Ce pionnier de l’art moderne algérien
Le cycle de conférences initié à l’Ecole des beaux-arts d’Alger autour de l’oeuvre d’Issiakhem se poursuit avec pour prochaine destination, Azazga.
En effet, l’Ecole des beaux-arts d’Azazga abrite, jeudi prochain à partir de 9h30 une seconde conférence qui portera sur le thème du dessin et de l’illustration de presse, pour lesquels M’hamed Issiakhem a consacré une partie de sa vie. Rappelons qu’aux Beaux-arts d’Alger, il s’agissait d’aborder le contexte social et politique dans lequel a évolué l’artiste. Ces repères historiques sont essentiels pour saisir le personnage et comprendre ce qui a forgé l’homme et l’artiste qu’il fut, nous dit-on. La présence d’un témoin de l’époque constitue le dénominateur commun de ce cycle de conférences. «Point essentiel car ces témoins, de plus en plus rares, ont la particularité d’avoir côtoyé l’artiste et ont été des acteurs actifs de la période concernée. Ces conférences sont, au-delà du partage avec la population, l’occasion de recueillir ces témoignages qui seront préservés et mis à la disposition de tous par le biais de la fondation en cours de construction», affirment Djamila Kabla, une des initiatrices du projet. Aussi, fait-elle souligner, prendra part à la conférence d’Azazga Ziad Mohand Saïd alors journaliste à Alger Répbulicain, qui a côtoyé Issiakhem et Kateb. Cette conférence donnera ainsi l’opportunité aux participants d’échanges avec un acteur significatif de cette aventure journalistique. Au-delà d’Issiakhem, cette conférence rendra hommage à cet art particulier qu’est le dessin et à ceux qui le pratiquent. Pour celà, le caricaturiste le Hic et Djamal Lounis contribueront à mieux cerner cet art. «Aborder Issiakhem par le dessin de presse permet une entrée progressive dans l’univers de celui qui marquera l’art contemporain algérien. On y trouve l’essentiel de ce qui fera la particularité de l’artiste, le souci d’être intelligible par son peuple et l’engagement d’un homme soucieux de ne pas rester spectateur de l’histoire en marche», fait remarquer Mme Kabla. La conférence s’intéressera également au dessin de presse qui sert à prendre, de façon concise et la plus originale possible, le pouls de la société en relevant son actualité avec un seul coup de crayon incisif et mordant. Enfin, il sera question de l’engagement de l’artiste Issiakhem, éternellement «fidèle à ses convictions», et rompu à «ces tiraillements dans un processus complexe de construction de l’Algérie postcoloniale», toujours debout contre le silence quel qu’il soit. L’un des fondateurs de la peinture moderne en Algérie, M’hamed Issiakhem, né en 1928, est de 1947 à 1951 à Alger élève de la Société des beaux-arts puis de l’École des beaux-arts d’Alger et suit les cours du miniaturiste Omar Racim. De 1953 à 1958 il fréquente l’École des beaux-arts de Paris où il retrouve Kateb Yacine - les deux artistes demeureront inséparables. En 1958 Issiakhem quitte la France pour séjourner en RFA puis résider en RDA. En 1962, boursier de la Casa de Velázquez de Madrid, Issiakhem rentre en Algérie. Il est alors dessinateur au quotidien Alger Républicain. En 1963, il est membre fondateur de l’Union nationale des arts Plastiques, de 1964 à 1966 chef d’atelier de peinture à l’ École des beaux-arts d’Alger puis directeur pédagogique de l’École des beaux-arts d’Oran. Il illustre alors plusieurs oeuvres de Kateb Yacine. En 1967 il réalise avec lui un film pour la télévision, Poussières de juillet, en 1968 les décors du film La voie, de Slim Riad. En 1971 Issiakhem est professeur d’art graphique à l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger et crée les décors pour le film Novembre. Il voyage en 1972 au Vietnam et reçoit en 1973 une médaille d’or à la Foire internationale d’Alger pour la décoration du stand du ministère du Travail et des Affaires sociales. De 1973 à 1978, Issiakhem est dessinateur de presse. Il dirige en 1977 la réalisation d’une fresque pour l’aéroport d’Alger. Le ministère du Travail et des Affaires sociales publie à Alger une plaquette dont Kateb Yacine écrit la préface sous le titre Issiakhem, Œil-de-lynx et les Américains, trente-cinq années de l’enfer d’un peintre. En 1978 Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le Premier Simba d’Or (Lion d’Or) de Rome, distinction de l’Unesco pour l’art africain. Il meurt le 1er décembre 1985 à la suite d’une longue maladie. Il laisse une oeuvre plastique magistrale.
O. HIND
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