A Alger, les patrons français tentent de s'adapter aux nouvelles règles
[ 25/11/09 ]
Laurence Parisot était hier à Alger à la tête d'une délégation de chefs d'entreprise français. Elle a évoqué avec le Premier ministre algérien les obstacles rencontrés par plusieurs projets, parmi lesquels ceux de Total et de Saint-Gobain.VERONIQUE LE BILLON, Les Echos
De notre envoyée spéciale à Alger.
L'Algérie et la France, toutes deux qualifiées, le même soir, pour la Coupe du monde de football l'an prochain, voient là un symbole utile en temps de refroidissement des relations politiques entre les deux pays.« Nous gagnons ensemble ou en tout cas en même temps »,a lancé Laurence Parisot, en visite hier à Alger, à Hamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. La veille au soir, la présidente du Medef avait donné sa feuille de route à la soixantaine de chefs d'entreprise français présents dans la délégation du Medef International.« Je suis venue dire à nos amis notre surprise sur un certain nombre de sujets, mais dire aussi à quel point nous voulons continuer à investir. »
« Relocaliser la valeur ajoutée »
Face à la chute des cours du pétrole, qui a divisé ses recettes d'exportation, et à l'envolée de ses importations (en hausse d'un tiers l'an dernier), le gouvernement a adopté une série de mesures destinées à rendre l'économie moins dépendante de son pétrole et de l'extérieur. Le tout sur fond de demande de transferts de technologies et de soutien à la formation.« Nous voulons relocaliser au maximum la valeur ajoutée dans ce pays »,résume Hamid Temmar.« Nous prenons acte de cette stratégie, nous n'avons pas à émettre de jugement mais seulement à nous adapter », est convenue Laurence Parisot. Le marché y oblige : la France reste le premier fournisseur de l'Algérie et celle-ci est son cinquième excédent, à 2 milliards d'euros ces douze derniers mois. Si la France a l'avantage de la langue, d'autres sont aux portes : des délégations patronales sont déjà venues d'Espagne, des Etats-Unis, d'Allemagne s'enquérir des nouvelles règles et la Chine s'impose comme le troisième fournisseur du pays. Les deux parties ont donc cherché hier à mesurer la détermination des uns à investir et la souplesse des autres à interpréter ses textes.« Pour qu'il n'y ait pas d'inquiétude »des investisseurs français, Laurence Parisot a surtout fait valoir au Premier ministre« qu'il fallait peut-être que deux ou trois grands dossiers bloqués se concluent ».
Cela concerne deux verreries rachetées par Saint-Gobain, mais surtout le projet pétrochimique de Total de plusieurs milliards de dollars pour lequel, souligne Francis Raatz, l'un de ses responsables,« sans aménagement, ce sera très difficile ».Total, qui n'est pas fermé à ce que son partenaire (Sonatrach) soit majoritaire, proteste contre l'obligation de réinvestir les exemptions de TVA accordées et celle de se financer en dinars (sans couverture de change). Les autres entreprises françaises vont tenter de s'adapter. Stéphane Galoustian, directeur général de Renault en Algérie, juge que la suppression du crédit à la consommation a fait plonger le marché des ventes de voitures d'un quart, dans l'attente de solution alternative. Un manque à gagner aussi pour BNP Paribas, dont la filiale de crédit à la consommation Cetelem emploie une centaine de salariés en Algérie.« Il nous reste l'encours à gérer », relativise Laurent Dupuch, son directeur général à Alger. Visiblement, le potentiel de l'Algérie reste supérieur aux contraintes.« Le problème est de rapatrier l'argent en France, mais en France le problème, c'est d'en gagner. Alors patience et persévérance », juge Rodrigue Lescaillet, président de Ramery, une entreprise de BTP. Poussée par l'Elysée à venir à Alger, alors que les réunions à haut niveau sont gelées depuis des mois, Laurence Parisot a aussi fait passer le message de l'intérêt d'une nouvelle rencontre entre Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika.
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