Wednesday, December 08, 2010
Menace sur les équilibres financiers
A. hamma
La loi de finances 2011 n’apporte rien de nouveau, ni d’ailleurs de mesures exceptionnelles par rapport à celle de 2010 ; sinon qu’elle consacre l’exécution de la deuxième tranche annuelle du programme d’investissements 2010-2014.
Si elle n’est pas confortée par une autre loi de finances complémentaire au cours de l’année 2011, pour décliner clairement la politique économique à court et à moyen termes que les pouvoirs publics comptent entreprendre dans un contexte mondial fortement perturbé au plan financier, elle restera perçue comme un simple outil de gestion et d’affectation des ressources publiques. Elle est au demeurant décodée comme un “répit” (ou hésitations ?) que l’exécutif se donne pour capitaliser tous les enseignements liés à l’application des mesures contenues dans les lois de finances complémentaires au titre des années 2009-2010 ; qui, elles, en revanche, étaient porteuses de doctrine économique et sociale franchement affirmée à travers notamment le concept de “patriotisme économique”, qui ne se résume pas à un “dirigisme autoritariste” au risque de dévier des nécessités objectives du mode de fonctionnement de l’économie de marché, qu’il s’agisse de la relance de l’outil public et privé de production nationale ou de l’encadrement de l’investissement étranger. Adoptée par le parlement en novembre 2010, la loi de finances 2011 est basée sur un prix de référence de la fiscalité pétrolière de 37 dollars le baril, un taux de change de 74 dinars contre un dollar, un taux de croissance globale de 4% et 6% hors hydrocarbures, un déficit budgétaire de 18%, un taux d’inflation de 3,5%, un niveau d’exportations de 42,2 milliards de dollars, et d’importations de 37,6 milliards de dollars et, enfin, une balance excédentaire de 6,8 milliards de dollars. Le déficit sera notamment pallié par le recours au fonds de régulation des recettes, qui atteindra 780 milliards de dinars. En termes d’agrégats macro-économiques, les ressources sont estimées à 2 999 milliards de dinars et les dépenses à 6 618 milliards de dinars, dont 3 434 milliards de dinars destinés au fonctionnement et 3 184 milliards de dinars à l’équipement. Le déficit budgétaire s’établira à environ 3 355 milliards de dinars, soit 18% du budget de l’État, et à 10% du PIB. Ces indicateurs permettent de tirer quelques enseignements majeurs. En premier lieu, une volonté affichée de poursuivre les efforts du développement en dépit de l’impact de la crise financière et économique mondiale qui a affecté nos ressources extérieures (moins de 40%). En second lieu, l’effort soutenu en termes de développement social et de capital humain (éducation nationale, enseignement supérieur, recherche scientifique et technique, santé, logement, ressources en eau… ).
Il faut noter que dans ce cadre, les transferts sociaux sont fixés à 1 200 milliards de dinars, soit 18% du PIB. En troisième lieu, et de nombreux analystes s’accordent à le dire, “la dépréciation itérative du dinar, les prévisions d’une éventuelle chute des exportations du gaz naturel et du GNL, la flambée des prix des matières premières sur les marchés internationaux, la guerre mondiale des changes sur fond d’une autre crise financière globale” sont autant de risques qui menacent les équilibres financiers de l’Algérie à plus ou moins moyen terme. Dans ce contexte, les pouvoirs publics seraient bien avisés de se pencher sur les signes avant-coureurs de la persistance et de la forte probabilité que de nouvelles tensions financières mondiales se réalisent. Ces signes se sont manifestés, notamment en Europe, avec la banqueroute de Malte et plus récemment de l’Irlande, sans omettre d’autres pays déjà en situation difficile, comme l’Espagne, l’Angleterre ou même la France dans une moindre mesure, qui n’est pas à l’abri de ces convulsions financières.
Au plan de la politique des équilibres macro-économiques propres à notre pays, le taux d’inflation de 3,5% retenu pour 2011 risque d’être affecté par les contraintes externes évoquées ainsi que par la lenteur mise dans la relance de l’outil de production national et de la faible productivité de celui-ci (la croissance est tirée essentiellement par la dépense publique). D’où l’éventualité d’une poussée inflationniste plus importante que celle prévue pour 2011, et son impact sur le pouvoir d’achat des catégories les plus vulnérables de la société, avec, évidemment, des tensions sociales qu’elle pourra engendrer, d’autant que les mécanismes de régulation du marché national des biens de large consommation ne sont pas encore suffisamment maîtrisés. Ces quelques considérations confortent l’idée que la loi de finances pour 2011 est un ensemble de mesures “juxtaposées”, qui relèveraient plus de l’improvisation, dictées par “l’ordre des nécessités”, que d’une démarche cohérente et globale, intégrant l’ensemble des facteurs endogènes et exogènes qui permettent la poursuite du développement durable, avec rigueur et contrôle de la dépense publique, à l’instar de la majorité des pays développés qui tentent d’anticiper sur la crise ou d’endiguer ses retombées, en mettant en place des plans d’austérité en matière de dépenses publiques.
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