Un agenda très politique autour des vingt ans de la chute du mur de Berlin
[ 09/11/09 ]
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, réunis aujourd'hui à Berlin, doivent en profiter pour avancer dans le processus de désignation du futur président du Conseil européen et du futur haut représentant pour les Affaires étrangères.
KARL DE MEYER, Les Echos
DE NOTRE CORRESPONDANT À BERLIN.
Les caméras du monde entier sont aujourd'hui braquées sur Berlin, alors qu'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement viennent y célébrer le vingtième anniversaire de la chute du Mur. L'occasion pour Angela Merkel, qui vient d'être reconduite à la tête de l'Allemagne pour un deuxième mandat, de se poser en pivot de la politique européenne, après avoir tenté de se présenter en interlocuteur privilégié des Etats-Unis sur le Vieux Continent, la semaine dernière, lors de son discours devant le Congrès.
Le programme des festivités prévoit de nombreux moments forts. La chancelière Merkel doit traverser vers 15 heures le pont de la Bornholmer Strasse, l'un des premiers postes frontière ouverts en 1989, en compagnie de Lech Walesa et de Mikhaïl Gorbatchev. Daniel Barenboïm doit conduire vers 19 heures un concert en plein air devant la porte de Brandebourg. Angela Merkel, le maire de Berlin (SPD), Klaus Wowereit, et les représentants des quatre puissances alliées qui occupèrent la ville prononceront ensuite un discours, également sur la Pariser Platz. Si Nicolas Sarkozy, Gordon Brown et Dmitri Medvedev font le déplacement, c'est Hillary Clinton qui représentera les Etats-Unis, et non Barack Obama, en déplacement en Asie. Une absence d'autant plus déplorée, à la chancellerie, que le président américain ne s'est toujours pas rendu à Berlin depuis son entrée en fonction. Vers 20 heures, des dominos en polystyrène, de 2,50 m de haut, doivent tomber pour symboliser la chute du Mur. Avant que, vers 21 h 30, ne débute à la chancellerie le dîner où sont conviés les chefs d'Etat et de gouvernement.
La présence de tous les dirigeants européens doit permettre d'avancer dans le processus de désignation des deux nouvelles figures clefs instituées par le traité de Lisbonne, qui doit entrer en vigueur le 1er décembre. Au poste de président stable du Conseil européen, c'est l'actuel premier ministre belge, Herman Van Rompuy, qui fait figure de favori, devant deux autres Beneluxiens, le Néerlandais Jan Peter Balkenende et le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. On cite aussi le nom de la Lettonne Vaira Vike-Freiberga. Alors que la candidature de Tony Blair semble définitivement torpillée pour la présidence du Conseil, un autre Britannique est pressenti pour l'autre poste phare, celui de haut représentant pour les Affaires étrangères : David Miliband. Circule également le nom de l'ancien premier ministre italien Massimo d'Alema, qui a cependant estimé hier dans le quotidien « Corriere della Sera » avoir « nettement moins de 50 % » de chances. Un sommet extraordinaire devrait décider des deux nominations dans les semaines, voire les jours qui viennent.
Le 20e anniversaire de la chute du Mur s'inscrit aussi dans une séquence de relance des relations franco-allemandes. Si plusieurs capitales, comme Rome ou Varsovie, organisent elles aussi des événements de commémoration, c'est de loin Paris qui offrira à ses habitants la célébration la plus appuyée, avec un grand spectacle musical sur la place de la Concorde. Les médias allemands notent avec intérêt, voire un certain étonnement, l'ampleur de la couverture de l'événement par les médias français.
Initiatives conjointes
Après un début très difficile, en 2007 et 2008, les relations entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont réchauffées, ces derniers mois. Dans la crise, les deux dirigeants ont constaté qu'ils avaient des positions très proches dans beaucoup de domaines, comme la réglementation des marchés financiers. Et que des initiatives conjointes leur permettaient de peser au sein de forums comme le G20. L'Elysée a adressé ces derniers mois de nombreuses propositions de coopération et de partenariat à la chancellerie. Vendredi, sur Europe 1, Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, a estimé possible d'avoir en janvier 2010 un « ministre franco-allemand », qui siégerait au Conseil des ministres à la fois à Paris et à Berlin. Angela Merkel, selon la presse allemande, est moins empressée et veut se donner le temps de la réflexion. Elle accomplira toutefois un geste très symbolique dès après-demain. Pour la première fois, le chef du gouvernement allemand participera à Paris aux cérémonies du 11 Novembre. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy doivent se retrouver sous l'Arc de triomphe, une image forte qui devrait faire écho à la rencontre Mitterrand-Kohl, à l'ossuaire de Douaumont, en 1984. Gerhard Schröder, fraîchement élu, avait décliné l'invitation lancée par Jacques Chirac à participer aux cérémonies du 11 Novembre 1998.
No comments:
Post a Comment