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Friday, August 26, 2011

Algerie réserves de change placées aux Etat-Unis et en Europe

Algérie. La nécessité d’un débat national sur les152 milliards de dollars de réserves de change placées aux Etat-Unis et en Europe
Il était donc temps que les autorités algériennes réagissent afin d’éviter une certaines désinformation nuisible aux intérêts supérieurs du pays. La démocratisation de la décision économique et politique est devenue une urgence de l‘heure. Le débat sur les réserves de change qui n’est pas un secret défense comme veulent nous le faire entendre certains technocrates ou politiqués cultivant le culte du secret pour plus de pouvoir, qui n’ont pas fait leur mutation intellectuelle, vivant encore à l’ère du parti unique des années 1970, feignant d’ignorer la révolution du monde des télécommunications.
Ce débat engage l’avenir de toute la population algérienne et renvoie forcément au débat sur la durée des réserves des hydrocarbures puisque ce montant dépend à plus de 98 % de ce segment et d’une manière générale de la future trajectoire du développement national au sein d’un espace de plus en plus mondialisé.
Le gouverneur de la banque d’Algérie reprenant nos analyses largement publiées tant dans la presse officielle que la presse indépendante algérienne et internationale, note avec justesse qu’« il ne faut surtout pas confondre excès de réserves de change et excès de richesse, car le premier représente tout simplement l’épargne publique alors que la richesse économique provient de l’investissement ».
Pour le gouverneur de la Banque d’Algérie les réserves de change de l’Algérie étaient de 162,2 mds USD fin 2010, contre 148,9 mds USD à la fin 2009 et environ 98% de ces placements, répartis entre les Etats-Unis et l’Europe, sont effectués en portefeuille de titres souverains (valeurs d’Etat) que l’Algérie avait achetés entre les années 2004 et 2007. Ces placement des réserves de change à l’étranger ont rapporté 4,60 milliards de dollars en 2010, contre un rendement de 4,74 milliards de dollars en 2009, de 5,13 milliards de dollars (mds USD) en 2008, de 3,81 mds USD en 2007 et de 2,42 mds USD en 2006. Ces titres sont soumis à un taux d’intérêt moyen fixe de 3% en 2010, un rendement légèrement inférieur à celui de 2009 et 2008. Et contrairement aux années précédentes où les dépôts constituaient 20% des placements de l’Algérie à l’Etranger, 2% seulement des réserves de change sont actuellement déposées dans des banques.
Suite à ces informations stratégiques il faut en déduire toutes les conséquences. Avoir un rendement de 4,60 milliards de dollars pour un taux d’intérêt de 3% ( tout juste le taux d’inflation mondial actuel 2010/2011 soit un rendement presque négatif ) suppose que l’Algérie a placé non pas à court terme mais à moyen et long terme en 2010 un montant de 152 milliards de dollars, soit 152 sur 162 y compris les réserves d’or, soit 93% de ses réserves de change.
D’une manière générale si le stock est en principe garanti par les Etats- à moins d’une faillite généralisée de toute l’économie mondiale ou d’une grave crise politique en Algérie ce qui entrainerait le gel des avoirs algériens à l’étranger- cela pose néanmoins le problème des rendements, le taux d’intérêt étant de plus en plus élevé si les placements se font à moyen et long terme, afin de couvrir le taux d’inflation mondial.
Pour ceux à moyen terme, le retrait avant terme entraine une perte pour l’Algérie du fait de la décote sur le marché libre et de la perte des intérêts pour non respect du contrat. Et il est préférable d’attendre le terme actuellement avant de prendre une décision hâtive. Ce qui n’est pas le cas pour les placements des avoirs algériens dans les banques privées dites AAA, qui ont été décotées. En cas de difficultés bancaires, si ces banques ne sont pas soutenues par leur Etat, il y a un gros risque perte sèche pour l’Algérie.
Comme on le constate, le problème est complexe et un grand débat national s’impose. On ne joue pas avec la monnaie rapport social traduisant la confiance ou la méfiance Etat-citoyens. Mais, le vrai débat qui dépasse largement l’aspect monétaire, est de relancer la sphère réelle afin de créer des emplois créateurs de valeur ajoutée et ainsi diminuer les tensions sociales pour une population qui passera de 36 millions d’habitants en 2011 à 50 millions dans 25 ans, dans une Algérie sans hydrocarbures-entendu en termes de rentabilité financière. Il est impératif par conséquent de réaliser la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, ce qui implique le lancement de profondes réformes politiques, économiques et sociales fondées sur une meilleure gouvernance et un Etat de droit. C’est un débat essentiel et tratégique pour le devenir de l’Algérie.
Professeur Abderrahmane MEBTOUL, économiste
Algerie-Focus

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