Le diagnostic et la prise en charge de l'autisme en débat
Le diagnostic et la prise en charge des enfants atteints d'autisme ont été soulignés au colloque international sur l'autisme en Algérie organisé dimanche à l'université de Tlemcen. "L'enfant autiste doit bénéficier des mêmes conditions éducatives que les autres enfants à condition que cette immersion dans le monde ordinaire soit accompagnée", a souligné le professeur René Pry (France) dans une intervention intitulée "prise en charge des enfants avec autisme". Le conférencier a indiqué que ce trouble "précoce, extensif, durable, hétérogène doit être pris en charge pour répondre aux besoins de socialisation, de santé et d'apprentissage". Le professeur Pry a, par ailleurs, souligné que les causes de l'autisme ne sont pas connues. "Aucun traitement n'existe actuellement. Il faudrait arriver à individualiser la prise en charge plutôt que de parler de programmes", a-t-il soutenu. Abordant les différents programmes de prise en charge prônés dans plusieurs pays du monde, le conférencier a mis l'accent sur l'importance d'associer les parents et les partenaires de socialisation dans toute prise en charge, en déclarant "pour l'heure actuelle, il n'existe ni panacée ni intervention miracle, mais il faut travailler sur la communication et sur le développement des aspects socio-communicatifs". Le Dr.Hacène Boucif du service de psychiatrie du CHU de Tlemcen a indiqué, pour sa part, que la prise en charge de l'autisme au service psychiatrique "est très difficile eu égard au manque d'une structure spécialisée et de personnel qualifié à assurer la prise en charge et le suivi". Les familles ayant des enfants autistes "sont livrées à elles même", a-t-il dit à ce propos. Les consultations sont basées essentiellement sur l'interrogatoire de la famille et l'observation de l'enfant autiste. "Souvent on a recours à des psychotropes que beaucoup de médecins étrangers déconseillent", a-t-il relevé. Dans son intervention intitulée "recommandations pour le diagnostic d'autisme", Mme Baghdadli Ammaria (France) a expliqué l'autisme comme étant un syndrome défini par une triade de symptômes, à savoir difficultés relationnelles avec les autres, troubles de la communication verbale et non verbale et intérêts restreints et comportements répétitifs. Après avoir abordé les différentes formes d'autisme, la conférencière s'est étalée sur les signes souvent associés à l'autisme comme les troubles anxieux, le retard mental, l'automutilation ainsi que d'autres anomalies comme l'épilepsie, les troubles de coordination motrice. Mme Baghdadli a ensuite abordé les signes d'alerte chez les bébés de 12 à 24 mois "quand ils ne font pas de gestes pour s'exprimer, ni de réponse à leur prénom, pas de mots, pas de petites phrases, ce qui pousse à l'inquiétude. Les parents doivent consulter des pédopsychiatres". La conférencière a enfin mis l'accent sur la nécessité de surveiller de façon continue tous les enfants en s'appuyant sur les partenaires que sont les médecins généralistes, les pédiatres et les professionnels comme les éducateurs de crèches. Notons que les participants au colloque ont mis l'accent sur la nécessité de former des équipes multidisciplinaires composées de pédopsychiatres, psychologues, orthophonistes, éducateurs et psychomotriciens, "pour assurer un meilleur suivi et une meilleure prise en charge des autistes". Les participants ont souligné, au terme des travaux de cette rencontre en fin d'après-midi, l'importance de prévoir des infrastructures appropriées à la prise en charge des sujets autistes "en créant des centres ressources autisme, nécessaires à l'accueil des enfants et de leurs parents qui sont partie prenante au processus de prise en charge". En plus de la réalisation de bilans et des évaluations approfondies de l'autisme en Algérie, les présents à cette rencontre scientifique ont demandé d'initier des actions de formation à l'endroit de tous les acteurs impliqués dans le diagnostic et la prise en charge de l'autisme en mettant en place une licence professionnelle pour éducateurs spécialisés, notamment à l'université de Tlemcen qui assure, depuis l'année 2008, une formation de master dans le développement cognitif typique et troublé. Les étudiants, qui ont bénéficié de cette formation, initiée conjointement par l'université de Tlemcen et celle de Montpellier (France), "peuvent assurer à leur tour la formation de ces éducateurs", ont souligné les participants. Le colloque international sur l'autisme en Algérie, qui a vu la présence d'universitaires de divers horizons (médecins généralistes, psychiatres, psychologues) algériens et français, a permis aux participants de s'informer sur différents aspects de l'autisme et les difficultés liées à sa prise en charge, tant les visions et les méthodes sont divergentes d'un pays à un autre. Le plus important, ont indiqué les participants, "est l'existence d'un consensus sur certaines bases", comme la précocité des interventions, la collaboration avec les parents, le maintien autant que possible des conditions de vie et d'éducation ordinaires et enfin la proposition d'un environnement pédagogique et éducatif très structuré basé sur la proposition d'objectifs précis et hiérarchisés avec une attention particulière portée à l'amélioration de la communication.
R.R.
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