Algerie Exposition collective de Arezki Larbi et Ammar Bouras

La peinture bouscule le bétonC’est parce que l’architecture fait partie intégrante des Beaux-Arts que la peinture s’invite dans le bâtiment, à travers une remarquable exposition de peinture qui se tient jusqu’au 7 de ce mois, au niveau du stand Bativert, au Palais des expositions des Pins maritimes d’Alger.Deux artistes, liés par la même passion de l’art et du sens de l’amitié, ont décidé d’investir un des espaces du salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics, pour présenter au public leurs œuvres. Arezki Larbi et Ammar Bouras sont ces deux artistes prolifiques, venus participer à cette exposition unique en son genre intitulée « Peintures construction ». Comme l’art n’a pas de frontières, la société de construction Bativert, spécialisée dans les échafaudages, a offert à titre gracieux un espace aux artistes. Pour le directeur général de Bativert, Hamid Zeggane, tous les espaces commerciaux doivent s’ouvrir à la culture. « La peinture se réapproprie les lieux. Le devoir de tout chef d’entreprise est d’apporter un soutien aux activités extra-entreprises. Il s’agit avant tout d‘un acte de citoyenneté », dira-t-il. Une vingtaine d’œuvres, aux dimensions variées et aux techniques personnalisées, ornent les cimaises du chalet, faisant office de galerie « temporaire ».Un simple tour d’horizon suffit aux connaisseurs pour s’apercevoir que l’artiste Ammar Bouras livre une collection ancienne datant d’entre 2006 et 2008, contrairement à Arezki Larbi, qui, lui, a opté pour une déclinaison de nouvelles œuvres. A travers une huitaine de tableaux aux couleurs chatoyantes et aux formes stylisées, Arezki Larbi dévoile son univers personnel. Un univers souvent onirique qui laisse plus d’un en admiration devant ces tracés minutieux. Comme en témoignent Mes mains en papillon, Alphabet 1, 2 et 3, La légende de l’hirondelle ou encore portrait de l’ennemi. Dans son exposition, l’artiste se plaît à montrer des choses éparses, telles que l’hirondelle, le papillon et l’araignée. C’est, en fait, la continuité d’un travail effectué dernièrement sur les oiseaux.Dans le tableau l’araignée, l’œil est happé par cet agencement de petits cubes formés par cette répartition anarchique de trois cœurs. L’artiste est revenu au concept de l’imprimerie, aidé en cela par des textures diverses, des cartons ondulés, le tout recouvert d’une superposition de touches de peinture stratifiée brute et par la suite imprimée sur la toile. Arezki Larbi confie qu’il travaille comme la nature travaille. « La nature entreprend un travail de peinture et de sculpture. J’essaye de reproduire la même chose sur mes créations. On ne crée pas, mais on s’amuse à faire un puzzle entre ce que nous apercevons. La peinture est un métier ludique et récréatif qui plaît à celui qui l’entreprend.A l’intérieur de ma peinture, il y a des choses qui évoluent en fonction de la matière utilisée », révèle-t-il. Spécialiste de la technique mixte à base de lacérations de photos et de collage de textures multiples, Ammar Bouras présente des créations judicieusement agencées, lardées le plus souvent de matière picturale. Il expose six tableaux de son ancienne expo Cyber Shahrazade et deux tableaux de la série Lettres d’amour. Concernant son approche artistique, il explique que sa décision artistique commence par l’instantané de la prise de vue, la sélection de plusieurs négatifs et positifs. Il intervient par la suite sur la toile comme support diurne. « Au lieu de travailler dans le noir, prolongement immédiat de la chambre obscure du photographe, je le fais à la lumière du jour. »A travers cette omniprésence de la photographie en noir et blanc et du jet de peinture servi modérément, ce photographe, vidéaste, cinéaste expérimental et plasticien a su donner la pleine mesure à ces deux arts majeurs. Il est à noter que les deux comparses, Arezki Larbi et Ammar Bouras, ne comptent pas s’arrêter là. Ils caressent le rêve de mener à bien un projet qu’ils présenteront, probablement au courant de la saison estivale 2010. Le projet en question consiste à organiser une exposition de photos en faisant appel à des anonymes afin qu’ils envoient des photos, immortalisées sur leurs portables. Une banque de 10 000 photos est attendue. Pour envoyer vos photos : expositionlarbibouras@gmail.com.Par Nacima Chabani