L’exposition 2010 est une chance pour la Chine »
Xu Bo, diplomate en charge des relations extérieures de l'Expo universelle de Shanghai depuis 2004. Propos recueillis par Anne Garrigue.
Connexions : A-t-il été difficile de remporter la nomination de Shanghai ?Xu Bo : J'ai préparé la campagne avec mon ambassadeur Wu Jiamin. J'étais dans les coulisses au moment de la victoire. Nous avons gagné un combat difficile. Moscou était candidate, le Mexique, la Pologne, la Corée du Sud aussi. Nos alliés ont été les pays du Tiers Monde et un certain nombre de pays européens. La France nous a soutenu via le fameux Club, composés par une dizaine d'entreprises françaises, notamment Carrefour, Veolia, etc. Ce qui nous a permis de gagner, c'est le statut international de la Chine, son économie émergente. Voter pour la Chine, c'était soutenir son ouverture, son internationalisation, favoriser une Chine plus transparente, lui offrir l'occasion de construire une image de Chine nouvelle et moderne.
C. : La Chine a obtenu à la fois les JO et l'exposition universelle. Ce doublon a-t-il posé problème ?X. B. : Non, car il y a des précédents dans le passé. Déjà au Japon, il y avait eu un doublon avec les JO en 1964 et l'exposition universelle d'Osaka en 1970. Même chose pour la Corée avec Séoul et Taejon et l'Espagne avec Séville et Barcelone. L'argument décisif a été l'ouverture de la Chine et le thème retenu — la ville — qui reflète la réalité du monde en développement actuel. D'après l'ONU, en 2007, la moitié de l'humanité vit en ville et l'urbanisation pose des problèmes d'environnement. Shanghai est comme une fenêtre ouverte sur la Chine et illustre bien ce mouvement d'urbanisation. Simple village de pêcheurs en 1843, elle est devenue, en un siècle et demi, une mégalopole de 20 millions d'habitants. Notre Expo est devenue très emblématique, touchant ainsi un défi bien réel de l'humanité.
C. : Combien de pays participent ?X. B : A ce jour, nous avons recruté 173 pays et 33 organisations internationales. C'est du jamais vu dans l'histoire. Hanovre avaient attiré 155 pays et 17 organisations.
C. : L'exposition est–elle destinée avant tout au public chinois ? Attendez-vous beaucoup de visiteurs étrangers ?X. B. : C'est effectivement une Expo chinoise, la majorité des visiteurs seront chinois. Mais nous attendonsquand même entre 5 et 10% de visiteurs étrangers. Tous les ans, 5 millions d'étrangers visitent Shanghai. Avec l'Expo, nous accueillerons en particulier beaucoup de visiteurs asiatiques, notamment les Japonais et les Coréens, très friands d'expositions universelles.
C. : Quel message voulez vous faire passer à travers l'exposition?X. B. : L'exposition est une plate-forme de coopération internationale, à même de véhiculer l'image d'une Chine ouverte et moderne. Nous voulons utiliser cette Expo pour faire un bilan du mouvement d'urbanisation mondiale et essayer de lui donner une sorte d'orientation. Les Chinois vont en bénéficier énormément, et le reste du monde aussi, car nous sommes tous confrontés à ces défis. Par conséquent, le message de cette Expo est simple, il faut modifier notre façon de construire la ville, il faut éduquer nos consommateurs en leur disant que nos ressources planétaires ne sont pas prêtes à soutenir tant de monde en ville…
C. : Les Shanghaïens sont-ils prêts ?X. B. : Oui, ils sont prêts depuis la victoire du 3 décembre 2002. Pour eux, c'est un immense bonheur. A Shanghai, presque toutes les institutions municipales sont partie prenante dans l'organisation de l'Expo, via la Commmision Exécutive de l'Expo 2010. Le 8 septembre prochain démarre le compte à rebours : moins 600 jours. Nous mobiliserons la population pour lui faire comprendre que l'élégance, la politesse et la propreté sont dorénavant l'image de Chine.
C : Pouvez-vous nous parler du site de l'exposition et de son budget ?X. B. : Ce site est en plein centre-ville, de part et d'autre de la rivière Huangpu. 18 000 familles y vivaient. 50 000 ouvriers y travaillaient dans 272 usines d'industries lourdes (aciéries, chantiers navals, des industries polluantes). Ces familles ont été relogées. Elles ont pu passer de logement de 30 m2 à des logements de 80 m2 à moins à 20 km du centre ville. Shanghai se veut une ville de services. Grâce à l'Expo, entre autres, les lignes de métro vont dépasser les 400 kilomètres en 2010, et la capacité d'accueil de l'aéroport de Pudong et de Hongqiao va atteindre 87 millions de personnes par an. Quant au budget de l'Expo, il s'élève grosso modo à 2 milliards d'euros pour le déménagement et la construction et 1 milliard pour l'opération. Si vous comptez les investissement en dehors du parc de l'Expo, notamment dans les infrastructures de la ville, le budget sera 10 fois plus important.
C : Ces pavillons vont-ils subsister après l'exposition ?X. B. : Les règlements internationaux du BIE interdisent de conserver les pavillons. Toutefois un certains nombre de pays (France, Italie…) ont manifesté le souhait que leur pavillon soit pérennisé. Nous avons pris note de ces demandes. L'usage de ces pavilions après l'Expo fera l'objet de négociations bilatérales, dont la compétence relève d'autres autorités que celles en charge de l'organisation de l'Expo. Mais nous pensons qu'il est toujours bon de garder certains pavilions sur le site, en mémoire d'un rendez-vous planétaire à Shanghai. Nous envisageons donc une solution qui consisterait à faire choisir aux visiteurs et à un jury spécial les meilleurs pavillons destinés à rester. Si 70 millions de visiteurs le veulent et si le jury international y est favorable, certains des pavillons primés resteront chez nous. Ces pavillons doivent être fabriqués à partir de matériaux qui respectent l'environnement et avoir un caractère national prononcé. Par ailleurs, ils seront déplacés pour être concentrés autour de la zone A qui abritent les grands pavillons asiatiques. Ce déplacement sera nécessaire pour optimiser l'utilisation de l'espace après l'Expo.
C. : Que deviendra globalement le site après l'exposition ?X. B. : L'exposition universelle est une étape dans une politique globale d'urbanisation. Shanghai sera sans aucun doute une ville culturelle de premier rang. Le Bund, symbole du Shanghai des années 30, la Tour de la Perle d'Orient, symbole de l'ouverture et de la réforme de Shanghai à la fin du XXe siècle, seront remplaçés. Le site de l'Expo deviendra l'emblème du Shanghai du XXIe siècle. Ici, sur 528 hectares, le long le fleuve Huangpu, vous trouverez un tiers d'espaces verts et le plus grand centre artistique de Chine, voire de l'Asie. « Une meilleure ville, pour meilleure vie ».
Pour en savoir plus sur ce dossier, le site de la Chambre de Commerce : http://localsite.ccifc.org/fr/publications/connexions.php
2 - L’université de Tongji, laboratoire urbain
Shanghai
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