Culminant à plus de 1500 mètres au beau milieu de l’Ouarsenis, la commune de Sidi Slimane incarne on ne peut mieux le renouveau rural dans lequel s’est lancé le pays ces dernières années et respire à présent la quiétude et la paix mais aussi la dynamique d’une nouvelle ère. Faisant partie des 22 communes de la wilaya de Tissemsilt, Sidi Slimane n’est assurément pas Sidi Slimane des années 90. Car ici comme dans toutes les contrées de l’Ouarsenis, on croit dur comme fer que l’histoire s’écrit désormais autrement que par la terreur, la douleur et l’isolement.A l’image de toutes les autres agglomérations de la région, réputées pour être pauvres en ressources naturelles et montagneuses à hauteur de 60% de la superficie totale de la wilaya, les affres du terrorisme ont causé d’énormes dégâts et poussé les populations à l’exil vers des cieux plus « cléments ». « Il fallait voir notre village pour croire. Il n’y avait que les fantômes ! », résume aâmi Mouloud qui se souvient avec un pincement au cœur de cette terrible épreuve. Conséquence directe de la décennie noire, les Sidi Slimane, Beni-Chaib, Lardjem, Melaab et autres Layoune, Bordj Bounaâma et Ouled Bessem vivront pendant de longues et interminables années dans un dramatique enclavement qui a eu des répercussions néfastes sur le développement local. « C’étaient des moments douloureux », commente encore le vieil homme qui ne cache pas aujourd’hui sa fierté de voir son village revivre. « Vous voyez, on a même construit une piscine », fait-il remarquer avec subtilité. Une remarque qui n’est pas innocente et par laquelle, il veut attester que l’on commence réellement ici à reprendre goût à la vie et à entrevoir l’avenir sous de meilleurs auspices. Preuve en est, ces réalisations qui fleurissent sur les flancs de l’Ouarsenis et ces chantiers de tous genre qui sont lancés en grande pompe. Et naturellement, l’espoir renaît de plus belle pour une population qui aspire à se réconcilier avec son environnement naturel qui a été, d’ailleurs, toujours le sien. « C’est la terre de nos ancêtres et nous n’avons pas d’autres attaches », estime Mouloud, un père de trois enfants, qui est revenu « chez lui » après un exil de quelques années à Boumerdès qu’il dit « forcé ». « Qui pouvait rester ici à cette époque ? En plus de l’insécurité, il n’y avait aucun moyen pour survivre », tient-il à se justifier. Aujourd’hui, il fait partie des travailleurs du chantier de la réalisation d’une retenue collinaire, sis en contrebas de l’Ouarsenis, à Tamalahet plus précisément, distante du chef-lieu de Tissemsilt d’une quarantaine de kilomètres. « Avec une capacité de 1 million de m3, ce petit barrage sera d’une grande utilité pour les populations environnantes, aussi bien pour l’alimentation en eau potable que pour l’irrigation agricole », observe un élu local en marge de la visite du ministre des Ressources en eaux qui a fait une halte dans ce chantier à l’occasion de sa visite qui l’a menée dans plusieurs communes de la wilaya.Le retour des populations et surtout leur stabilisation. C’est justement l’un des premiers objectifs que s’est assigné l’Etat quand il a décidé, une fois la paix et la sécurité retrouvées, de prendre le taureau par les cornes à travers les différentes politiques et autres programmes de développement dont a bénéficié la wilaya de Tissemsilt, notamment la stratégie nationale du développement rural qui a fait tâche d’huile et qui commence à apporter ses fruits. Etant le principal artisan de cette stratégie, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural est très apprécié ici, dans l’Ouarsenis, et le moins que l’on puisse dire est qu’il a la côte. « Il était convaincu de ce qu’il entreprenait et sa vision des choses a séduit plus d’un. Je me rappelle que lors de ses nombreuses visites, il insistait beaucoup sur cette question de la nécessité d’inciter les populations à revenir chez eux et d’y rester car, selon lui, et il avait parfaitement raison, faire revenir les gens en ne leur proposant rien comme boulot ou de revenus était inutile », nous affirme un quinquagénaire qui s’est reconverti en garde communal pour défendre, dit-il, son honneur. C’est ainsi que l’une des premières actions entreprises par l’Etat dans l’optique d’encourager les citoyens à s’installer dans l’Ouarsenis était la construction des logements ruraux. « Depuis 2005, l’on a réalisé 12.000 unités dont 50% sont achevés et habités », nous confie le wali de Tissemsilt qui soutient que le développement économique et social commence à faire son chemin.
