Ce rendez-vous a été inauguré hier à Dar Aziza où sont exposés les résultats du plan de sauvegarde de la Casbah d’Alger, ainsi que le plan de la fouille archéologique effectuée à la place des Martyrs entre juillet et août 2009.
La Casbah retrouvera-t-elle son lustre d’antan? Tout porte à le croire d’après les propos de M.Zekagh Abdelwaheb, directeur de l’Office national de gestion et d’exploitation de biens culturels protégés, (Ogebc) placé sous la tutelle du ministère de la Culture. Car dit-il optimiste, «je le souligne pour la première fois l’Etat a mis le paquet!» Car fait-il remarquer, «quand est-ce que la Casbah sera en lumière, une ville propre, comme toutes les villes historiques du monde? On y arrivera et ce, vous avec les associations, la population et avec la grande volonté de l’Etat qui y croit très sérieusement.»Selon M.Zekagh, passée la période noire, l’Etat s’emploie aujourd’hui à la prise en charge de notre patrimoine. «De quelle façon?», lui demande t-on. Notre interlocuteur relève d’abord le terme de «financement». Notons que le budget de la première strate de réhabilitation de la Casbah sur les trois phases, a coûté 68 milliards.Trois phases pour une réhabilitationEn effet, il est à noter que le plan permanent de sauvegarde contient trois phases. La première est relative aux travaux d’urgence, la seconde à l’avant-projet de plan permanent de sauvegarde qui touche tout les aspects: social, économique, transport, état du bâti, collecte des ordures ménagères.La troisième phase très importante concerne le projet final. Il porte sur le règlement et les mesures à suivre. Car il est question de mettre en place l’Agence nationale des secteurs sauvegardés dont le décret est en cours d’élaboration. Cette dernière aura des démembrements à travers tout le territoire national. Il faut savoir qu’il existe depuis 2003 un texte évoquant les secteurs sauvegardés- les médinas vont être classées comme secteur sauvegardé et auront leur propre règlement- celui de la Casbah est finalement né. Il s’agira de savoir comment restaurer les maisons de la Casbah selon des mesures strictes. Le propriétaire d’une maison à la Casbah devra se conformer à des règles spécifiques s’il veut retaper sa bâtisse. «C’est l’anarchie totale à la Casbah, les gens font ce qu’ils veulent. Or, il y a des règles spécifiques à appliquer désormais en ce qui concerne le patrimoine protégé», nous a fait remarquer le directeur de l’Ogebc. Ledit règlement vient d’être créé. Il s’agit d’une loi qui sera mise en application après avoir été approuvée par les autorités locales, à savoir l’APW et toutes les structures de l’Etat notamment. «Depuis l’indépendance nous avons dépensé beaucoup d’argent, mille quatre cent milliards de dinars. Nous avons donné aussi beaucoup d’appartements pour reloger les gens de la Casbah. Nous avons donné onze mille logements. Quand vous regardez la Casbah vous vous demandez ce qui se passe. Cela veut dire que les méthodes n’étaient pas bonnes. Donc depuis 2007, nous appliquons une nouvelle stratégie, grâce à un décret sorti en 2003 relatif à la mise en oeuvre du plan permanent de sauvegarde et qui oblige le passage par une phase de mesure d’urgence.» Et d’expliquer: «Avant il y avait une dizaine d’études. Le temps que ces études se terminent, la dégradation était pire. Le plan conçu dans ce cas s’avérait inadéquat. Cette fois-ci, nous avons opté pour la première phase afin de stopper l’hémorragie. C’est comme un accidenté de la route qui rentre à l’hôpital, il passe par les urgences. On lui arrête le sang. On lui met des attelles et on fait en sorte qu’il ne meurt pas, pour qu’on ait le temps de faire le diagnostic afin qu’il passe au bloc. C’est exactement la même chose. Maintenant on va passer au bloc. On va faire de la restauration avec la population. Plus de 70% sont des propriétés privées. L’Etat ne peut pas restaurer des propriétés privées. L’Etat est prêt à aider les propriétaires qui veulent bien restaurer leurs maisons et reloger les familles...Il est temps que nous prenions sérieusement les choses en main.»2000 ans d’histoire sous terreAutre point soulevé par M.Zekagh, est le diagnostic archéologique de la fouille de la place des Martyrs, déclenché par le projet du métro d’Alger. «Nous avons stoppé le travail du métro pour voir ce qui se passait dans les sous-sols. Nous avons trouvé plus de 2000 ans d’histoire, entre la place des Martyrs et la place du 8-Mai 1945. Le centre d’Alger est ainsi le coeur de notre patrimoine.» Aussi, la direction de l’Ogebc s’est entendu avec les gens du métro pour installer ladite station au plus profond possible (environ 13 m) pour ne pas toucher les strates archéologiques, témoins de notre histoire millénaire et faire une station et un musée de l’histoire de la ville au-dessus. Le travail s’effectuera en étroite collaboration et sera probablement réceptionné d’ici trois ans, si tout se passe bien, nous apprend-on.Aussi, Alger ressemblera dans ce cas de figure à Athènes ou Rome qui possèdent plusieurs musées en sous-sol. Ce sera donc une aubaine pour l’Algérie. Un bel «harcèlement» pour une fois, culturel et donc positif pour le pays, vu le nombre de personnes qui iront prendre le métro chaque jour à Alger. Et qui sait, cela permettra aux Algériens de renouer avec cette tradition d’aller (re) visiter leur musée. Le Mois du patrimoine qui s’étalera durant un mois (jusqu’au 18 mai), comprendra, par ailleurs, sur les 32 wilayas, plusieurs activés culturelles, entre expo, conférences ainsi que des visites guidées et des interventions de plusieurs spécialistes dans la recherche archéologique.
O. HIND
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