Wednesday, September 29, 2010
La Banque d’Algérie s’inquiète du réveil de l’inflation
Écrit par Yazid Taleb
Une croissance à 4% pour 2011. L’objectif annoncé dans le projet de loi de finances reste modeste comparativement aux records de certains pays méditerranéen alors que l’inflation, portée par l’accroissement des dépenses de l’Etat, se réveille. Les banques, en surliquidités, ont recours, aux instruments de " reprise de liquidités" de la Banque d’Algérie (BA). Fonds disponibles mais peu de projets bancables, crédit à la consommation banni et crédit hypothécaire structurellement bloqué par la faiblesse de l’offre de logements. Autant d'indices d’une crise de " l’économie réelle", selon certains économistes.
Le réveil de l’inflation est une des préoccupations récentes des pouvoirs publics algériens. La hausse des prix a atteint au cours des deux dernières années un niveau supérieur à 6 voire 7%. La tendance est celle d’une accélération de ce phénomène qui de surcroît n’est pas observé chez nos principaux partenaires commerciaux. Les pays de l’Union européenne notamment connaissent au contraire un ralentissement de l’inflation qui dépasse rarement 1% chez la plupart d’entre eux faisant ainsi apparaître un différentiel important et croissant avec l’Algérie
L’explication principale de ce phénomène réside dans l’augmentation très sensible des dépenses de l’Etat et de l’injection de liquidités qui en résulte. L’importance croissante de la dépense publique est en effet le trait dominant de l’économie de notre pays au cours des dernières années. Entre 2005 et 2009 le total des dépenses de l’Etat, exprimé en pourcentage du PIB, est passé de 29% à près de 46%. Une tendance au gonflement de la dépense qui se poursuit et qui devrait les voir dépasser allègrement la barre des 50% du PIB en 2010.
Risques et avertissements
Les autorités monétaires ont pris au cours des deux dernières années conscience des risques signalés d’ailleurs par les rapports de plusieurs institutions financières internationales. Ces risques sont également pointés du doigt par les derniers rapports de conjoncture de la Banque centrale. Le plus récent d’entre eux était l’occasion d’un nouvel avertissement de la Banque centrale qui relève que : " L’inflation a poursuivi en 2009 sa tendance haussière entamée en 2007 alors qu’elle a reculé presque partout dans les pays développés pour atteindre souvent des taux négatifs chez les principaux partenaires commerciaux".
Atteignant un pic pour la décennie, l’inflation annuelle a été en 2009 de 6,4% stimulée particulièrement par la hausse des prix des produits alimentaires et singulièrement des produits agricoles frais. La Banque centrale rappelle que " la stabilité des prix est un préalable pour une allocation optimale des ressources aux secteurs économiques les plus performants".
En l’absence de contrôle direct sur le rythme des dépenses de l’Etat, les principaux instruments d’action économique dont dispose la Banque d’Algérie pour lutter contre l’inflation sont des outils de " reprise de liquidité" qui lui permettent de réduire la quantité de monnaie en circulation dans l’économie. Une partie importante des revenus distribués par l’Etat se retrouve en effet dans les banques algériennes dont les performances en matière de collecte de l’épargne connaissent une croissance parallèle à l’expansion des dépenses publiques. Les banques, aussi bien publiques que privées, se retrouvent ainsi depuis plusieurs années dans une situation d’excès de liquidités. La Banque d’Algérie s’efforce donc de résorber ces excès de liquidités en proposant aux banques des placements rémunérés.
Pour les banques, le principal inconvénient de ces placements est la modicité des taux d’intérêt servis par la Banque Centrale. Des taux qui n’ont jamais dépassé 2% et qui ont même été réduit à un peu plus de 1% à la suite d’une décision récente.
Des indices d'une crise de l'économie réelle
Un banquier privé constate que le faible nombre de projets bancables dans le secteur privé conjugué aux problèmes chroniques de solvabilité de la plus grande partie de la clientèle des particuliers entraîne un excès de liquidités au sein des banques. Ces dernières années, elles n’ont pas d’autre alternative que de recourir aux facilités de reprise de liquidités de la Banque d’Algérie alors qu’elles ne demanderaient pas mieux que de prêter à des opérateurs économiques privés ou à des particuliers solvables à des taux qui sur le marché varient entre 7 et 8%. Au cours des dernières années, indique-t-il, "on ne recense dans l’ensemble de l’économie algérienne pas plus de 500 projets d’investissements productifs par an initiés par des investisseurs privés. Le crédit à la consommation a été interdit et le développement du crédit immobilier qui est censé prendre le relais, d’après les déclarations des autorités, se heurte à l’insuffisance de l’offre de biens ainsi qu’à une spéculation importante qui fait que le prix des biens disponibles dépasse de beaucoup la capacité d’endettement des clients des banques .Nous sommes en réalité en face d’une véritable crise de l’économie réelle. Il n’y a pas suffisamment de projets d’investissements ni d’offre de biens produits localement en face des revenus disponibles.".
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