12.000 logements ruraux pour stabiliser les populationsDès lors que la question du logement est réglée, les citoyens auront besoin des conditions idéales pour une vie décente. On pense notamment à l’emploi, à l’eau, aux voies d’accès (pistes et routes) et à d’autres commodités nécessaires. « On fait une sorte de recensement des besoins des populations rurales et là où on passe, on demande aux gens d’exprimer leurs besoins afin d’avoir une vision bien claire », explique le conservateur des forêts de la wilaya de Tissemsilt qui assure qu’il existe une dynamique réelle dans le monde rural de l’Ouarsenis. Et quoi de mieux que les projets de proximité de développement rural intégrés (PPDRI) pour redonner à cette région goût à la vie et relancer la dynamique locale. A ce propos, l’on apprend auprès de la conservation des forêts de Tissemsilt qui pilote ces opérations que pour l’année 2009, quelque 32 PPDRI ont été formulés dont 17 ont été lancés déjà alors qu’au total, 27 sont validés et confirmés. Sur les 32 projets en question, l’on compte 17 PPDRI qui ont trait au thème fédérateur (3), en l’occurrence la protection et la valorisation des ressources naturelles comme le reboisement, les projets de proximité pour la lutte contre la désertification ou encore les ouvertures des pistes. A terme et une fois l’ensemble des PPDRI sont concrétisés sur le terrain, l’impact et l’incidence sur les populations seront considérables dans la mesure où ils concernent (les projets) plus de 660 ménages pour près de 3.700 personnes éparpillées sur 30 localités de l’Ouarsenis (16 communes). En termes d’emploi, l’on prévoit rien que pour 2009 la création de 946 postes d’emploi tandis que les investissements consentis par cette trentaine de PPDRI tournent autour de plus de 40 millions de centimes.
Des PPDRI créatrices de richesses« En 2008 déjà, on a formulé 40 PPDRI dont 38 ont été validés », nous informe Haroun Abdelhamid, chef de service au niveau de la conservation des forêts de Tissemsilt qui souligne que les populations reviennent par grandes vagues dans leurs douars. Et pour l’année 2010, et dans la cadre des contrats de performances 2009 – 2014 du renouveau rural qui touche les 48 wilayas du pays, l’on table à Tissemsilt sur 31 PPDRI qui sont en cours de formulation dont plus de 60% concernent les projets de proximité pour la lutte contre la désertification. Au final, « le cahier de charges » du contrat de performance 2009 – 2014 de la wilaya de Tissemsilt fait état d’un engagement pour réaliser 193 PPDRI parmi lesquels 105 projets sont en relation avec la protection et la valorisation des ressources naturelles. Pour illustrer le renouveau rural qui se met en marche un peu partout dans le pays, un ambitieux programme de réalisation de 10.000 unités d’élevage a été lancé pour cette année de 2009 et naturellement, la wilaya de Tissemsilt n’est pas restée à travers en réalisant 555 unités dans l’apiculture dont une soixantaine sont des PPDRI (175 projets), l’élevage ovin (250 projets), l’élevage bovin (120), l’élevage caprin (10 projets) qui ont touché 19 communes et 63 localités. « Avec la contribution des centres de formation professionnels, nous avons lancé des cycles courts de formation au profit des bénéficiaires de ces projets, ce qui leur a permis d’apprendre les techniques essentielles pour la bonne marche de ces unités d’élevage », se félicite le conservateur des forêts de Tissemsilt.
De nos envoyés spéciaux à TissemsiltSid Ahmed Merabet
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