Google et Yahoo proposent une version light de leur accord publicitaire
Les deux groupes ont fait parvenir ce week-end aux autorités américaines de la concurrence une nouvelle version bridée de leur accord publicitaire. L'objectif est d'éviter une action antitrust.
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Google et Yahoo sont bien décidés à faire leur possible pour éviter une action antitrust. Selon le "Wall Street Journal", les deux groupes américains ont amendé leur projet de partenariat publicitaire pour en réduire à la fois la portée et la durée. Cette nouvelle version de l'accord a été envoyée durant le week-end au département américain de la Justice.
Les deux sociétés se seraient accordées pour limiter les revenus de Yahoo tirés de cet accord à 25 % du chiffre d'affaire global du portail violet sur le search. Jusqu'à présent, l'accord ne prévoyait pas de limitation en matière de chiffre d'affaires généré. La durée de ce partenariat serait par ailleurs réduite à deux ans, alors que la version originale de l'accord portait sur une décennie. Google donnera également la possibilité aux annonceurs de refuser que leurs liens sponsorisés soient diffusés sur Yahoo.
Ce partenariat publicitaire, annoncé en juin (lire Yahoo fait allégeance à Google, du l'article 16/06/2008), devait permettre à Yahoo d'utiliser la plate-forme de liens sponsorisés de Google sur une partie de son portail, afin d'optimiser sa monétisation. Cet accord, non exclusif, est censé rapporter 800 millions de dollars par an à Yahoo, qui se laisse la possibilité de signer d'autres partenariats du même type avec d'autres régies de liens sponsorisés.
En proposant de telles concessions, les deux groupes espèrent calmer les autorités américaines de la concurrence. Au début du mois de septembre, le département américain de la Justice, dont dépendent les autorités de la concurrence, a embauché le juriste spécialisé sur les situations de monopole Sanford Litvack, pour monter un dossier en vue de bloquer l'accord passé entre Google et Yahoo.
Les partenaires espèrent également rassurer les annonceurs, qui redoutent que Google et Yahoo ne s'arrogent ainsi plus de 90 % du marché de la publicité en ligne. Cette crainte a été renforcée par les déclarations de certains concurrents de Google, et Yahoo. Au premier rang, Microsoft, qui dénonçait quelques jours après l'annonce du partenariat entre ses deux rivaux une entente sur les prix et donc une réduction de la concurrence dans la publicité en ligne.
Si les deux groupes sont prêts à faire de telles concessions, c'est que ni l'un ni l'autre ne sortirait indemne d'une action antitrust. Yahoo en particulier. Avec un bénéfice net au troisième trimestre en chute de 64 % sur un an, à 54 millions de dollars, le portail a récemment annoncé qu'il allait supprimer au moins 10 % de ses effectifs, soit 1 500 personnes.
Le blocage de cet accord par l'administration américaine serait surtout un mauvais signe pour Jerry Yang, le co-fondateur et actuel PDG de Yahoo. C'est justement grâce à cet accord passé avec Google que Jerry Yang avait réussi à repousser les avances de Microsoft et rassurer une partie des actionnaires de Yahoo, favorables une cession au fabricant de systèmes d'exploitation. Le co-fondateur du portail a donc absolument besoin d'un aval des autorités américaines, même sur un accord au rabais.
Déjà, l'activiste boursier Carl Icahn, fait à nouveau parler de lui. Entré au capital de Yahoo au printemps pour tenter, en vain, de forcer la revente à Microsoft, le milliardaire (qui détient 4,3% de Yahoo) avait cependant obtenu plusieurs sièges au conseil d'administration de Yahoo. Lundi 3 novembre, celui qui fut un des leaders de l'insurrection des actionnaires contre la direction de Yahoo, indiquait sur CNBC qu'un partenariat entre Microsoft et Yahoo méritait toujours d'être étudié.
En attendant la décision finale des autorités de la concurrence, Yahoo semble déjà chercher une autre échappatoire à Microsoft. Le groupe envisagerait une fusion avec AOL (lire Yahoo et AOL étudient l'intérêt d'une fusion, du 30/10/2008). Les deux sociétés auraient engagé depuis deux semaines des discussions pour voir comment les activités d'AOL pourraient être intégrées à celles de Yahoo. Des discussions avaient déjà été engagées entre le groupe de Jerry Yang et la maison mère d'AOL en mars-avril... pour échapper à l'OPA de Microsoft.
Benoît Méli, Journal du Net
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