuses, il prit la précaution d’installer ce qu’on appelle aujourd’hui un STEP, un système qui permet de mettre en réserve l’énergie « fatale » de la nuit, pour la restituer, au rendement près, au moment de forte demande du lendemain. L’économie de l’ensemble est profitable, d’ailleurs elle fonctionne toujours, et même, EDF l’a récemment modernisé. Elle a réalisé plusieurs ouvrages de ce type, dont le plus remarquable est celui de Grandmaison. Ce dernier ouvrage fait transforme à lui seul, 2 Twh par an de courant de nuit excédentaire, en courant de jour, déficitaire. Il fonctionne 365 jours pas an.
Le procédé de stockage étant hydraulique, on est enclin à penser qu’il n’est applicable qu’en altitude, mais il n’en n’est rien. Dans les Ardennes belges, qui culminent à 700 mètres, Electrabel a réussi à compléter sa centrale nucléaire de Thiange, par le lac artificiel de Coo, qui transforme, lui, environ 2Twh/an, soit environ 10% de la capacité nucléaire. A l’échelle de la France, de tels ouvrages permettraient de transformer près de 5O Twh, soit l’équivalent de 4 ou 5 EPR, si difficiles à démarrer, et à financer.
Il n’est probablement pas nécessaire, non plus, que le STEP soit installé à proximité du lieu de production du courant, et peut-être vaut-il mieux qu’il le soit à proximité des lieux de consommation les plus critiques. Or, la France contient deux « péninsules électriques », la Bretagne et la PACA, dont le relief vaut bien celui des Ardennes.
Les STEP : un débouché pour le nucléaire, le solaire et l'éolien
La mise en place de plusieurs STEP paraîtrait d’autant plus souhaitable qu’il existe des doutes sur ce que serait vraiment le prix de revient d’un EPR produisant beaucoup d’énergie fatale. Et aussi, un autre argument plaide en leur faveur. Il n’y a pas que les réacteurs nucléaires qui ne produisent pas exactement au moment où on le souhaiterait, il en va de même pour le solaire et l’éolien. Leur production temporaire, ou intempestive, y trouverait un débouché.
En conclusion de ce paragraphe, vient à l’idée qu’on devrait ne concevoir de nouvelle centrale nucléaire qu’accompagnée de son STEP, obligation qu’on étendrait d’ailleurs à tous les candidats à la production d’électricité. Aucun producteur l’énergie ne peut être autorisé à vendre son courant à un prix qui ne soit pas le plus bas possible. Ou alors, il faut dire pourquoi, combien ça coûte, et qui paye.
Au terme de cette discussion, on perçoit qu’un « panorama électrique » assez différent pourrait se substituer à l’actuel pour le plus grand bien des consommateurs. On voit bien aussi que ces concepts n’ont pas de limites hexagonales, qu’ils posent des défis techniques, mais des défis sûrement à la portée des ingénieurs français et allemands, pour ne citer qu’eux. Or, l’Europe est à court de projets, de défis à surmonter, elle est à cours de cohésion, mais elle n’est pas à court de croissance dans le domaine de l’électricité.
Un projet « EUROTEC » serait moins ambitieux que Desertec, moins risqué politiquement, et plus fédérateur. Se souvenir de JFK, désignant à son pays l’objectif Lune. Dans un papier récent, nous avions plaidé pour une clarification des relations complexes entre EDF, RTE, et Areva. Ce serait rendre service à toute l’économie du pays, d’accomplir la première étape : rendre RTE indépendant d’EDF.
A visiter sur Google :
Centrale de Coo-Trois-Ponts
Kœchlin, Kembs, Lac Noir
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