En moins de trois mois, le ministre russe de l’Energie, Serguei Chmatko, a visité deux fois l’Algérie. Mercredi, il était à Alger pour coprésider avec Karim Djoudi, ministre des Finances, la 4e session du comité mixte de coopération algéro-russe.
Ce comité, assez important, doit donner corps à l’Accord de partenariat stratégique signé en 2001 après la visite du président Abdelaziz Bouteflika à Moscou. Les deux pays veulent renforcer leur coopération dans les domaines de l’exploration minière, des ressources en eau, des transports et des travaux publics. Mais deux accords paraissent avoir plus d’importance que les autres. Il s’agit d’abord, de celui relatif au nucléaire civil. Cet accord a été évoqué lors de la visite à Alger du président Vladmir Poutine, en 2006. Victor Khristenko, ministre russe de l’Industrie, est venu à Alger pour annoncer le début des contacts entre les experts des deux pays pour étudier les possibilités de coopération bilatérale dans le domaine nucléaire. Voulant profiter de sa relation traditionnelle avec l’Algérie, Moscou n’entend pas rester dans le fond de la salle pour arracher des contrats lorsqu’Alger lancera son programme stratégique de construction de centrales atomiques pour la production, à terme, d’énergie électrique. Alger, dans un souci de diversification, a signé plusieurs accords sur l’utilisation pacifique du nucléaire avec l’Argentine, les Etats-Unis, la France et la Chine. Depuis 1995, l’Algérie dispose de deux réacteurs nucléaires expérimentaux à Draria et à Aïn Oussera. La Russie, autant que la Chine et l’Argentine, ont aidé l’Algérie à se doter de ces deux réacteurs. Des programmes de formation ont été assurés pour les techniciens et les ingénieurs.
Ambitieux programmes
Contrairement à la France, la Russie n’est pas intéressée par l’exploration et l’exploitation des gisements d’uranium algériens. L’Algérie souhaite s’appuyer sur l’expérience russe dans le domaine de l’utilisation de l’énergie atomique pour, entre autres, développer l’agriculture, moderniser la santé et optimiser l’exploitation des ressources en eau. Autre accord important : la coopération spatiale. L’Algérie est déjà liée avec l’Agence russe Roskosmos depuis huit ans. Alsat 1, premier satellite algérien, a été lancé en 2002 grâce à une assistance russe et britannique. Ce satllite sert à prévenir les catastrophes naturelles. Avec le soutien de EADS Astrium, filiale de l’européen EADS, l’Algérie a engagé le programme Alsat 2A et 2B. Alsat 2A devrait être lancé cette année. L’Algérie, qui a signé un accord spatial avec les Etats-Unis, entend mettre en place une industrie spatiale. A cet effet, des fonds publics, estimés à 82 milliards de dinars, ont été engagés. Le pays est aidé actuellement par l’Organisation indienne de recherche spatiale pour la construction de satellites. Des satellites destinés, entre autres, à appuyer les efforts de protection de l’environnement, à renforcer la lutte contre l’avancée du désert et à perfectionner les communications. Hamid Bessalah, ex-ministre de la Poste et des Technologies de l’information, avait évoqué, il y a quelques mois, la mise en route d’un plan prévoyant la conception et la réalisation de systèmes spatiaux d’observation de la Terre. Un plan qui viendra en appoint d’un système spatial de télécommunications baptisé Alcomsat-1.
Ces ambitieux programmes ont amené le Bureau des affaires spatiales de l’ONU à établir à Alger une antenne d’appui régional à la gestion des catastrophes et aux interventions d’urgence. La visite du président Dmitri Medvedev en octobre prochain à Alger devra être l’occasion de signer les accords nucléaire et spatial. Après l’Egypte et la Syrie, l’Algérie sera le troisième pays arabe visité par le président Medvedev et le cinquième africain après la Namibie, l’Angola, le Nigeria et l’Egypte. La Russie entend jouer les premiers rôles en Afrique et dans le monde arabe. Au moment où Serguei Chmatko se trouvait à Alger, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, était au Caire pour tenter de relancer les négociations palestino-israéliennes. Alger, Le Caire et Damas sont considérés comme les principaux alliés stratégiques. « Les positions de la Russie et de l’Algérie envers les principaux problèmes internationaux et régionaux sont très proches, quand elles ne coïncident pas », avait déclaré à Alger Vladimir Poutine. Sur le plan militaire, la Russie se dit prête à moderniser les sous-marins de l’armée algérienne. Ces sous-marins de type Varchavianka doivent en grande partie être révisés pour être opérationnels. Actuellement, l’Inde, la Chine, l’Algérie, le Vietnam et le Venezuela sont les principaux importateurs d’armements russes. L’Algérie et la Russie sont les principaux fournisseurs de gaz de l’Europe. Ils entendant coordonner davantage leur action future. La Russie est un acteur-clé du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) qui contrôle 73% des réserves mondiales de gaz. La naissance officielle de ce forum a été annoncée à Moscou en 2008.
source: Elwatan
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